Né le 2 octobre 1869 et mort le 30 janvier 1948, Mohandas Karamchand Gandhi, guide spirituel de l’Inde et du mouvement pour l’indépendance de ce pays fut un artisan de la promotion de ses idées en Afrique du Sud par le biais du football.

Cette facette méconnue de l’apôtre de la non-violence est révélée dans la dernière livraison du magazine mensuel de la FIFA. Selon cette publication, si la Coupe du monde de la FIFA 2010 a fait porter une attention plus que méritée sur Nelson Mandela et sur le rôle que jouait le sport dans la lutte contre les inégalités sociales, le légendaire homme d’Etat sud-africain n’a pas été le premier politique à défendre ces valeurs au sein de la « nation arc-en-ciel ».

Avant de devenir en Inde le véritable moteur de la lutte pour l’indépendance de son pays, Gandhi a en effet commencé à exercer en Afrique du Sud, une voie que Nelson Mandela empruntera dans son sillage. Gandhi y a prôné la résistance passive et la non-violence avant de perfectionner sa philosophie en Inde en s’attachant à améliorer les conditions sociales de ses compatriotes. Et, chose surprenante, un des principaux outils qu’il a utilisé en Afrique du Sud pour transmettre ses idées est le football.

En interrogeant sur place des leaders locaux et des historiens, le Magazine FIFA World a pu dresser le portrait d’un jeune homme à la fois passionné de football et conscient de la passion que ce sport peut susciter.
« Gandhi connaissait le football pour avoir fait son droit en Angleterre », explique Bongani Sithole, guide officiel du quartier de Phoenix, à Inada, où Gandhi s’installa au début du siècle dernier. « Lui-même n’a jamais été bon footballeur mais il aimait ce sport, peut-être même davantage que le cricket et le vélo qu’il appréciait depuis longtemps, et ce probablement car c’était le sport que pratiquaient les petites gens. En Afrique du Sud, il a vite compris que l’extrême popularité du football parmi les communautés les plus pauvres du pays en faisait un outil particulièrement efficace pour véhiculer son message politique. »
Le football est alors devenu un important outil pour Gandhi, lui permettant de véhiculer auprès des masses les principes du Satyagrapha (la force de la vérité en sanscrit). Spectateur régulier de matches de football, Gandhi a pu observer l’intérêt croissant suscité-notamment auprès des classes défavorisées de la société sud-africaine- par ce sport en développement. Le football allait devenir pour lui un moyen d’éveiller les consciences sur le besoin d’entreprendre des actions non violentes pour obtenir et défendre l’égalité des droits et l’intégration au sein d’une société à plusieurs vitesses.
Au début du XX è siècle, Gandhi était le leader incontesté de la résistance face à la ségrégation raciale par la non-violence ; il a aidé à l’établissement de trois clubs de football à Durban, Pretoria et Johannesburg (où il a déménagé en 1904) qui répondaient tous au nom de Passive Resisters Soccer Club (Football Club des Résistants Passifs).
En plus d’être un pionnier dans l’utilisation du sport pour atteindre ses objectifs politiques, Gandhi a aussi été en avance sur son temps en s’aidant du football pour promouvoir l’auto-émancipation et la cohésion sociale. Gandhi était convaincu que le football avait un énorme potentiel pour encourager le travail d’équipe, et lorsque les Passive Resisters ont été créés, il s’est attaché à promouvoir des valeurs morales comme l’esprit d’équipe et le fair- Play. « Ce qui fascinait tout particulièrement Gandhi, c’était cette sorte de noblesse qu’il voyait dans le football ».
« A l’époque, la notion d’esprit d’équipe était bien plus forte que celle de joueurs vedettes, et c’est quelque chose qui lui plaisait beaucoup. Il était convaincu que le football était un outil de cohésion sociale important. Il appréciait la capacité du football à attirer les foules mais ce serait abusif de penser que ce n’était pour lui qu’un outil de propagande. C’était bien plus, une de ses passions, un des moyens par lesquels il parvenait à trouver la paix intérieure » expliquent des historiens de l’histoire sud-africaine.
En 1914, la réputation de philosophe, d’orateur et d’activiste de Gandhi avait dépassé les frontières sud-africaines. On l’a convaincu de retourner en Inde et d’utiliser ses talents pour défendre la cause de la classe moyenne indienne désireuse de se battre pour l’indépendance de son pays. Une fois Gandhi parti de l’autre côté de l’océan Indien pour relever ce nouveau défi, d’autres leaders ont émergé pour combattre les inégalités sociales en Afrique du Sud et les Passive Resisters se sont dissous. Les seules traces qu’il en reste sont les histoires qu’on raconte, de vieilles photos jaunies et quelques rares documents d’archive. Le combat de Gandhi, tant contre la discrimination au sein de la société que dans le monde du sport, a été repris par d’autres. Une belle histoire à faire connaître à toute la famille sportive.
Thierno Saidou DIAKITE pour GCO
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