11 avril 2004- 11 avril 2022. Cette semaine marque l’an dix-huit de la disparition de Mamadou Aliou Keïta plus connu sous le nom de N’Jo Léa, ex sociétaire du Hafia Football Club et du Syli national. Le 11 avril 2004, N’Jo Léa livrait le dernier match de sa vie. A peine âgé de cinquante-deux ans, il aurait pu être des nôtres pour quelques années encore.
En dehors de Ibrahima Kandia Diallo, Il faut reconnaître que N’Jo Léa est l’un des plus grands avants centre, que notre football ait produit. Découvert dans les rues de Tombo et de Coronthie où à l’instar de tous les gamins de son âge, il s’essayait sans cesse à taper dans un ballon. La carrière de N’Jo Léa a connu une progression fulgurante. Dès 1969, à 17 ans à peine révolus, il intègre les rangs de la solide équipe du 3ème arrondissement de Conakry 1, victorieuse de la Coupe PDG. Là, il côtoie d’illustres aînés tels que Soumah Sény ‘’ Blinki’’ , Théodore, Bouya, El Hadj… et surtout Kandia Diallo dit Monsieur But, l’avant-centre du Syli national qu’il s’est choisi comme modèle, et à l’ombre duquel il apprend les ficelles du métier. Il se forge très rapidement une réputation de buteur insatiable et plus rien ne viendra freiner son ascension.
Le 15 novembre 1970, à 18 ans, N’Jo Léa honore sa première sélection sous les couleurs du Syli national face au Sénégal dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations. La Guinée l’emporte par un but à zéro. C’est le début d’un long bail entre le joueur et la sélection nationale.
Dans son livre ‘’ le football africain’’ publié dans la collection Jeune Afrique Livres, notre confrère Faouzi Mahjoub écrit ‘’ « Jo » dont les qualités de tireur n’étaient pas négligeables, eut la chance d’opérer aux côtés du célèbre trio Chérif Souleymane-Maxime Camara-Petit Sory. Il eut vite fait de devenir la terreur des défenses. Doté d’un bon tir, N’Jo Léa comptait sur la vivacité et la puissance.
Au sein de l’attaque guinéenne, les balles lui arrivaient dans l’axe du but. Il aimait faire la pirouette, ajouter un crochet court avant d’expédier un shoot victorieux. On s’efforçait de le marquer, certes, mais il y avait pour toute défense qui rencontrait les Guinéens de multiples problèmes : il fallait neutraliser ses pourvoyeurs. Finalement, il tirait profit de la notoriété et de la classe de ses aînés…’’ A travers ce portrait fait par l’un des meilleurs spécialistes du football africain, il est aisé de saisir la stature du défunt.
Pour remonter le fil de la carrière de N’Jo Léa, nous citerons le reporter free-lance M’Baye Bâ Diagne Schusta qui à l’annonce de son décès avait écrit ces lignes ‘’…Il a vu le jour à Conakry, précisément à Tombo (dans la cour de Mamadiya), il y passa toute son enfance et sa jeunesse. Après, il alla vivre à quelques mètres de son quartier natal à Sans Fil, dans la commune de Kaloum. Il commença sa jeune carrière dans les rues de Tombo et de Coronthie et au niveau de son école professionnelle maritime à Almamya. C’était le déclic de son football. Il connut une carrière précoce, car on le sélectionna directement dans l’équipe élite du Hafia et du Syli national des années 70…’’
Très ému par la disparition du footballeur, M’Baye Bâ Diagne se laisse à son imagination pour noircir sa feuille avec ces lignes ‘’…On ne verra plus notre pichichi, notre goleador, notre capocapioniero, notre buteur maison. Notre poète du football est parti pour ne plus revenir au royaume du silence…’’
En dépit de sa notoriété, l’ancien sociétaire du Syli national est mort dans le dénuement. Il a vécu une situation pas du tout enviable pour ce qu’il fut. Malheureusement, son cas n’est guère isolé. Le problème des anciens sportifs toutes disciplines confondues est entier chez nous. Durant leur carrière, ils ont rendu d’immenses services à la nation. A la faveur de leurs performances, le tricolore a flotté haut dans le ciel, et l’hymne national a retenti plusieurs fois. Ce sont des actes qui n’ont pas de prix, et qui méritent une reconnaissance par devoir de mémoire. Nous avons l’impérieuse obligation d’immortaliser ceux qui honorent et grandissent l’image du pays.
En cette semaine anniversaire de la disparition de N’Jo Léa, nous avons une pensée pieuse pour les disparus du Hafia que l’on a tendance à oublier, tels que : Soumah Soriba Edenté, Arsène Campbell, Fodé Bouya Camara, Ibrahima Fofana Calva 3, Mamadi Cissé, Alsény Diaby Lévia, Gassimou Camara Hidalgo, Ali Badara Keïta Kolev, Morciré Sylla, Amara Pelé Touré, Youssouf Camara Janski, Petit Bangaly Sylla, Mamadouba Maxime Camara, Abdoulaye Banks Keïta, Mory Koné, Abdoulaye Bernard Sylla etc…
Thierno Saidou DIAKITE pour GCO
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