Dans ce contexte, le présent rapport établit un diagnostic de la situation de l’économie numérique en Guinée, s’appuyant sur la méthodologie de l’Economie numérique pour l’Afrique (DE4A)2. Puisant dans une vaste recherche documentaire, des missions exploratoires et des entretiens avec une large gamme d’entités gouvernementales et d’autres parties prenantes, l’évaluation se concentre sur cinq domaines fondamentaux de l’économie numérique, à savoir l’infrastructure numérique, les plateformes publiques numériques, les services financiers numériques (SFN), l’entrepreneuriat numérique et les compétences numériques.

Le rapport cherche à mettre en lumière les opportunités pour développer davantage l’économie numérique de la Guinée en mettant l’accent sur les politiques qui pourraient aider le pays à combler la fracture numérique et renforcer sa résilience aux crises, telle
que celle de la COVID-19. Des recommandations pratiques et traductibles en actions sont avancées dans le but d’éclairer les décisions, combinant des possibilités de réforme politique à des interventions d’appui direct.

Malgré ses atouts importants, la Guinée reste frappée par la pauvreté et son économie numérique est encore à un stade embryonnaire, laissant le pays mal préparé à faire face à une réalité mondiale qui s’établit rapidement, à savoir une place grandissante du numérique dans les interactions économiques et personnelles.

Malgré ses abondants atouts naturels, notamment des réserves minières (fer, bauxite, or, diamant, pétrole, uranium), un potentiel hydroélectrique et une situation côtière stratégique qui permet à la Guinée de bénéficier d’un accès direct aux câbles sous-marins à fibre optique passant le long des côtes (la Guinée est actuellement connectée au câble Africa Coast to Europe – ACE et pourrait bénéficier à l’avenir d’une connexion à des câbles additionnels), la croissance du revenu par habitant a été en moyenne de 2,9 pour cent par an sur la période 2007-20193, tandis que le niveau de pauvreté est estimé à environ de 43,74 pour cent en 2019.

L’accès aux services de base, essentiels au développement économique général et à la transformation numérique, pourrait être amélioré : l’accès à l’électricité est de 44 pour cent au niveau national et atteint 19,7 pour cent en milieu rural5. Près de 60,46 pour cent de la population est analphabète et un tiers des enfants guinéens de moins de cinq ans présente un retard de croissance.

Par ailleurs, les carences de l’environnement des affaires et une incertitude réglementaire, limitent le développement du secteur privé. Dans ce contexte, les fondements de l’économie numérique de la Guinée, en particulier la connectivité haut débit et les compétences numériques, sont jugés comme n’étant pas
suffisamment solides, bien que des poches d’excellence aient émergé, comme en témoigne la croissance exponentielle de l’utilisation de l’argent mobile récemment observée.

Le Gouvernement de la Guinée (GdG) est conscient de l’importance d’une transformation en faveur de l’économie numérique. Conformément à son Document de politique et de stratégies nationales de développement des technologies de l’information et de la communication pour la période 2016-2020, le GdG cherche à promouvoir le développement de l’écosystème numérique pour faire des TIC un moteur du développement économique et social de la Guinée7 par : (i) la création des conditions du développement de l’économie numérique ; (ii) le développement de la connectivité et des services numériques sur l’ensemble du territoire ; et (iii) la mise des TIC au service du développement économique et social. Le GdG est encouragé à actualiser cette stratégie et la présente étude diagnostique contribue à cet effort d’élaboration d’un nouveau document stratégique global pour la transformation numérique de la Guinée.

Les principaux défis dans le domaine de l’infrastructure numérique en Guinée ont trait à la faible accessibilité physique et financière et à la qualité du haut débit, ainsi qu’à la faible application des réglementations sectorielles et aux restrictions à la participation du secteur privé. Bien que le cadre juridique et réglementaire de l’infrastructure numérique en Guinée soit globalement en cohérence avec les pratiques d’excellence internationales, sa mise en œuvre continue de poser des défis dans la mesure où de nombreuses dispositions restent encore à mettre en œuvre ou à opérationnaliser. De plus, la réglementation asymétrique pour protéger les petits opérateurs indépendants n’est pas
suffisamment développée.

Le marché du haut débit fixe en est encore à ses balbutiements, et le marché de la téléphonie mobile reste dominé par Orange Guinée qui fait concurrence à MTN Guinée et Cellcom Guinée. Le développement de l’infrastructure de dorsale nationale a été coûteux et n’a pas assez bénéficié de la participation du secteur privé. Dans ce contexte, l’accessibilité physique et financière et la qualité du haut débit restent faibles et ne facilitent pas le développement du secteur.

La pénétration du haut débit fixe et mobile est inférieure aux moyennes mondiales, tandis que le coût élevé des forfaits Internet sur mobile et sur ordinateur place la Guinée respectivement à la 143e et la 151e places sur 181 pays dans l’analyse de l’UIT de ces deux indicateurs. Dans l’ensemble, le pays obtient de faibles scores aux principaux indices internationaux relatifs à l’infrastructure numérique : à l’indice de connectivité Internet mobile de la GSMA, la Guinée se place au 32e rang sur 39 pays analysés en Afrique subsaharienne (ASS) en 2019, avec un score très faible de 29 sur 100. La pandémie COVID-19 en cours exerce une pression supplémentaire sur l’infrastructure numérique du pays, et il reste encore un fort écart hommes/femmes en matière de numérique.

Les plateformes publiques numériques sont encore sous-développées, étant donné que la plupart des initiatives restent institutionnellement fragmentées et insuffisamment coordonnées, non interopérables et limitées en teneur et en portée. Il est important de noter que les systèmes d’identification sont fragmentés et que la couverture en matière d’enregistrement des naissances reste faible, ce qui empêche l’accès aux services de base. Le GdG mène actuellement des efforts critiques (soutenus par le projet régional d’identification unique pour l’intégration et l’inclusion régionales en Afrique de l’Ouest (WURI) financé par la Banque mondiale) pour accroitre le nombre de personnes ayant une preuve d’identité unique reconnue par le Gouvernement afin de faciliter leur acces…

SOURCE ; Diagnostique à 360 degré de l’économie numérique en Guinée par l’initiative digital economy for Africa. Rapport accessible ici worldbank.org/en/programs/al