Des journalistes de réputation quittant les médias auxquels ils semblaient s’identifier, sont l’objet de reproches voire d’injures de la part de certains compatriotes. Je suis étonné de constater que beaucoup de personnes s’en émeuvent. 
Il n’y a rien d’anormal pour un employé de changer d’emploi ou d’employeur. C’est l’un des principes du libéralisme. Seul le fonctionnaire est obligé, bon gré mal gré, de rester sédentaire.
Le journaliste Tibou Kamara ne serait certainement pas la célèbre personnalité que nous apprécions aujourd’hui, s’il était resté l’éternel Secrétaire général du Journal L’INDÉPENDANT. Il a fallu qu’il veuille s’émanciper pour prendre le contrôle de L’OBSERVATEUR, et se frayer le chemin qui fait de lui l’une des personnalités les plus sollicitées en Guinée et ailleurs.
Sannou Kerfala Cissé ne serait pas patron de presse aujourd’hui, s’il était resté simple rédacteur de L’INDÉPENDANT. C’est valable pour l’actuel Directeur de la RTG, Sékouba Savané, qui serait encore au journal LA LANCE.
En France, le journal FRANCE-FOOTBALL ne serait peut-être pas créé si Jacques Ferran n’avait pas quitté L’ÉQUIPE pour le fonder. Juan GOMEZ a commencé sa célèbre émission ailleurs, avant de déposer ses valises chez RFI.
Il faut savoir que la plupart des grands journalistes du Groupe HADAFO MÉDIA sont des transfuges d’autres médias. Ils sont venus chez Guirassy, certainement, pour deux raisons : une meilleure rémunération et/ou une nouvelle aventure pour un perfectionnement professionnel certain. C’est normal, c’est logique !
En venant à ESPACE, ils ont quitté d’autres médias. Là, le public n’a pas parlé d’ingratitude, de trahison, de péché,… Le public doit comprendre que nous sommes dans un environnement libéral. Comme tel, l’homme est tenté d’aller là où il gagne mieux, là où il s’émancipe mieux, là où il se sent mieux.
J’admire et je respecte Lamine Guirassy qui, mieux que quiconque, connait les principes et les coups fourrés du monde libéral. Ses premiers propos, suite aux premiers départs, font de lui un Grand homme. Qu’on le dise ou non, il a fait trois choses qui méritent d’être relevées:
1) Lamine Guirassy a révolutionné l’audiovisuel en Guinée
2) Lamine Guirassy a démystifié, secoué et défendu tout le monde en Guinée: gouvernants, politiques, officiers, sociétés dîtes civiles, bas peuple,… 
3) Lamine Guirassy a contribué à la formation et au perfectionnement de bon nombre de jeunes journalistes, sans aucune distinction.
Ce qui est en train de se passer dans nos médias, se passe toutes les années dans les autres secteurs d’activité, sans que l’on ne dise mot.
Savez-vous que la plus part des Directeurs et cadres qui dirigent les banques ont été formés et ont longtemps servi à la BICIGUI, à la SGBG ou à l’UIBG, d’où ils ont été débauchés par les concurrentes qui ont ouvert après ?
Savez-vous que la plupart des patrons de la presse écrite ont été formés au métier par les Groupes HOROYA, LYNX-LANCE et L’INDÉPENDANT ?
Savez-vous que tous les cadres guinéens qui dirigent les autres sociétés d’assurances en Guinée sont les produits de L’UGAR, d’où ils ont été débauchés ? Il en est ainsi, même dans l’enseignement privé.
C’est la logique du libéralisme économique : ou on s’y accommode, ou on revient à l’économie planifiée. Cela ne devait pas étonner.
Toutefois, vu sa jeunesse et sa sensibilité, la corporation devrait réglementer les procédures de gestion des ressources humaines dans les médias. Ceux qui débauchent les hommes de médias doivent honorer leurs promesses et veiller à pérenniser les acquis de leurs employés. Il faut éviter de briser la carrière des jeunes.
Bonne chance à tous.
Pourvu que nous soyons informés suivant les règles de l’art.
Ibrahima Jair KEITA pour GCO
GCO Copyright © GuineeConakry.Online