Alexandre Biyidi Awala, Eza Boto ou Mongo Beti en littérature, fils d’Oscar Awala et de Régine Alomo, naît le 30 juin 1932 à Akométam, petit village situé à 10 km de Mbalmayo, lui-même distant de 45 km de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Akom, le rocher; Etam, la source.
Akométam, le rocher de la source. Sur les anciennes cartes de la région, le nom est encore en deux parties. Il prend le pseudonyme de Beti qui est le nom du groupe ethnique auquel il appartient : Béti.
Études
Après des études primaires à l’école missionnaire de Mbalmayo, il entre en 1945 au lycée Leclerc à Yaoundé. Bachelier en 1951, il s’installe en France pour y poursuivre des études supérieures de lettres à Aix-en-Provence, puis à la Sorbonne à Paris. En 1966, il devient professeur agrégé en lettres classiques.
Débuts en littérature
Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence africaine, dirigée par Alioune Diop, en
1953. Un premier roman, Ville cruelle, sous le pseudonyme d’Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence africaine.
Écrivain anticolonialiste
Mais c’est en 1956 que la parution du roman Le Pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite
Mission terminée, 1957 (prix Sainte-Beuve, 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.
En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri-Avril à Lamballe. Il passe l’agrégation de Lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu’en
1994. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben.
Victime de la censure:
En 1972, il revient à l’écriture. Publié par François Maspero après un refus des éditions du Seuil, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande, relayée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspero obtiennent en 1976 l’annulation de l’arrêté d’interdiction de Main basse.
Dénonciation du néo-colonialisme
En 1978, il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs, Peuples africains, qu’il fait paraître jusqu’en 1991. Cette revue décrite et dénonce les maux apportés à l’Afrique par les régimes néo-coloniaux. Pendant cette période, paraissent les romans La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les Deux Mères de Guillaume Ismael Dzewatama futur camionneur (1983), La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), également une Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobe (1986) et le Dictionnaire de la négritude (1989, avec Odile
Tobner).
Retour au Cameroun
En 1991, Mongo Beti rentre au Cameroun, son pays natal, après 32 années d’exil. Il publie en 1993 La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs et organise dans son village d’Akometam des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens, donne à la presse privée de nombreux articles de protestation. Parallèlement, il publie plusieurs romans : L’Histoire du fou en 1994, puis les deux premiers volumes, Trop de soleil tue l’amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), d’une trilogie restée inachevée.
Il est hospitalisé à Yaoundé le 1er octobre 2001 pour une insuffisance hépatique et rénale aiguë qui reste sans soin faute de dialyse. Transporté à l’hôpital général de Douala le 6 octobre, il y meurt le 7 octobre 2001.