Le rapport annuel de l’Amnesty international sur la Guinée, montre une violation des droits humains et une régression drastique des libertés collectives et individuelles.
En Guinée 2020 est une année électorale et, déjà en début d’année 2019, un climat de tension s’était installé suite à la revendication des partis pour l’organisation des élections législatives auquel s’ajoutent des velléités prêtées au professeur Alpha Condé de vouloir briquer un troisième; situation qui a fait naître le Front national pour la défense de la constitution(FNDC), avec pour objectif: contrer toutes idées de modification constitutionnelle devant aboutir à un troisième mandat en faveur du professeur Alpha Condé.
L’organisation internationale pour la défense des droits de l’homme a établi un rapport de la situation des droits humains en Guinée en 2019. Ce rapport en six points, pose un diagnostic peu élogieux des droits humains dans un État qui se veut être un État de droit.
Dans le point consacré à la législation, Amnesty constate une restriction de la liberté de manifester à travers une loi votée à l’Assemblée nationale. Ce texte jugé flou autorise la police et la gendarmerie de faire usage des armes, sans évoquer les circonstances de leur l’utilisation et, elle a aussi légalisé la polygamie. Une loi qui est restée ambiguë pour plusieurs acteurs de société civile.
Le deuxième point du rapport évoque l’utilisation disproportionnée de la force contre les manifestations et réunions pacifiques. Selon Amnesty le gouvernement guinéen aurait utilisé la force pour empêcher les citoyens opposés à leur projet de manifester librement leur opinion :《Le 31 mai, un étudiant, Amadou Boukariou Baldé, a été battu à mort par des gendarmes qui dispersaient une manifestation à l’université de Labé. Ses proches ont déposé une plainte auprès du ministère public mais elle a été classée sans suite. Au moins 11 personnes ont été tuées par des tirs à balles réelles les 14 et 15 octobre à Conakry. Parmi elles figuraient Boubacar Diallo (14 ans) et Mamadou Lamarana (17 ans). Au moins un autre manifestant et un gendarme sont morts durant des manifestations dans la ville de Mamou.》
Dans ce paragraphe, Amnesty dresse une longue liste de bavures policières incluant la mort de plusieurs civils.
Le troisième partie aborde la situation de la liberté d’expression dans le pays du professeur. Amnesty international y pointe du doigt le musellement des journalistes, des acteurs de la société civile bref du peuple :《Des journalistes et plus d’une soixantaine de membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement en faveur de la démocratie, ont été arrêtés arbitrairement.》
L’organisation des droits l’homme montre les arrestations, les intimidations et l’emprisonnement des hommes de médias érigés en stratégie pour anéantir toutes formes de revendication citoyenne :《 Le 26 mars, Lansana Camara, administrateur général du site conakrylive.info, a été arrêté après avoir publié un article accusant des services ministériels de corruption. Il a été inculpé de diffamation et libéré sous caution le 2 avril. Le 4 mai, la police a arrêté sept membres du FNDC qui avaient organisé une manifestation à Kindia, dans l’ouest de la Guinée. Ils portaient des tee-shirts arborant le slogan « Ne touche pas à ma Constitution ». Le 7 mai, ils ont été condamnés à trois mois d’emprisonnement et à une amende de 500 000 francs guinéens (environ 50 euros) chacun. Ils ont été remis en liberté après l’examen de leur appel le 13 mai.Aboubacar Algassimou Diallo, animateur de radio, et Souleymane Diallo, administrateur général du journal satirique Le Lynx, ont été convoqués à la Direction de la police judiciaire le 19 et le 20 août, respectivement. Ils étaient accusés, entre autres, de diffusion de données de nature à troubler l’ordre public. Les charges ont été abandonnées en septembre.》
Elle fait part également de l’arrestation arbitraire de plusieurs responsables du FNDC suivi de leur emprisonnement après un jugement expéditif au tribunal de Dixinn : 《Huit cadres du FNDC ont été arrêtés le 12 octobre, alors qu’ils se préparaient pour une manifestation. Le 22 octobre, le tribunal de Dixinn a déclaré Abdourahamane Sano, Alpha Soumah (alias Bill de Sam), Ibrahima Diallo, Bailo Barry et Sékou Koundouno coupables de « provocation directe à un attroupement non armé ».
