Le 31 mars 2014, Majhoub Faouzi journaliste de renom, l’un des plus grands spécialistes du football africain était rappelé à Dieu des suites d’une longue maladie, qui l’a immobilisé trois ans en France. Sa vie durant; il s’est investi pour défendre la cause des footballeurs africains dans les colonnes de Afrique Asie, où il signait sous le nom de Amady Camara, et dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Pour la petite histoire, j’ai eu l’honneur de l’interviewer à la faveur des phases finales de la CAN des cadets au mois de mai 1999 au Novotel de Conakry (voir photo en compagnie Mamadou Cellou Diallo, actuellement administrateur de l’agence Binani correspondant de l’AFP) . A la faveur de cet entretien, je me suis rendu compte de la maîtrise de la problématique du football africain par Faouzi. Un journaliste engagé, qui s’est attelé à bousculer bien des certitudes établies en Europe.
Dans la Lance de la semaine, je me suis essayé à produire le texte ci-après sur le défunt:
Le 31 mars 2014, le journaliste et chroniqueur sportif Faouzi Mahjoub nous quittait des suites de la maladie de Charlot, qui l’avait immobilisé trois ans durant. Il s’est éteint après une vie professionnelle à la fois riche et héroïque au service du football en Afrique et dans le monde.
Boursier tunisien en 1961 pour des études en médecine, par le plus pur des hasards, sa passion pour le football le fera atterrir à Paris où le virus du ballon rond ne lui laissera plus aucun répit pendant une cinquantaine d’années.
Faouzi Mahjoub était le spécialiste mondial du football africain. Il avait commencé dans le métier en 1961 et avait travaillé pour plusieurs revues comme Jeune Afrique, Miroir du Football, Miroir Sprint, ou parfois Afrique Magazine. Ces dernières années, il avait recommencé à écrire pour Afrique Asie, et c’était pour nous à la fois un honneur et un plaisir que de pouvoir publier ses papiers. Il animait également un blog, “Miroir du foot africain” à l’adresse et n’hésitait jamais à faire émissions de radio et documentaires télé si cela pouvait servir la cause du foot africain. Il avait notamment collaboré à la série tournée par Arte lors du cinquantenaire des indépendances africaines, en 2010.
Son talent et ses compétences lui avait aussi permis d’occuper de nombreuses autres fonctions : entre 1990 et 2006, il avait été membre de la commission des Médias de la Fifa. Dans le même temps, il était conseiller de presse pour la Confédération africaine de football (entre 1988 et 2004) et chef de presse pour la Coupe d’Afrique des nations (1988 – 2002) ainsi que pour la Coupe du monde, de 1994 à 2002. Entre 1968 et 2008, outre ses articles, il avait publié quelque huit grands livres sur le foot africain, principalement des encyclopédies ou des rétrospectives.
Faouzi était un ami du foot et des footballeurs, à tu et à toi avec nombre de stars du ballon rond : lors de son dernier voyage à Bamako, en 2012, c’est chez Salif Keita qu’il était allé loger. Il avait la dent dure, aussi, et ne supportait pas les petits – et les gros – arrangements qui peuvent exister dans ce monde terriblement concurrentiel et souvent conflictuel. Il pardonnait, toutefois, y compris à ceux qui l’avaient offensé et, après quelques années “en froid” avec la Fifa, il avait renoué des relations avec cet ancien employeur et lui avait même transféré une partie de ses archives.
Fin connaisseur du passé mais toujours désireux d’améliorer l’avenir, il regrettait que la France ne se débrouille par mieux qu’elle ne le fait actuellement pour former la jeune garde footballistique africaine, compte tenu des moyens financiers dont elle dispose. Elle se contente en effet bien souvent de recruter des gamins prometteurs et de les “revendre” très vite, sans assurer de véritable suivi.
Observateur averti du football guinéen, le défunt n’a pas manqué de consacrer quelques pages à quelques-uns de nos footballeurs avec des qualificatifs originaux – Souleymane Chérif ‘’ le crack de Kindia, Mamadouba Maxime Camara ‘’ l’idole persécutée’’, Ibrahima Sory Keïta ‘’le maître du dribble’’, Mamadou Aliou Keïta N’Jo Léa ‘’ le bonheur du Syli’’.
En cette fin du mois de mars, nous établissons une transition entre Faouzi Mahjoub et le regretté Maxime Camara ex sociétaire du Hafia et du Syli national décédé le 29 mars 2016 des suites d’une longue maladie. Dans son ouvrage Le football africain paru aux éditions JA Livres, Faouzi écrit ceci à propos de Maxime Camara ‘’ Bien qu’il ait abandonné le football depuis 1975, Maxime Mamadouba Camara, demeure encore et toujours un personnage de légende en Guinée.
Peut-être parce qu’il a connu une carrière riche et passionnante dans un pays où le ballon a tenu, de 1966 à 1978, une place si importante mais aussi parce que cet excellent joueur qui ne manquait pas de personnalité, gendre de feu Sékou Touré, fut un privilégié avant d’être un persécuté.
Footballeur, Maxime a tous les talents : c’est un artiste. Petit de taille, fin, léger, essentiellement gaucher, il est très spectaculaire. Ses crochets lui permettent de déborder et de s’infiltrer dans les défenses les plus hermétiques. Mais « Max » préfère la manœuvre collective qui déséquilibre, le une-deux avec ses amis Chérif ou Sory. Et puis, gare à son tir de volée qui surprend et fait mouche ! Il possède aussi une souplesse étonnante.
Par prudence, pour éviter les coups, il esquive avec habileté. Et si, par malheur, il est touché, jamais il ne se plaint ni n’accable l’adversaire coupable de brutalité….’’ Paroles d’un fin connaisseur de football.
Thierno Saïdou DIAKITE pour GCO
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