Grâce à un financement de la Banque africaine de développement, de nouveaux puits de forage à grande capacité et un système d’irrigation ont été installés
|
Des années durant, Joséphine Mbayo a vu les membres de sa communauté se quereller pour avoir accès à l’eau. « Pour l’ensemble des sections [du camp], il n’y avait qu’une seule pompe manuelle où tout le monde, dès quatre heures du matin, faisait la queue pour obtenir de l’eau », explique cette réfugiée, âgée de 48 ans, originaire de la République démocratique du Congo. « Les gens se disputaient et se battaient presque physiquement pour obtenir de l’eau à la pompe manuelle », se souvient Joséphine Mbayo, arrivée en 2012 dans le camp de Tongogara. Un meilleur accès à l’eau a changé la vie des réfugiés et des communautés d’accueil en leur offrant de nouvelles opportunités. Situé au sud-est d’Harare, dans une des régions du Zimbabwe les plus arides, le camp de Tongogara abrite plus de 17 000 réfugiés venus principalement de la RD Congo et du Mozambique. Ils sont accueillis depuis plus de vingt ans par les communautés locales de la région de Chipangayi, dans le district de Chipinge. Dans cet environnement fragile, les problèmes sont nombreux, et dont le principal reste l’accès régulier à l’eau potable. En effet, un seul puits de forage servait à tous et lorsqu’il se retrouvait à sec, les femmes attendaient toute la journée pour obtenir un peu d’eau… qui, parfois, en sortait sale et provoquait des maladies, notamment chez les enfants. Agent de santé et d’hygiène, Joséphine Mbayo a été affectée à la section 5 du camp de Tongogara pour apprendre notamment à ses voisins à se protéger des différentes maladies, dont le Covid-19. Depuis quelques années, elle supervise également les points d’eau. En 2018, la situation au camp s’est considérablement améliorée. Grâce à un financement de la Banque africaine de développement, de nouveaux puits de forage à grande capacité et un système d’irrigation ont été installés. Résultat : les dix sections du camp et les communautés d’accueil disposent désormais d’eau courante. Cinq puits ont été forés -deux dans le camp et trois chez les communautés hôtes voisines. Alimentés par des panneaux solaires, ces puits peuvent pomper jusqu’à 28 000 litres par heure. « Maintenant, c’est facile, nous avons de l’eau en permanence, se réjouit Joséphine Mbayo. L’eau est disponible tout au long de la journée. Nous sommes très satisfaits de ce nouveau dispositif d’alimentation en eau. » Non seulement l’eau coule toute la journée, mais 132 lampes solaires ont également été installées à des endroits stratégiques et les points d’eau ont été équipés chacun d’un projecteur, créant une liberté de mouvement à tout moment et gardant les animaux à distance, notamment les éléphants. Ces éclairages ont favorisé une vie nocturne plus active, les petits magasins restant ouverts plus longtemps. Ce meilleur accès à l’eau a ouvert de nouvelles perspectives pour les femmes du camp. « Cette conduite d’eau nous permet de nous occuper de nos jardins [communautaires] car, maintenant, l’eau est disponible, reconnaît Joséphine Mbayo. Nous pouvons cultiver des légumes et du maïs et produire une alimentation saine et équilibrée pour nos familles. Au lieu de haricots tous les jours, je peux maintenant manger des légumes et du maïs frais de nos jardins. », Joséphine vend le surplus de légumes et de récoltes au marché du camp, aux réfugiés et aux habitants du secteur. En deux ans, son revenu mensuel est passé de cinq à environ 75 dollars américains, qu’elle utilise pour le bien-être de sa famille. L’installation des nouvelles conduites d’eau et du nouveau système d’irrigation a été réalisée sous la direction du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur financement de la Banque africaine de développement. Le partenariat de la Banque avec le HCR contribue au processus complexe de construction d’une Afrique résiliente et de lutte contre la fragilité de ses communautés. Compte tenu du fait que certaines communautés vivent depuis plus de vingt ans dans des camps de réfugiés, la crise humanitaire ne fait que perdurer. Le HCR joue un rôle essentiel pour les communautés vulnérables en contribuant notamment à améliorer la capacité de chacun des membres à gagner sa vie de manière durable. La Banque occupe un rôle de premier plan dans le dialogue politique, les partenariats et la sensibilisation sur les thèmes de la fragilité et du renforcement de la résilience. À travers ce projet, les deux organisations souhaitent montrer pourquoi les situations de fragilité nécessitent des solutions sur le long terme afin d’améliorer la vie des réfugiés et des communautés d’accueil. L’histoire de Joséphine Mbayo en est la preuve. Ce projet au Zimbabwe est l’une des nombreuses réussites qui seront présentées au prochain Forum sur la résilience en Afrique. Cette rencontre phare, organisée du 28 au 30 septembre 2021 par le Groupe de la Banque africaine de développement, réunira les principales parties prenantes dans le but d’identifier des solutions liées aux situations de fragilité et de bâtir un continent plus résilient. APO Group pour GCO
|