C’est la question qu’un étudiant m’a posée hier. Je lui ai dit ce qui suit :
1) parce que le Sénégalais est bien formé et il tient à sa formation.
Le Sénégalais d’aujourd’hui est l’héritier du Sénégalais d’hier, celui des premières années du siècle dernier.  Quand le Sénégalais veut apprendre, il va jusqu’au bout.
Même s’il ne parvient pas à aller très loin, il cherchera à maîtriser le peu qu’il a appris.
2) parce qu’il y a une solidarité et une civilité entre les intellectuels et les cadres sénégalais, appuyées par les dirigeants de ce pays. D’ou, une forme de lobbying qui consiste pour L’Etat sénégalais à booster ses talents à l’étranger.
3) parce que les cadres sénégalais (par un pacte non écrit) sont souvent, voire toujours, parrainés par la France. En effet, la plupart des cadres et intellectuels sénégalais sont apparemment moulés dans la vision de la géopolitique de la France à travers le monde.
Bien sûr qu’il y a des exceptions dans le monde politique sénégalais comme Mamadou Dia, Waldiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Amath Dansoko, Landing Savané et, aujourd’hui, Ousmane Sonko et quelques intellectuels de ces derniers temps. Senghor (le plus Français des Africains) a bien œuvré dans ce sens. Si bien que les candidatures des cadres sénégalais dans les institutions internationales sont de facto soutenues et appuyées par la France, notamment les institutions du système des Nations unies.
La France est rassurée de la présence sénégalaise à ces postes, en raison de son influence directe ou indirecte sur la formation et sur le pays.
Voilà (de mon point de vue) pourquoi, les Sénégalais sont plus nombreux que les Camerounais et les Maghrébins qui sont autant bien formés et méritants. C’est la même observation sur la présence des Sénégalais à la tête des filiales des multinationales françaises en Afrique : Total, Orange, Bolloré, le secteur financier,…
À mon étudiant, j’ai conclu en l’encourageant à bien se former et espérer que les dirigeants de son pays soutiennent et propulsent leurs élites, au lieu de les détruire. Qu’on aime ou non cette réalité, le Sénégal a le mérite de bien former ses enfants et de les soutenir à l’international, même avec le coup de pouce de l’ancien colonisateur.
À la vérité, ils ont la formation requise et font preuve de capacités aux différents postes.
Que mes amis Sénégalais m’excusent, s’ils sont choqués par mes propos. C’est ce que je crois.
Mon pays doit en tirer le meilleur enseignement pour qualifier la formation de sa jeunesse et soutenir les jeunes talents.
Merci.
Ibrahima Jair KEITA