La démocratie guinéenne tue les Guinéens.
La démocratie guinéenne divise les Guinéens.
La démocratie guinéenne détruit les biens des Guinéens.
La démocratie guinéenne détruit les édifices publics de la Guinée.
La démocratie guinéenne a rendu des Guinéens insolents, belliqueux, corrompus, inciviques.
La démocratie guinéenne est devenue encombrante et préoccupante pour le voisinage et la communauté internationale.
La démocratie guinéenne est plus nuisible que la Révolution guinéenne tant décriée.
La démocratie guinéenne est une honte qui ne fait pas honneur aux résistants à la colonisation et aux pères fondateurs de la République.
La classe politique guinéenne, toutes tendances confondues, est irresponsable en ce sens que la base et la vision de tous les leaders reposent sur la communauté et le gâteau (l’argent public) à partager le cas échéant.
Notre démocratie est sur une pente très dangereuse.
Quelle est la solution qui sied pour l’instauration d’une véritable démocratie dans la paix ?
Je propose ce que le plus analphabète des Présidents Guinéens a proposé au peuple de Guinée en 1990 : LE BIPARTISME.
Il faut être hypocrite pour nier l’ethnocentrisme et le communautarisme qui caractérisent nos formations politiques depuis l’instauration de la démocratie.
Il faut être hypocrite pour nier le fait que les Peuls, les Malinkés, les Soussous, les Kissis, les Guerzés et les autres ethnies qui leur sont affiliées votent globalement pour le ou les candidats de leurs communautés.
Nous faisons mauvais usage du réflexe socio-centriste  naturel qui caractérise tout homme.
Le mauvais usage de ce réflexe donne aux leaders politiques le sentiment de réduire la nation, chacun à sa communauté et de se croire capable de conquérir ainsi le fauteuil présidentiel. Chacun d’eux contribue à l’effritement de la nation.
Une fois au pouvoir, les bénéfices de la gestion de la République, sont orientés à la communauté et au club d’affairistes, de clientélistes et autres opportunistes. D’ou l’institutionnalisation de la mal gouvernance dans l’administration et même dans les forces de défense et de sécurité.
Il en était ainsi, hier, avec le pouvoir du PUP.
Il en est ainsi, aujourd’hui, avec le pouvoir du RPG Arc-en-ciel.
Il en sera ainsi, demain, avec tout autre parti politique qui accédera au pouvoir.
Les mêmes experts et architectes de ce système seront là, à côté des nouveaux pouvoirs auxquels ils sauront s’adapter pour en devenir les nouveaux cerveaux pensants.
C’est cela le mal de notre Guinée.
À cette allure, l’horizon continuera de s’assombrir pour notre démocratie qui refuse de s’accommoder aux vertus cardinales dictées par Charles Louis De Secondat, Baron de la Brède et de MONTESQUIEU.
Nous n’avons pas besoin d’experts internationaux pour réfléchir et bâtir un modèle, adapté ou innovant, de démocratie tenant compte de notre sociologie et de notre passé politique, hélas tumultueux et parfois lugubre.
Cela m’emmène à faire un choix entre le MULTIPARTISME et le BIPARTISME.
De ma réflexion, je relève 2 types de multipartisme :
1) LE MULTIPARTISME LATIN, incarné par le modèle français que les Francophones africains dont la Guinée s’entêtent à copier et à coller, avec des résultats plus ou moins tragiques que nous enregistrons partout.
Ce modèle a fait des centaines, voire des milliers de morts, et même entraîné la guerre civile : les deux Congo, Madagascar, le Niger, la Centrafrique, le Gabon, les Comores, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Cameroun ont tous enregistré des instabilités avec des confrontations sur des bases ethniques, tribales, régionales et autres formes communautaires.
Vous remarquerez que tous ces pays sont des anciennes colonies françaises qui ont adopté le modèle français de démocratie.
Ils ont tous été sommés de s’y accomoder à la suite de la conférence de la Baule de 1990.
