24 octobre 1997 – 17 octobre 202. Nommé directeur du Bureau de presse de la présidence de la République, après un très long exil en Côte d’Ivoire, Boubacar Kanté devait rejoindre définitivement le pays le 25 octobre 1997 pour occuper ses nouvelles fonctions. La veille de son départ, il fut sauvagement assassiné. C’est sa dépouille mortelle qui rejoindra sa dernière demeure en sa terre natale de Dabola. Triste parcours pour un homme qui en dépit de sa notoriété en Côte d’Ivoire et en Afrique a vécu le mal du pays.

Contrairement à ce que beaucoup d’entre nous pensent, l’exil n’est jamais doré. C’est pourquoi Kanté était tout heureux de revenir se remettre au service de ses compatriotes. Mais le destin en a décidé autrement.

En évoquant la carrière de Boubacar Kanté, on se focalise beaucoup plus sur son parcours de journaliste sportif, alors que dans les années soixante-dix, il a largement œuvré à l’essor de la musique guinéenne. A la tête de l’ex société nationale de pressage, de production et de distribution discographique Syliphone, Kanté s’est investi pour la promotion de notre musique moderne.
Moussa Mara journaliste animateur de la radio nationale, qui nous a quittés le 25 juin 2008, avait réussi au cours d’une de ses émissions à recueillir le point de vue de Kanté, alors en séjour à Dakar. Avec son franc parler et sa vaste culture, Kanté est resté égal à lui-même. En substance, voici l’essentiel de son intervention au sujet de la musique guinéenne ‘’…Tout est question de réussite, de management, et puis aussi d’argent. Il faut que les gens sachent qu’il faille aller à l’étranger écouter les autres musiques, et voir les grands concerts.
On doit comprendre que les sons se font à Paris malheureusement aujourd’hui, aussi à Londres et aux Etats-Unis. Là-bas, vous ne serez pas avec votre orchestre, seulement avec une ossature de gens qu’on appelle les requins de studio pour vos disques, et puis ensuite pour les shows, selon votre personnalité musicale plus votre stature de musicien, vous aurez des musiciens professionnels.
La Guinée va venir aussi en musique. Il faut beaucoup d’effort d’organisation, et qu’on n’attende pas tout de l’Etat. Il faut de l’imagination, parce que ce qui se fait actuellement en Côte d’Ivoire, au Sénégal est significatif. En 70-73, tous ces pays étaient derrière la Guinée. Ils ont évolué avec des initiatives personnelles. Par exemple, Aïcha Koné va enregistrer à Paris avec son argent personnel. On n’attend pas toujours l’apport du gouvernement pour entrer en studio, ou acheter des instruments de musique. Il faut donc que les Guinéens commencent à s’obstiner, qu’ils s’organisent. Si le management est fait, il n’y a pas de raison, qu’on ne puisse pas compétir avec les meilleurs.
En tout cas, pour le moment, le label Guinée c’est Mory Kanté qui fait partie des grands de la world musique. Pour le reste, il faut que les musiciens acceptent de voyager à l’étranger, et qu’ils acceptent aussi d’aller à l’intérieur du pays, enregistrer les sons du terroir. Il y a des rythmes extraordinaires, qui ne demandent qu’à être valorisés…’’ Un discours toujours d’actualité au regard de la situation de nos artistes musiciens.
Thierno Saidou DIAKITE pour GCO
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