Dix ans jour pour jour, après l’opération « ODYSSEY DAWN » menée par l’OTAN, et qui a mis fin au régime de Kaddafi, il y a lieu de se poser beaucoup de questions. Aujourd’hui, La Libye en plein chaos, l’on est en droit de se demander fallait-il vraiment renverser Kaddafi ?

En France, une poignée d’intellectuels, qui avaient soutenu l’intervention militaire en 2011, assument pleinement leur choix. L’argument est quelque peu fallacieux : pour eux il fallait vaille que vaille sauver Benghazi menacé d’un massacre par les troupes loyalistes. Ainsi, à l’initiative de la France et sur mandat de l’ONU, les principales puissances occidentales se sont lancées dans une entreprise de destruction du système politico-militaire de Kaddafi.

Face à ce déluge de feu, sur le continent Africain partagé entre l’indifférence et le mou soutien au Guide libyen, deux voix se sont fait entendre. Celles de l’historienne malienne Adame Ba Konaré et de l’ancien président (français) de Médecins sans frontières, Rony Brauman.
Avec des arguments de poids, dont les principaux sont ceux-ci pour la malienne : « (…) L’Afrique est exclue d’un débat qui aurait dû être prioritairement le sien et c’est un pays arabe qu’on livre aux occidentaux, en utilisant d’autres pays arabes.
« (…) La Libye est sous les feux de forces étrangères en quête de gloriole personnelle et de défense de leurs propres intérêts. De quelle légitimité politique, de quelle crédibilité morale, ces puissances qui ne tiennent pas leurs engagements, qui affament les peuples, pillent les ressources des pays, peuvent-elles se prévaloir ?
Le pétrole et le gaz libyens sont-ils absents de leurs motivations ? Ne veut-on pas régler aussi son compte à Kaddafi pour des marchés non tenus, et pour avoir exigé un dédommagement au titre de la colonisation à l’Italie, l’ancienne puissance coloniale ? »
La situation qui prévaut ces temps-ci en Libye donne parfaitement raison à l’historienne malienne. Le Sahel subit aujourd’hui de plein fouet les répercussions de la mission de l’OTAN en Libye.
Au cours des frappes militaires qui ont précipité la chute du régime de Kaddafi, la France, pays membre de la coalition a confirmé avoir largué des armes aux rebelles avec l’assentiment du commandement de l’OTAN et du Conseil de sécurité des Nations Unies. Une partie de ces livraisons est parvenue aux terroristes d’AQMI, qui avaient récupéré des équipements provenant de l’arsenal libyen. Le Nord Mali en fait les frais avec les djihadistes venus de la Libye.
Sur fond de menace terroriste de l’ensemble du Sahel, les milices s’entre déchirent au pays de Kaddafi. Trois ans avant l’intervention de l’OTAN, la situation était claire : kaddafistes contre-révolutionnaires. Aujourd’hui, des brigades révolutionnaires anciennement alliées tentent de se détruire dans une guerre de position urbaine. Actuellement, les deux camps tiennent des axes routiers qui se font face dans le sud de la ville. Dans le centre se trouve la route qui mène à l’aéroport. Par la faute d’une aveugle politique décidée de façon unilatéralement, la Libye s’enfonce inexorablement dans un chaos dont l’issue est incertaine.
Peut être une image de 1 personne
Si le pays bascule aux des islamistes irrédentistes, bonjour les dégâts collatéraux. La menace islamiste qui pèse lourdement sur l’ensemble du Sahel pourrait donc se confirmer avec de graves conséquences d’instabilité pour les pays sahéliens.
L’élimination de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, a signifié la fin de son régime despotique, mais pas celle du chaos en Libye. Les dégâts collatéraux des raids aériens occidentaux affectent aujourd’hui tous les riverains du Sahara.
Thierno Saidou DIAKITE pour GCO
GCO Copyright © GuineeConakry.Online