En septembre 2019, la compagnie minière HPX a obtenu l’accord du gouvernement guinéen pour acquérir le gisement de minerai de fer du mont Nimba. Deux ans plus tard, on en sait un peu plus sur les plans de la société.
High Power Exploration (HPX), compagnie dirigée par l’homme d’affaires Robert Friedland, a publié jeudi 11 novembre les résultats d’une étude de préfaisabilité réalisée pour le projet de minerai de fer du mont Nimba, en Guinée. L’étude confirme la viabilité économique du projet d’un coût estimé à 2,77 milliards $ et qui permettra de produire et exporter annuellement 30 millions de tonnes de minerai.
Selon le calendrier prévu par la compagnie, une étude de faisabilité devrait être bouclée début 2023 pour le projet et la construction devrait être lancée la même année. D’ici là, il lui faudra surtout finaliser les négociations d’accords concernant la ligne ferroviaire, question sensible puisque l’option choisie pour le transport implique de passer par le Liberia voisin.
Les négociations ne devraient, sauf surprise, être qu’une formalité étant donné que la Guinée et le Liberia ont conclu en octobre 2019 un accord pour permettre l’évacuation, via les infrastructures portuaires libériennes, des produits de certaines mines guinéennes, dont Nimba et Zogota.
« L’acheminement du minerai de fer à haute teneur et faible taux d’impureté du projet vers les marchés mondiaux […] nécessitera un accès à l’infrastructure de transport libérienne. Nous sommes convaincus que des accords satisfaisants seront conclus à cette fin avec le gouvernement du Liberia », a déclaré Guy de Selliers, président de SMFG, filiale locale de HPX.
Un plan de relance de la filière du fer guinéen en bonne marche
Si la richesse de la Guinée en minerai de fer est connue de tous depuis plusieurs années, le pays n’a pas encore réussi à produire la moindre tonne. Cependant, la donne pourrait vite changer, car les étoiles semblent s’aligner depuis deux ans avec les avancées sur les différents projets. En dehors du cas de Nimba susmentionné, notons que les blocs I et II de Simandou ont été confiés au consortium SMB-Winning qui a déjà lancé la construction des chemins de fer qui vont désenclaver la région et permettre l’acheminement du minerai extrait. L’entrée en production est attendue d’ici 2025. Quant aux blocs III et IV, ils sont gérés par Rio Tinto et Chinalco, qui n’ont pas encore établi de calendrier clair. En octobre dernier, le DG de Rio Tinto a indiqué que malgré les incertitudes sur le plan politique « rien n’a changé » concernant le projet Simandou dont l’exploitation reste une priorité pour sa compagnie.
Les risques et menaces qui peuvent retarder la Guinée dans son ambition de bouleverser la hiérarchie dans le secteur du minerai de fer sont donc finalement le contexte politique et les incertitudes connexes, mais aussi l’état du marché de la matière première. Si le minerai a battu des records de prix au premier semestre 2021, porté par la forte demande des aciéries chinoises, il a entamé au deuxième semestre une tendance baissière tombant à 90 $ en septembre dernier avec les règles antipollution chinoises.
Il faudra voir comment évolue la situation, car une baisse durable peut obliger les compagnies à revoir leur calendrier de développement.
Louis-Nino Kansoun
SOURCE : Agence Ecofin