Il était une fois, un villageois africain qui s’appelait Moriba. Moriba était paysan. Il cultivait un tout petit lopin de terre. C’était un travail pénible. La terre était sèche sous le soleil. Le village de Moriba préparait une grande fête. “ Comment être à la hauteur de l’événement ? ” se demanda-t-il. Il était confronté, il est vrai, à un gros problème. Tous ses pantalons étaient vieux, usés, râpés. Moriba décida donc de rassembler toutes ses économies pour s’acheter un pantalon neuf.
Moriba se rendit dans la boutique du village. L’unique pantalon qu’il y trouva était trop grand pour lui.“ Ce n’est pas grave, se dit-il, ma femme me le raccourcira ”.
Arrivé dans sa case, Moriba dit à sa femme: » Femme, mon pantalon est trop long de trois doigts. Tu veux bien me le raccourcir ce soir, pour que je puisse le mettre demain à la fête »
Mais la femme répond: » Je n’ai pas le temps de coudre aujourd’hui, il faut que je prépare les mets pour la fête de demain »
Alors Moriba va trouver sa mère: » Mère, mon pantalon est trop long de trois doigts, peux-tu me le raccourcir ce soir, après dîner, pour que je puisse le mettre demain à la fête? »
Mais la mère répond: » Je suis vieille et je vois mal à la lumière de la lampe; je ne pourrai faire ce travail que demain, quand il fera bien clair »
Alors Moriba va trouver sa fille : » Binta, mon pantalon est trop long de trois doigts, peux-tu me le raccourcir ce soir, après dîner, pour que je puisse le mettre demain à la fête? »
Mais sa fille répond: » Ce soir, j’aiderai maman à préparer les mets pour la fête de demain; je n’aurai pas le temps de coudre »
Et le pantalon reste comme il est…
Au moment d’aller se coucher, la femme de Moriba voit le pantalon étendu sur une chaise, et elle ses dit: » Ce bon Moriba, il faut que je lui fasse plaisir »
Elle prend des ciseaux, raccourcit de trois doigts le bas du pantalon, le coud et le borde proprement, le remet sur la chaise et va se coucher.
Roulée dans sa couverture, la mère de Moriba ne peut s’endormir: » Ce pauvre Moriba, pense-t-elle, il ne sera pas content demain à la fête, avec son pantalon trop long. Tant pis pour mes yeux: je ferai de mon mieux »
Elle se lève, prend des ciseaux, raccourcit de trois doigts le bas du pantalon, le coud et le borde proprement, le remet sur la chaise et va se recoucher.
Binta non plus ne peut pas dormir: » Ce cher papa, il mérite bien que je travaille pour lui »
Elle se lève, prend des ciseaux, raccourcit de trois doigts le bas du pantalon, le coud et le borde proprement, le remet sur la chaise et va se recoucher.
Le lendemain matin, la femme, la mère et la fille, disent en même temps à Moriba: » Essaie un peu ton pantalon »
Elles sont étonnées d’avoir la même idée, mais chacune pense: » Les autres m’ont vue travailler hier soir! »
Moriba enfile son pantalon, qui lui arrive alors à peine plus bas que les genoux !
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Le « pantalon de Moriba » est une expression très répandue en Afrique subsaharienne, et notamment au Mali. Les enfants l’utilisent souvent pour se moquer d’un pantalon porté trop court. Il existe autant de versions du conte sur le pantalon de Moriba que de griots imaginatifs.