Plusieurs cas similaires sont cités dans le rapport pour lui donner une valeur juridique justifiable.
La détention occupe la quatrième partie du rapport sur la Guinée. Selon Amnesty, en Guinée, les prisons sont surpeuplées et les détenus sont dans des conditions inhumaines : 《Au moins huit personnes sont mortes en détention en 2019. Selon l’administration pénitentiaire, en octobre, quelque 4 375 personnes étaient détenues dans 33 prisons, dont la capacité totale était de 2 552 prisonniers seulement ; 54 % de ces personnes étaient dans l’attente de leur procès. À la prison centrale de Conakry, qui pouvait accueillir 500 prisonniers, étaient détenues 1 468 personnes, dont 68 % n’avaient pas encore été jugées.》
La cinquième partie du rapport a été réservée à la situation des droits des homosexuels, des lesbiennes et autres qui se heurtent à la loi et aux traditions. Il faut rappeler que ces pratiques sont rejetées par les Guinéens dans leur ensemble, même dans certains pays du monde ce droit semble être consacré. En Guinée les personnes dans telles relations sont sujets de bastonnades et de lynchage : 《Le Code pénal érigeait toujours en infraction les relations homosexuelles, qualifées d’« acte contre nature », ce qui créait un climat de peur et servait à harceler des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes (LGBTI). Au moins deux personnes, dont un garçon de 14 ans, ont été arrêtées à Kankan, dans l’est du pays, le 18 août en raison de leur orientation sexuelle réelle ou supposée et inculpées en vertu des dispositions du Code pénal relatives à l’outrage public à la pudeur. En octobre, les charges contre cet adolescent ont été abandonnées et il a été relâché.》
Enfin la dernière partie du rapport montre la situation peu reluisante des droits et libertés en Guinée, vue par Amnesty international pointe du doigt l’impunité. À ce point du rapport on s’aperçoit qu’en Guinée les hauts cadres de l’administration, de la sécurité et de l’armée sont au-dessus de la loi et que, la justice est faite pour les pauvres, la basse classe de la société guinéenne : 《En février, un capitaine de police a été déclaré coupable de l’homicide d’un homme lors d’une manifestation, en 2016. Il a été condamné à 10 ans d’emprisonnement et au versement de 50 millions de francs guinéens (4 864 euros) de dommages et intérêts à la famille de la victime pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ses supérieurs n’ont pas été traduits en justice. Toujours en février, un capitaine de la brigade anticriminalité de Kipé, un quartier de Conakry, a été condamné à six ans d’emprisonnement pour avoir torturé un homme en garde à vue, en mars 2016. Au moins 10 autres gendarmes et policiers avaient été suspendus à la suite des faits, mais ils n’ont pas été poursuivis.》
L’autre point notoire selon Amnesty, est l’incapacité de l’État guinéen de faire le procès des tueries du 28 septembre 2009 :《 Dans l’affaire du massacre perpétré en 2009 au stade de Conakry, le ministre de la Justice a promis en novembre que le procès débuterait en juin 2020 au plus tard, en précisant que cela nécessiterait de créer un tribunal spécial et de former des juges. Auparavant, la Cour suprême avait rejeté tous les appels interjetés à l’issue de l’enquête, y compris ceux des victimes contestant l’abandon des charges qui pesaient sur Mathurin Bangoura et Bienvenue Lamah. Plus de 150 manifestant·e·s avaient été tués et au moins 100 femmes avaient subi des violences sexuelles en septembre 2009.》
Bokhidi KENDE pour GCO
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