C’est comme si on obligeait des personnes à consommer des plats européens avec cuillère, fourchette et couteau à des personnes qui sont habituées à consommer à la main le Lafidi, le foufou et l’attièckè.
Là conséquence, vous la devinez.
C’est malheureux que les intellectuels francophones d’Afrique n’aient de référence que la seule France : régime présidencialiste et multipartisme politique et syndical intégral et anarchique.
2) Puisque nous tenons au multipartisme ouvert, il y a LE MULTIPARTISME GERMANIQUE qui pourrait être une autre source de réflexion pour bâtir notre modèle.
Cela suppose un type de régime parlementaire, avec un parlement fort et un exécutif incarné le parti ou la coalition de partis au pouvoir.
La configuration géographique et sociologique ainsi que l’histoire politique de notre pays seraient compatibles à cette forme de régime politique.
Ici, ce n’est pas un Président Super fort.
C’est un Parlement puissant et un Chef de gouvernement incarnant l’exécutif.
N’oublions pas que la grandeur de nos formations politiques est proportionnelle à l’importance numérique de nos communautés.
L’autre piste de réflexion porte sur LE BIPARTISME. (Deux Partis politiques seulement).
Le bipartisme proposé par le Général Lansana Conté en 1990 a été rejeté par les principaux leaders politiques, avec le soutien de la communauté internationale.
La raison est simple.
Chacun des ténors de l’époque était persuadé d’être porté par sa communauté à la magistrature suprême de la Guinée : Bah Mamadou, Alpha Condé, Siradiou Diallo et Jean Marie Doré notamment.
Alors que, unis autour de l’un d’eux, Lansana Conté aurait battu sans coups férir.
Voilà comment le multiculturalisme intégral a profité au Général Lansana Conté jusqu’à sa mort, malgré les violences et les violations qui ont émaillé chacune des échéances électorales.
Il en sera ainsi avec le Président Alpha Condé tant que l’opposition est divisée.
Et, l’opposition sera toujours divisée en Guinée, parce que les partis politiques sont commautaristes. Même ceux qui sont au pouvoir.
Ceux-là doivent leur transversalité à l’exercice du pouvoir, avec les très opportunistes militants de la 25ème heure souvent fanfarons et démagogues.
LE BIPARTISME qui est le premier choix de ma réflexion est inspiré des modèles anglais, américain et nigérian.
Il s’agit d’institutionnaliser 2 Partis politiques :
UN PARTI D’OBÉDIENCE LIBÉRALE, regroupant tous les Guinéens qui prônent le libéralisme en tant que courant de pensée  idéologique et économique ;
UN PARTI D’OBÉDIENCE SOCIAL-DEMOCRATE, regroupant ceux qui prônent le socialisme moderne et réformateur.
Une procédure peut être indiquée, permettant le mode de création de ces partis à la base et l’organisation des primaires aux différents échelons pour chacune des deux formations.
À partir de là, les Guinéens feront la politique autrement, sur la base des programmes énoncés et réalisés.
Chacun choisira et votera pour le Parti politique qui incarne son bien-être.
Il y aura peu de chance pour l’ethnocentrisme.
Le pouvoir en place ne sera plus supposé être au service d’une communauté.
Il y aura moins de favoritisme communautaire dans la gouvernance administrative, Économique et financière.
L’Etat fera valoir son autorité avec une justice équitable et des FDS plus républicaines.
Aucun Président élu, aucun leader du Parti adverse ne pourra plus jamais s’appuyer sur sa communauté pour conquérir ou conserver le pouvoir.
Je soumets cette réflexion à la sagesse de tous les intellectuels de notre pays.
Il ne s’agit pas d’intellectuels qui courent pour des postes de responsabilité.
Il s’agit d’intellectuels qui sont soucieux de l’avenir de la Guinée et du devenir de ses fils.
À tous, bonne lecture et bonne réflexion.
Ibrahima Jair KEITA pour GCO
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