Le Wassoulou (Wassulu, Wassalou, Ouassalou) est un vaste territoire Peul, occupé Jadis par des bambaras. C’est une région du sud-ouest du Mali, du nord-est de la Guinée et la zone ouest de la rivière Sankarani et du sud du fleuve Niger au Mali et de la Côte d’Ivoire.

En Guinée, le Wassoulou, peuplé de peuhls wassoulounkés est principalement situé dans les préfectures de Kankan, Kérouané, Beyla (dans Sinko), Siguiri et Mandiana. Traditionnellement les Peuls du Wassoulou se reconnaissent par leurs patronymes : Diallo, Diakité, Sidibé et Sangaré. Selon la tradition orale, rapportée par l’historien Guinéen Aly Gilbert Iffono, dans son lexique historique de la Guinée-Conakry : le wassulu aurait été fondé par une vague de Peul conduite par Kali Diallo secondé par son frère Pathé Diallo, en provenance du Fouta-Djallon. Ces Peuls auraient demandé asile auprès du chef Mandinka, Djéli Fatamba Konaté, de Naréna, qui trouva l’occasion propice pour consolider son pouvoir et attaquer son puissant voisin Solon, chef des Bambara. Djali fatamba convia les nouveaux venus à se diriger chez solon, d’où l’expression maninka « Ayewa Solon baraé », c’est-à-dire « Allez chez Solon ». Cette contraction donna Wassolon.

Les Wassoulounkés, des peuls sédentarisés qui ont adopté la langue Malinké, sont des éleveurs et surtout des habiles agriculteurs ; dont l’ardeur et le soin qu’ils apportaient aux champs ont frappé René Caillé : « ce sont des vrais laboureurs qui travaillent pour avoir une belle et abondante récolte…Je prenais un bien grand plaisir à regarder leurs belles cultures : ils font de petits tas de terre pour mettre les pistaches et les ignames ; ils les arrangent avec gout, tous à la même hauteur et bien alignés. Le riz et le mil sont ensemencés dans les terres labourées en sillons… Lors des premières pluies, ils sèment autour de leurs petites habitations et lorsque le maïs est en fleur, ils mettent du coton parmi les tiges… » .

Les Wassoulounkés ne sont que des populations peuls assimilés, « absorbées » par les malinkés sur le plan linguistique et culturel. D’aucuns ont tendance à les compter parmi les malinkés vu le métissage avec ces derniers. L’écrivain (auteur, compositeur) Julien Comtet s’est posé la question suivante, comment cette ethnie Peul des Wassoulounkés a-t-elle pu autant se dissoudre au point de devenir similaire à celle des voisins mandingues ? Selon ce dernier il y a trois explications distinctes et concordantes:

-Le métissage par le biais des mariages au fil des générations a fait que les peuls wassoulonkés ont perdu l’apparence physique des Peuls.Bon nombre d’hommes peuls ont épousé des femmes malinkés. Tandis que les hommes travaillaient à l’extérieur, les femmes restaient à la maison pour s’occuper des tâches ménagères et l’éducation des enfants. Elles ont communiqué avec ces derniers avec leur langue maternelle et petit à petit ils ont été plus à l’aise aux langues mandingues qu’à leur langue patriarcale. Suite à cette extinction progressive, la langue Peul n’est plus parlé aujourd’hui par les wassoulounkés.

-D’après certains, la langue Peul s‘est perdue à l’époque du conquérant Samori Touré. Afin de soumettre facilement les Wassoulounkés, il leur avait interdit la pratique de la langue peule sous peine de mort.

-Certains clans malinkés soumis par les peuls ont adopté des patronymes de leurs maîtres (Sangaré, Diallo, Sidibé et Diakité).

Mais d’autres sources parlent de tout autre version sur l’adoption de ces quatre noms. En effet dapres celle ci cest moment où les arabes venaient faire du commerce en Afrique: les échanges. Au cours de ses voyages, un commerçant arabe se serait marié avec une femme en Afrique. Le couple aurait eu un enfant. Après son séjour, le commerçant arabe serait rentré, laissant l’enfant avec la maman. L’enfant ayant grandi, il aurait demandé l’autorisation avec sa mère d’aller chercher son père, donc dans les pays arabes. Malheureusement, ses recherches ne lui auraient pas permis de retrouver son père. Il serait revenu résider en Ethiopie où il se serait marié avec une peuhle. Le Couple aurait eu quatre enfants: le premier s’appellerait Diallo, le second Diakité, le troisième Sidibé et le quatrième Sangaré. En ce moment, ce ne serait pas des noms de famille, mais des prénoms comme Adama, Moussa, Siaka. Mais, comme chez les peuhls le nom de famille est le prénom de leurs pères, alors les descendants de ces quatre fils auraient pris comme nom de famille, le prénoms de leurs pères comme Amady Diallo, Sidy Diakité, Aly Sidibé, Ousmane Sangaré.

HYMNE DU WASSOULOU

« Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes plus valeureux.
Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes plus courageux.
Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.
Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes.
Si tu ne peux protéger le peuple et braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes, qui t’indiqueront le chemin de l’honneur.
Oh Fama ! Le peuple te fait confiance, il te fait confiance parce que tu incarnes ses vertus. »
Voilà des exigences du peuple à travers les griots vis-à-vis du Roi Almamy Samory Touré, qui ne seraient pas de trop, gravées, en lettres d’or, dans les bureaux de bien des chefs d’Etat actuels.

Références:

Ibrahima sidibe, chercheur – Historien.

Devey Malu Malu Muriel, La Guinée, Karthala, 308 pages (25 Mai 2009)

Aly Gilbert Iffono, Lexique historique de la Guinée-Conakry, l’Harmattan, 1992 – 234 pages

Julien COMTET, Mémoires de djembéfola, l’Harmattan, Études africaines, mai 2012, 282 pages.

Khalil Djafounouka KABA