Les proverbes sont la quintessence de la sagesse africaine. Concis et précis, le proverbe résume toujours le conte. Epousant des formes symboliques, métaphoriques ou paraboliques, le proverbe cristalise le conte, le livre en formules lapidaires à ceux qui vivent dans cet univers traditionnel ou veulent le découvrir. Chaque proverbe est en fait un abrégé du monde traditionnel qui l’a enfanté. Un proverbe est un musée.
Le diseur de proverbes doit nécessairement connaître les réalités sociales qui les ont générés, faute de quoi, il risque de travestir la force de la pensée et la noyer dans un snobisme servile. Le défunt Madigbè Kourouma, ancien représentant de l’UNESCO au Burkina Faso, écrivait dans la philosophie du Sanda (proverbe en manika) : » le proverbe manifeste un sens aigu et pertinent de l’observation et du comportement humain. ll constitue l’arme suprême de la pédagogie traditionnelle. »
La collectivité entière est l’auteur du proverbe. C’est un genre anonyme, caractéristique principale de son essence sociale. Sanda (en manika) Taali en susu , Tindol (en pular), le proverbe porte toujours le sceau de la collectivité qui l’a synthétisé.
Qu’il soit à caractère humaniste, humoristique, économique, stoïcien, etc…le proverbe est toujours plein de philosophie. Bien que revêtant des couleurs locales, les proverbes en tant qu’archétypes de la conception de l’univers, partout où l’homme affronte l’homme ou la nature, ont une irremplaçable valeur.
Le proverbe est la finale du conte.
Le proverbe peut donc refléter les contradictions de classe de la société dont il est le fruit. La galerie animale que peut comporter un proverbe, n’est souvent en réalité, que le transfert de notre société, avec ses vices et ses vertus, ses faiblesses et ses forces, la lutte des puissants et des opprimés.
Généralement en Guinée, tout proverbe peut être introduit dans un chant. La gamme de choix étant large, le traditionniste, selon la nature du choix, trouvera le proverbe conséquent . Les proverbes fortifient les chants, ils concourent à former un ou plusieurs couplets ou sont alors des refrains.
Dans les chants pular par exemple, la phrase ordinaire est généralement maintenue. Autrement dit que toute phrase peut-être chantée, selon la circonstance, la puissance d’improvisation de l’artiste ou la force de son inspiration. Ainsi les proverbes sont introduits dans les chants sous la même forme que dans les discours ordinaires.
En Guinée, les proverbes existent sous deux formes: les proverbes chantés et les chants en proverbes.
Justin MOREL Junior in son DES : Mémoire et tradition orale en Guinée, Maitrise Philosophie-Histoire- 1979
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