Hier soir, au moment où ses anciens collègues du secteur de l’assurance se réjouissaient de la nomination de l’un des leurs au poste de Premier ministre. La nouvelle de la mort du premier cadre de l’UGAR à acceder aux hautes fonctions de l’Etat, a coupé le souffle des assureurs et des syndiqués de la FESABAG et de l’USTG.
À l’orée de la soixantaine, le très respectueux Lousény Camara s’est toujours distingué par son sourire et sa disponibilité dans la défense des intérêts de ses collègues. J’ai connu l’homme en 1989. Membre actif de l’UNIPROS (Universitaire pour la Promotion des Spectacles), Bozick venait solliciter l’appui de l’UGAR naissante pour le sponsoring des activités de la Commission culturelle de l’Université de Conakry.
En fin de cycle universitaire, il a capitalisé ses relations tissées dans les couloirs de l’UGAR où il apportait des affaires occasionnellement.
Au terme de ses études de Langue-littérarure, il est agréé comme Agent commercial avant d’être affecté à Coyah en qualité d’Agent général de la société, début 1991.
En 1993, il rejoint le siège pour servir d’Assistant du Responsable de la Cellule de vente. C’est à ce poste commercial et technique qu’il conforte sa formation en assurance par la pratique des différentes branches du métier.
En 1996, la Direction de l’UGAR l’offre une formation à l’IAA (Institut Africain des Assurances) de Tunis. Là, il obtient son 2ème diplôme, après le DES de l’Université de Conakry.
Par la suite, il sera affecté au Département « Assurance Vie et Maladie ».
Vers 2005, peu il est promu Chef du Département commercial.
Bien avant, il a intégré le bureau de la section syndicale, succédant au bureau dont j’étais membre, avec Feue Tady Camara.
Suivant notre trajectoire, il a marqué son empreinte dans les activités socio-éducatives de la la société : Animations sportives, Excursions, Assistance sociale, Pèlerinage à la Mecque. Autant d’initiatives qu’il a poursuivies animées avec brio. C’est à travers le mouvement syndical et à côté de Feu Ibrahima Fofana que Lousény se fera connaître dans le secteur des banques et assurances.
Nous succédant à la FESABAG, il y deviendra très actif et gravira les échelons dans le bureau exécutif. Il prendra une part active au rayonnement de la naissante USTG. C’est justement dans ses fonctions de syndicaliste qu’il a intégré la CENI en 2007, pour le compte de la société civile.
En 2010, après la mort de Ben Sékou Sylla, il est élu Président de l’institution entre les 2 tours de l’élection présidentielle. Le destin du jeune assureur vient d’atteindre une dimension nationale. Dans le feu de l’actualité d’alors, il est connu de tous ; la CENI étant au centre de tous les débats.
Après sa démission de l’institution, il fait son entrée au Gouvernement pour une demi-douzaine d’années.
Il est successivement Ministre du Tourisme et l’hôtellerie, puis de la Pêche et de l’économie maritime et enfin de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Aux dernières législatives, il est élu Député sous la bannière du Parti au pouvoir, jusqu’au renversement du régime le 5 septembre 2021.
Depuis début avril de cette année il incarcéré à la maison centrale où il attendait son jugement, à l’intar d’autres dignitaires auxquels la Justice reprochent des actes malversations financières.
Hélas, il ne sera le grand absent de la salle d’audience, le moment venu.
Lousény est mort d’AVC dans la nuit d’hier. La nouvelle est terrifiante.
Ainsi le destin !
L’histoire retiendra que Louseny Camara est le premier cadre de l’UGAR qui a accédé aux fonctions ministérielles. Le destin a voulu qu’il rende l’âme 2 heures après la promotion au poste de Premier ministre de celui qui (après lui) a été le 2ème ancien assureur de l’UGAR devenu ministre.
Le même destin a voulu que le Lousény Camara réponde à l’appel de son créateur deux jours après la mort de Kabinet Kondé (ancien Ambassadeur de Guinée au Mali puis au Brésil) qu’il a succédé en 2005 au poste de chef du Département commercial de l’UGAR. Dans le secteur des banques et assurances, Lousény Camara laisse le souvenir d’un homme disponible et sensible à l’injustice. Il a toujours défendu bec et ongles les intérêts des travailleurs du secteur en particulier et des syndiqués de l’USTG en général.
Par rapport à ma personne, l’homme n’a eu que respect et déférence, avec son sourire. Reconnaissant, il me rappelait quelquefois qu’il aussi un fils de Soumbouya : il n’a pas oublié que Coyah est le point de départ de son ascension fulgurante.
Tu es parti à jamais.
Dors bien jeune frère.
Puisse DIEU te faciliter le chemin du Paradis et veiller sur ta descendance.
Ibrahima Jair KEITA