SPORT : afin que nul n’oublie Camara Morlaye, l’éternel gardien

Le premier ministre congolais Moïse Tshombé (assis au bord de la touche comme tous les autres officiels) se lève, traverse le terrain et serre la main de Morlaye en guise de félicitations.  Il ajoute ceci : « Cet arrêt vaut de l’or ». Le dernier rempart guinén ayant entendu le mot « or », se dit que le premier ministre d’un pays producteur d’or, vient de lui promettre un morceau de métal jaune. Il attendra son présent jusqu’au décès de Tshombé en1969. Qui est donc ce gardien de but,  qui a eu le don de faire oublier son rôle, à un officiel ?

Il s’appelle Morlaye Camara et est né en 1927 à Kindia, grand réservoir de sportifs en Guinée. Il débute sa carrière à l’association sportive de Kindia au début des années 40 et y reste jusqu’au milieu des années 50. Il migre alors vers le Gangan de la même ville.  En 1958, le pays devient indépendant et les autorités mettent en place la première équipe nationale.

Morlaye y figure et participe à toutes les campagnes du sily jusqu’à sa retraite en 1971. Malgré son âge (41 ans), il est de la campagne des jeux olympiques de Mexico en 1968 et deux ans plus tard au Soudan,  il joue sa première et dernière CAN.  Après avoir suivi le premier match à partir du banc, il joue les deux derniers matchs, reléguant Mamadi Sanoh au second plan.

Le 27 Juin 1971, il prend sa retraite à Bamako,  après la défaite 1-3 du Sily, face aux aigles du Mali, dans le cadre des éliminatoires de la CAN 72. A la fin du match,  feu Mamadou keita capi traverse le terrain pour le saluer. Il lui dit : « Jeune homme c’est mon dernier match,  je te transmets le flambeau « .

Morlaye qui avait 44 ans,  soit 20 ans de plus que Capi, retourne à son métier de mécanicien auto, qui ne nourrit pas son homme. Après avoir tiré le diable par la queue, il se procure un taxi par l’intermédiaire d’un de ses supporters.  Chose qui lui permet de joindre les deux bouts pendant un moment.

Le gouvernement guinéen,  lui vient en aide en lui octroyant un logement à la cité administrative de Coronthie (dans la presqu’île de Kaloum). Avec l’âge sa santé décline et il lutte contre la maladie jusqu’à son décès le 14 Août 2018. Il avait 90 ans. Depuis, il est relégué aux oubliettes. La ligue guinéenne de football,  pourrait donner son nom au prix du meilleur gardien de but du championnat, afin que nul ne l’oublie.  Dors en paix Morlaye.  A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons.