Selon les prévisions de Statista et de Fortune Business Insights, le nombre d’objets connectés dans le monde devrait dépasser les 29 milliards d’ici 2030 et le marché mondial de l’Internet des objets devrait passer d’environ 662 milliards de dollars en 2023 à 3 353 milliards de dollars en 2030.
Cet essor rapide des objets connectés a créé une abondance de choix pour les consommateurs. Cependant, la profusion d’objets connectés peut paradoxalement engendrer un sentiment de confusion. En effet, il devient difficile de s’y retrouver parmi de plus en plus d’options disponibles sur le marché. Nous nous sentons parfois comme un enfant dans un magasin de jouets géant, submergé par la multitude de choix qui nous sont offerts.
Quel objet connecté choisir parmi cette multitude de possibilités ? Lequel correspond réellement à nos besoins et à nos valeurs ? Lequel apporte une véritable valeur ajoutée et lequel relève du « gadget » ? Face à cette surabondance de l’offre, le phénomène de désengagement du consommateur se fait sentir, comme nous le relevons dans un travail de recherche récent.
Guider le consommateur
Notre étude propose ainsi une taxonomie pour catégoriser les objets connectés en fonction de l’amélioration de l’expérience utilisateur et de leur pertinence pour des usages effectifs. Cette taxonomie peut guider les consommateurs vers des choix appropriés et à aider les entreprises à naviguer dans ce paysage en constante évolution.
Trois catégories distinctes des objets connectés grand public émergent de nos analyses :
1. « Objets connectés tels que conçus »
Dans cette catégorie, les objets connectés sont utilisés conformément à leur conception initiale. Bien que ces objets offrent des fonctionnalités technologiques plus ou moins avancées, leur potentiel d’appropriation par les consommateurs reste néanmoins limité. Ces derniers tendent à reproduire les usages qu’ils maîtrisent déjà sur leurs autres appareils mobiles et à personnaliser ces objets selon les intentions des concepteurs.
Les thermostats intelligents constituent des exemples pertinents de cette catégorie. Ils sont conçus pour réguler automatiquement la température d’une maison en fonction des habitudes de vie de l’utilisateur. Bien que ces thermostats connectés offrent des fonctionnalités avancées d’optimisation énergétique, la plupart des utilisateurs les utilisent pour régler simplement la température. Autre exemple : les ampoules intelligentes qui permettent de régler l’éclairage en fonction de l’ambiance recherchée mais dont les fonctionnalités ne sont pas toujours exploitées par les usagers.
Pour cette catégorie d’objets connectés, il est recommandé aux professionnels de laisser une marge de manœuvre permettant aux clients potentiels de disposer de davantage d’options pour intégrer l’objet connecté à leur quotidien. Proposer des objets connectés ajoutant de nouvelles fonctionnalités à des objets familiers facilite en effet une utilisation pérenne.
2. « Objets connectés tels que co-créés »
Dans cette catégorie, les usages résultent d’une cocréation entre concepteurs et utilisateurs. Leur fonctionnalité offre une gamme de solutions technologiques permettant une participation active des utilisateurs à la création d’expériences. Le potentiel d’appropriation par les consommateurs est élevé, grâce à des expériences enrichies par la haute technologie et habilitées par des fonctionnalités sophistiquées.
Les solutions de domotique modulaires constituent des exemples emblématiques de cette catégorie. Elles permettent aux utilisateurs de configurer et d’automatiser leur environnement domestique en fonction de leurs préférences et besoins individuels. Les objets connectés basés sur des plates-formes de développement d’Internet des objets comme Arduino ou ESP32 offrent par exemple une grande flexibilité aux utilisateurs en offrant une expérience utilisateur hautement personnalisée et technologiquement avancée.
[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]Cette catégorie est cruciale pour les professionnels du marché des objets connectés destinés au grand public. Ils doivent considérer ces objets comme des composants informatiques ouverts nécessitant des mises à jour régulières pour optimiser les services. Avec l’ajout d’une connexion réseau, ces objets du quotidien deviennent des mini-ordinateurs, transformant les stratégies de développement de produits sur la base des usages les plus répandus chez les clients. Les fabricants doivent ainsi travailler sur un cycle d’évolution court et élargir régulièrement les possibilités de leurs produits pour favoriser la création de valeur grâce à la participation active des utilisateurs dans la co-création d’expériences.
3. « Objets connectés créés par soi-même »
Dans cette catégorie, les objets connectés sont utilisés tels que créés par les utilisateurs. Leur potentiel d’appropriation est élevé, bien que les expériences soient assistées par des capacités technologiques moins avancées. Cette catégorie inclut les objets connectés les plus simples fournissant des informations de base.
Par exemple, les kits de capteurs de l’air ambiant offrent la possibilité de mesurer des paramètres tels que la qualité de l’air, la température ou l’humidité. Les utilisateurs peuvent ensuite exploiter ces données pour surveiller leur environnement domestique ou professionnel de manière personnalisée.
Les managers des points de vente sont ici encouragés à présenter des vidéos ou des messages publicitaires illustrant les diverses applications de ces objets dans différents contextes d’usage. Cela permet aux clients potentiels de créer des usages personnalisés dans leur quotidien.
Innover de manière responsable
En cette ère des objets connectés, il faut dépasser la surabondance d’options en adoptant une approche réfléchie et responsable de l’innovation, d’autant plus que leur fabrication et leur usage génèrent un impact environnemental important. La création des objets connectés centrés sur l’utilisateur, respectueux de l’environnement et sécurisés repose sur la collaboration entre les parties prenantes dans les secteurs concernés et la transparence avec les consommateurs.
Les entreprises doivent donc jouer un rôle proactif en proposant des produits connectés durables et en s’assurant que leurs objets connectés respectent la vie privée des utilisateurs et minimisent leur empreinte environnementale en utilisant des matériaux recyclables, en favorisant la réparation plutôt que le remplacement.
En adoptant une approche centrée sur l’utilisateur et intégrant les principes d’éthique et de durabilité dans leurs stratégies d’innovation, les entreprises peuvent s’assurer que leurs produits connectés répondent aux besoins réels des consommateurs, ce qui favorise leur appropriation et leur utilisation à long terme en créant un écosystème durable.