Le 24 décembre 1921, le poste militaire de la Tour  Eiffel diffuse la toute première émission radiophonique qui n’est captée que par un nombre très restreint de ‘sans-filistes’ avertis sur leurs postes à galène. Le premier animateur radio français d’alors, est un sapeur télégraphiste dont les premiers mots sont : « Allô, allô, ici poste militaire de la Tour Eiffel », la radio française venait de naître.
Un siècle plus tard, que du chemin parcouru et des histoires de vie marquées à jamais par le rapport à ce nouveau moyen de communication révolutionnaire et démocratique.
Des moments fondateurs de l’histoire de la radio
Pour célébrer le centenaire de la radio française, la Radio France Internationale (Rfi) qui a un rapport particulier avec l’Afrique, et qui est l’un des aboutissements de cette histoire centenaire, a voulu se remémorer en célébrant quelques grandes figures et grandes voix
de l’histoire de la radio sur le continent africain. En l’occurrence Alassane Samba Diop (Sénégal) Justin Morel Junior  (Guinée), Kassim Traoré  (Mali), Léonard Mulamba  (RDC) mais aussi avec ses nombreux auditeurs africains sur le continent et ailleurs dans le monde dans l’émission « Appels sur l’actualité » animé par l’inamovible Juan Gomez.EMISSION ''APPELS SUR L'ACTUALITE'' DE JUAN GOMEZ : LE SUJET SUR LA LIMITATION DU MANDAT PRESIDENTIEL INTERESSE LES TOGOLAIS
Histoire justement, selon Juan Gomez, de partager leurs plus forts souvenirs radiophoniques, le rôle que la radio a joué dans leurs pays, la place qu’elle occupe dans leurs vies quotidiennes. Justin Morel Junior qui a fêté le mois dernier ses 50 ans de carrière journalistique, et qui représente une « institution  » comme le dit si bien Juan Gomez, est revenu sur des moments fondateurs de l’histoire de la radio en Guinée et qui ont sans nul doute jeté les bases de la pratique du journalisme guinéen, mais aussi de la libre expression plurielle.
JMJ, une des rares figures emblématiques du pays
JMJ comme l’appellent les intimes a été désigné comme le  »meilleur journaliste culturel du siècle », en Guinée lors d’une consultation nationale le 3 mars 2000 à Conakry. Figure emblématique  de l’audiovisuel guinéen, il a consacré 50 ans de sa vie à la radio et à la télévision. Il a  créé et animé de nombreuses émissions. JMJ est surtout l’une des rares figures emblématiques du pays à avoir marqué de façon active l’histoire de la Guinée, sous les trois premières républiques. De la voix de la révolution aux différentes fonctions ministérielles à la culture et à la communication, en  passant par la RTG, il a posé de façon indélébile son empreinte dans l’histoire politique, culturelle et médiatique de la Guinée ces 50 dernières années et au passage, l’imaginaire collectif et sympathique des Guinéens.
Ses tout-premiers débuts remontent à 1970 et son baptême de feu précisément le 21 mars 1971 à 13h 05 minutes, comme le lui rappelle Juan Gomez lors de son témoignage dans l’émission « Appels sur l’actualité » de ce vendredi 4 juin 2021, célébrant le centenaire de la radio française.  » Effectivement, c’est le jour où le cœur palpitant, j’ai lu [pour la toute première fois] sur les antennes de la voix de la révolution, un premier communiqué;  parce qu’ à l’époque, pour débuter après les cours d’orthophonie, vous deviez commencer par la lecture de petits papiers, de petits textes afin de vous perfectionner «  rappelle Justin Morel.
Plus jeune journaliste de la  »Voix de la Révolution »
À moins de 21 ans et en tant que plus jeune journaliste de la  »Voix de la Révolution », il venait d’être propulsé au-devant de la scène. Mais peu importe l’âge, il va persévérer et rapidement performer et finalement s’imposer en tant que tête d’affiche de l’animation de la Radio nationale, malgré son jeune âge. Mais lorsque l’on s’appelle JMJ, s’imposer et mettre tout le monde d’accord ne suffisait pas. Il fallait rentrer définitivement dans l’histoire des médias guinéens et de la liberté d’expression, de la plus belle des manières     » Comme étant le premier à donner la parole aux auditeurs guinéens. C’était en Avril 1984″, souligne avec admiration Juan Gomez de Rfi.
 » C’était au lendemain du 3 avril 1984, l’armée avait pris le pouvoir sous la direction du colonel Lansana Conté et à l’époque spontanément comme j’étais jeune journaliste à la Voix de la Révolution, et que j’étais d’antenne ces jours-là et puis les gens ne cessaient d’appeler pour dire leur joie, leurs espoirs, leur volonté de changement etc…et moi j’ai trouvé que ce bouillonnement-là était à communiquer au peuple de Guinée et j’ai pris la décision sur moi, avec le technicien d’antenne de passer directement les auditeurs sur les antennes de la Voix de la Révolution. Ce qui fait qu’en réalité, et de manière spontanée, le Téléphone Vert [qui fait référence à la couleur du téléphone dans le studio et qui, par ricochet portera le nom de l’émission] était devenu la première expression de la liberté d’expression directe en Guinée, les auditeurs voyaient dans le téléphone vert le symbole de la liberté, comme durant la circulation quand le feu passe au vert, vous êtes libre de bouger et bien, c’était ça qui était le plus intéressant… », relate Justin Morel Junior.
 » Moi, ça me rappelait mes débuts difficiles qui étaient boostés justement par l’imaginaire aventurier de l’adolescent que j’étais. La radio avait sur moi comme une espèce de côté magique, un magnétisme indescriptible et je me souviens comme d’aujourd’hui des sons, des bruits des voix qui sortaient de la grosse radio posée dans le salon de mes parents », se remémore avec beaucoup d’émotion, l’ancien ministre et fonctionnaire international de l’UNICEF.
Une soif débordante de liberté
Malgré la symbolique historique et le courage légendaire dont il a fait montre, en engageant la Voix de la Révolution dans une aventure sans précédent, « le Téléphone Vert » fera long feu. Après trois jours d’interactions populaires enthousiastes,  » les militaires putschistes rappelleront à l’ordre le jeune journaliste », taquine Juan Gomez, et qui du coup devient une vedette populaire de la Voix de la Révolution, car la puissance libératrice de la parole dans cette émission, après 26 ans de révolution socialiste, semblait déconcertante et offrait, d’une certaine manière, une réappropriation du pouvoir par le peuple guinéen qui avait une soif débordante de liberté.
Cet épisode va marquer à jamais un tournant dans l’histoire des médias guinéens. Acquérir ses lettres de noblesse, aussi jeune était déjà quelque chose d’extraordinaire, mais le faire avec ce courage et de cette manière-là, dans un contexte historique difficile et particulierJuan Gomez, journaliste à RFI : “Mon meilleur souvenir d' Appel sur l'actualité'' #CIV2010 ne laisse personne indifférent, encore mois quelqu’un du sérail, pas même un journaliste de la trempe de Juan Gomez pour qui, donner la parole aux auditeurs représente un sacerdoce: « Ce fut un plaisir, un honneur et un privilège de vous avoir à l’entente » s’incline et salue avec humilité et admiration Juan Gomez.
Mamadou Aliou DIALLO pour GCO
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