L’arrivée à Kounsitel depuis le 4 juin 2021,  dans la préfecture de Gaoual de près de dix mille personnes en provenance de toutes les régions de la Guinée, et même des pays de la sous-région, dans un contexte de double crise sanitaire (Covid-19 et résurgence Ébola) pose des défis réels au gouvernement guinéen qui se doit d’aborder avec pragmatisme et rationalité cette crise migratoire et éviter absolument de surfer la-dessus politiquement. L’autorité de l’État doit prévaloir sur l’anarchie, car même les exploitations minières artisanales sont régies par des lois et règlements de la République.

Dans la folie meurtrière de la ruée vers l’or qui s’est emparée des Guinéens, les règles de base les plus élémentaires en matière de gestes barrières, pour éviter la propagation du covid-19, ont été foulées au sol. Des milliers de personnes se sont transportées dans des convois côte à côte, et se sont retrouvées au même endroit, les unes entassées sur les autres. Ce qui suppose que si les choses reviennent à la normale, l’ANSS devrait immédiatement se déployer sur le terrain, pour proposer à ces chasseurs d’or, des test PCR et éventuellement les amener à se faire vacciner, pour éviter une nouvelle flambée de contaminations et, en n’oubliant pas d’avoir une observation attentive à des cas probables d’Ébola en provenance du sud-est du pays, pour d’éventuelles prises en charge.

Identifier immédiatement tous

Il n’est un secret pour personne que ces genres de mouvements de foule incontrôlés sont propices aux infiltrations suspectes internes, mais surtout venant de l’extérieur. La présence d’étrangers du Bukina Faso, du Sénégal, du Mali, de la Cote d’Ivoire doit amener les autorités à identifier immédiatement tous ceux qui sont des ces caravanes pour lever tout risque sécuritaire. Pour la simple raison que, ces pays d’où proviennent ces candidats étrangers à nos mines d’or, sont en proie à l’insurrection des djihadistes de l’État islamique et d’Alqaida au Maghreb islamique. Non seulement, tous ceux qui sont dans la caravane migratoire doivent être identifiés, mais pris en charge par le gouvernement et rapatriés immédiatement dans leurs localités d’origine, en attendant d’évaluer la situation de la mine et la prise d’une décision rationnelle concernant son exploitation future.

La déferlante humaine de près de dix mille personnes, dans une bourgade de moins de vingt mille habitants, pose de grave questions humanitaire et sociales. Les habitants de Kounsitel se plaignent déjà du chamboulement total de leur vie et de leurs activités d’élevage, d’agriculture et de commerce. Ils accusent les chasseurs d’or de vols de bétail, d’avoir créé une explosion des prix des denrées de première nécessité et de la désertion des écoles par instituteurs et élèves, tous pris par la fièvre de l’or et partis à la mine.

Ne pas prendre cette crise à la légère

Le gouvernement guinéen a pris certes un geste salutaire en fermant la mine et en déployant des unités militaires sur place. Mais, cela ne suffit pourtant pas, il faut faire preuve de pédagogie et expliquer que les choses ne se passent pas comme ils le souhaitent, que tout cela est soumis à une certaine réglementation. Le gouvernement doit tenir en compte beaucoup d’aspects contextuels et sociaux pour décider de l’avenir de la mine de Kounsitel. Non seulement tirer les leçons de la mine de Kintinian à Siguiri, mais aussi évaluer la pertinence de l’ouverture d’une mine artisanale, dans une préfecture d’élevage, la première de la Guinée en la matière et d’agriculture par excellence, ainsi que les risques environnementaux catastrophiques que cela pourrait entrainer, y compris les menaces que ceux-ci feront peser sur les activités principales de la région.

Enfin, le risque de conflit entre communautés reste très élevé. Les autochtones qui, à la limite sont ceux qui doivent bénéficier des retombées d’une mine à Kounsitel, si le gouvernement décidait de rouvrir la mine, perçoivent les arrivants des autres régions et mêmes des étrangers venant d’autres pays, comme des envahisseurs venus menacer leur survie. Raison de plus de ne pas prendre cette crise à la légère, car elle revêt plusieurs équations inconnues qui, si elles ne sont pas résolues maintenant risquent de transformer cette zone une poudrière.

 

Mohamed CAMARA pour GCO

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