Voici un scenario analytique de la situation politique malienne. 
Acte 1 –
27 janvier 2021. Visite à Paris du Président de la Transition au sommet de l’Etat malien.
Bah Ndaw est reçu à l’Elysée par Macron.
Le Vice-President de la Transition, Colonel Goïta, a-il été bien informé du contenu de l’entretien entre les deux hommes ?
Acte 2 –
20 avril 2021. Obsèques du Maréchal Idriss Déby à Ndjamena.
Le Président de la Transition au Mali aurait eu un autre tête-à-tête avec le Président français, Emmanuel Macron.
Le Président de la Transition a-t-il informé son Vice-président de la quintessence de son entrevue avec le Président français ?
Acte 3 –
Le 18 mai dernier, le Président de la Transition du Mali est parmi les invités de Macron à la conférence sur les économies africaines.
À cette occasion, Macron et Bah N’Daw auraient eu un nouvel entretien.
Le Vice-président a-t-il été informé du contenu de cette troisième rencontre ?
3 rencontres avec le Président français en l’espace de 5 mois ; même Ouattara n’a pas fait autant.
Gardez à l’esprit les 3 interrogations ci-dessus
À supposer que leurs réponses soient affirmatives.
Dans ce cas, c’est la parfaite harmonie entre le Président et le Vice-président de la Transition. Aucune dissension n’aura sa raison d’être entre les deux.
À supposer par contre que la réponse soit négative ; donc le Vice-président est mis à l’écart par le Président de la Transition et son Premier Ministre.
Dans ce cas de figure, un climat de défiance va s’instaurer et prospérer hélas au sommet de l’Etat malien. C’est ce qui me semble plausible.
Venons-en à l’autre aspect de ma réflexion
Bamako est une ville de rumeurs plus ou moins fondées.
1☆ Il semblerait que le Vice-président de la Transition, Colonel Goïta, serait effectivement mis à l’écart par le Président et son Premier ministre, même sur les sujets de stratégie militaire.
2☆ Il semblerait que lors de son dernier séjour en France le 18 mai, Ba Ndaw aurait discuté avec Macron du projet de remaniement ministériel à Bamako.
Selon la même rumeur, la décision d’évincer les deux Officiers Ministres de la Défense et de la Sécurité serait venue de là.
Et pour cause :
Le Vice-président et ses compagnons Ministres de la défense et de la sécurité ne seraient pas sur la même longueur d’onde avec le Président et le premier ministre en matière de politique générale et de partenariat stratégique militaire.
Le Vice-président, les Ministres de la Défense et de la Sécurité se sont inscrits dans une dynamique de renforcement des capacités de l’armée malienne par les achats de matériels et d’équipements, sans que cela passe par le créneau français.
Alors que le Président de la Transition et son Premier ministre sont dans la logique d’un partenariat stratégique mené par la France qui s’est investie militairement, financièrement et diplomatiquem aux côtés du Mali, depuis le début des incursions rebelles.
C’est cela le fond de la crise actuelle qui secoue le Mali
Le bras de fer ne fait que commencer :
1- La condamnation de la France, sur un ton paternaliste, risque de développer et de généraliser un sentiment de francophobie déjà perceptible, mais aussi, de rendre très populaire le Colonel Goïta, Vice-président, devenu Nouveau Président de la Transition.
2- La présence des forces françaises et africaines sur les différents fronts, risque d’être compromise par la nouvelle configuration au sommet de l’Etat malien et la position de la communauté internationale.
3- la position de la CEDEAO et celle de l’Union Africaine, apparemment proche de la position de la France, risquent de compliquer les choses pour nos frères maliens.
En conclusion, je pense que l’ancien Bah N’Daw, Président de la Transition et son Premier ministre wann ont manqué de tact. Ils ont fermé les verrous sur un Vice-président sans lequel, ils ne seraient pas à ces très hautes fonctions.
Pour les questions de Sécurité, de défense et de stratégie générale, Bah Ndaw et son PM devaient travailler en synergie avec le Vice-président Goïta et les Ministres en charge de la défense et de la Sécurité, qui sont tous des officiers supérieurs de l’armée malienne.
Malheureusement, ils ont pensé qu’ils doivent leurs postes de Président et de Premier Ministre à Macron et à la France.
Le bon sens a fait défaut de la part de ces deux personnalités qui auraient dû faire preuve de diplomatie en toutes circonstances pour conduire la Transition dans un esprit consensuel. C’est l’éternel complexe des élites de l’Afrique francophone.
Bonne chance à nos frères Maliens dans leur quête pour la paix et l’unité du Grand Mali.
Puisse DIEU assagir et éclairer les Maliens de tous les bords.
Ibrahima Jair KEITA pour GCO