1) Le changement en moins de 24H d’une décision de portée nationale. Cela donne l’impression d’un manque de concertation entre membres du gouvernement d’une part et entre les cadres du Département de l’autre. Je reste convaincu que le Ministre (par peur ou par manque d’argumentaire), n’a pas pu convaincre le Président sur l’évolution des dispositions prises par le pays organisateur, la motivation de nos athlètes et le poids des JO, qui sont le plus grand rassemblement de l’humanité. Aussi, j’ai le sentiment qu’il n’est pas passé par le Premier ministre, comme le veut la procédure pour ce genre de dossier engageant le gouvernement de la République. Est-ce qu’il a eu un entretien sérieux avec les spécialistes de son cabinet au sujet du dossier ? J’en doute.
2) Il faut espérer qu’en plus du communiqué destiné à l’opinion, un courrier sera adressé Comité National Olympique et Sportif de Guinée. Déjà, au niveau des médias internationaux, la Guinée est logée à la place de la Corée, complétant à 2 pays, le nombre de participants. Aussi, il faut faire vite pour ne pas que la pancarte et le drapeau de la Guinée soient exclus de l’ordre du défilé des participants à ce grand Rendez-vous des nations. Habituons-nous aux bonnes pratiques et à la rigueur avec nous-mêmes pour mieux servir notre pays qui nous a formés à cet effet.
Venons-en à mon propos. Dix ans après son accession à l’indépendance, la Guinée a commencé à participer aux Jeux olympiques d’été sans relâche. Sauf en 1972 et 1976, par solidarité au mot d’ordre de boycott décidé par les pays africains. La plus massive de ses participations aura été celle de ses 10 ans, en 1968, avec une forte délégation composée en grande partie de footballeurs. Même si lors de certaines éditions nous n’avons pas compéti, le pays été représenté par les officiels et le porte-drapeau de CNOSG.
Durant les années 90 et 2000, l’Africain le plus influent et le plus respecté du Comité Exécutif du Comité International Olympique était un Guinéen, en la personne de feu Alpha Ibrahima Mongo Diallo. Le pays de ce grand dirigeant du Mouvement olympique mondial ne doit pas être absent des JO. La raison évoquée par le Ministre des Sports ne pouvait pas tenir : la Guinée n’est pas le seul pays éprouvé par pandémie, ou le seul pays qui a le souci de la santé de ses athlètes.
La Guinée n’est pas non plus le seul pays au monde qui a des contraintes financières. Cet argument ne tient pas, puisque le pays organisateur a pris des mesures très strictes sur la sécurisation sanitaire, allant jusqu’à interdire les stades au public, avec les conséquences évidentes sur les finances du Japon et du CIO. Même les nombreux athlètes des pays les plus exigeants et les plus méticuleux en la matière, sont arrivés, après que le Japon eut rassuré la planète entière des dispositions sécuritaires draconiennes qu’il a prises.
Il serait incompréhensible que les athlètes guinéens bien préparés et très motivés, et les membres de notre Comité national olympique soient absents à ce jamborée, le seul qui réunit la jeunesse de la planète Terre. J’en serai personnellement malade, sachant que les représentants des plus petits petits pays du monde (aux dimensions des Îles de Loos) sont déjà arrivés au Japon au moment où la Guinée est le seul pays de l’Afrique et…du monde à annoncer son retrait… puis son retour… Enfin.
    • Ibrahima Jair KEITA