Ce roman est fait d’ellipses et d’agréables fabulations scotchées au vécu, grâce à la mémoire et à la magie de la plume de Yamoussa Sidibé. Le fantasque et la rigueur se côtoient, s’épient et inventent ensemble un monde rêvé, joyeux ou douloureux, comme l’est bien souvent une vie d’artiste ! Surtout, comme l’aura été celle de Aboubacar Demba Camara, celui que j’avais surnommé le « Dragon
de la chanson africaine », l’inimitable chanteur du Bembéya Jazz national.L’auteur la raconte ici en fresques irrésistibles, charcutées, éclatées en événements amplifiés, ou imaginés pour faire mal ou bien, la tumultueuse vie de Demba. Expressément. Les différents chapitres ressemblent ainsi étrangement aux séquences essentielles de la vie du grand disparu, « Demba l’étoile filante du Bembéya » est une histoire bouleversante qui débute par la fin : le drame de l’accident« au détour des Mamelles de Dakar >>. Sont évoqués pêle-mēle avec un imaginaire frémissant, les amours troublantes
de Oumimatou et Kadiata, les rendez-vous manqués, le respect inénarrable pour mère Koulako Sidibé, les contradictions connues ou inventées avec ses camarades du légendaire Bembéya Jazz. national et l’énigmatique chanson Ballaké et Bidiningbe, la colombe diaphane, prennent ici des couleurs, des rythmes et valeurs inextinguibles. Alors, apparaissent au détour du récit des personnages vrais aux égos surdimensionnés ou de simples gens vêtus d’humilité contagieuse.Des références majeures vers la consécration
Un univers fait aussi de vedettes et de grosses têtes politiques de l’époque : le Soul Brother number 1 James Brown, Toumany Sangaré le généreux, Émile Condé le gouverneur-mécène et Sékou Touré le président-promoteur culturel. Au temps de la JRDA, la jeunesse de la Révolution démocratique africaine, avec les Orchestres Kébendo Jazz de Guéckédou, Nimba Jazz de N’Zérékorė, la Orquesta Aragon, Abelardo Barroso de Cuba et le Bembéya Jazz, qui restent des références majeures vers la consécration. De même que l’agent de police Kémoko Sidibé, l’oncle de Demba, Fodé Camara Accordéon le pére. Koulako Sidibé la mère, la squr Fanta; Salif Kaba, Papa Sangaré et Fracasse les inséparables amis, constituent la cellule familiale élargie détenant les secrets de la vie courte, pleine et fulgurante de Demba. Le souvenir du side-car « Super Tentemba » de Demba est encore vivace dans ma tête, avec à « la place de la plaque d’immatriculation, à l’arrière de sa moto, affiché en gras : SUPER TENTEMBA. Il aimait passer devant l’université où les appels des étudiantes l’émoustillaient Demba a cråné à Conakry avec cet « engin » . Histoire de jeunesse !
Un aède visionnaire
La volition de Demba a tutoyé la célébrité : la prémonition de ses rêves ; le défi de « Regard sur le passé, qui le poussa à se surpasser, à contrarier même les musiciens du Bembéya et à séduire, à en faire vibrer Ahmed Sékou Touré, sont des moments racontés avec sincérité et souci de vérité historique. Et, ce n’est pas parce que ceci n’est pas un travail d’historien que Yamoussa Sidibé allait s’interdire des clins d’œil à l’Histoire, comme lorsqu’il évoque le chant «NON» de Djéli Mamoudou Kanté, cet aede inspiré et visionnaire qui invita le peuple de Guinée à psalmodiant : voter «NON», un certain 28 Septembre 1958, en travaux forcés, « Depuis soixante ans, je dis OUI aux Français, aux
durant soixante uns, j’ai dit oui quand je ne voulais pas, aujourd’hui, le referendum General de Gaulle demande mon avis, cette fois, je dis Non parce que depuis longtemps, je n’en pouvais plus…Extraits de la preface du livre par
Justin MOREL Junior
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