Le député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale appelle le Président Paul Biya à prendre ses responsabilités, dans la gestion du coronavirus.
Dans une tribune consultée par la rédaction d’Actu Cameroun écrite par le député Cabral Libii, Paul Biya est appelé à prendre les choses en main dans la gestion du coronavirus. L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018 indique qu’au vu de l’ampleur de la situation, le ministre de la Santé le Dr Malachie Manaouda ne peut plus être le seul à piloter le pays, pour ce qui est de la gestion de ladite pandémie.
Le désormais député Cabral affirme qu’il n’est plus possible que le pays soit géré en mode pilotage automatique. Il souligne que c’est cette façon de gouverner qui a occasionné dans les régions anglophones, une guerre civile depuis quatre années.
Pour Cabral Libii, la bonne gestion de cette crise sanitaire se présente comme un moyen honorable de sortie pour le Chef de l’Etat Paul Biya. Constatant que le peuple a été abandonné par son chef, Cabral Libii lui recommande de faire preuve de responsabilité collective et individuelle, dans les mesures de prévention du Covid-19.
Retrouvez-ci dessous la tribune de Cabral Libii
Crises sur crises !
De la crise sanitaire a la crise économique…
On peut s’en sortir !
La crise sanitaire du COVID19 frappe de plein fouet notre pays. Avec un peu plus de 2000 cas officiels d’infections et près de 70 morts, le Cameroun se dirige sûrement vers une catastrophe sanitaire. La levée inconséquente des restrictions des mouvements des citoyens dans un pays avec une faible culture de la responsabilité individuelle et collective va certainement augmenter le nombre de contaminations, de la mortalité et la surcharge de notre système de soins déjà mal équipé et mal préparé à la gestion de cette crise.
Mais le pire est à venir : La crise économique pointe déjà à nos portes. Le gouvernement voyant les nuages s’amonceler sur sa tête à dû abandonner sa stratégie de lutte contre le coronavirus qui était basé non pas sur le confinement mais sur la régulation sociale, afin de « freiner » la progression de l’épidémie tout en protégeant notre fragile tissu économique.
Mais en six semaines, le mal était déjà fait. Les PMEs grandes pourvoyeuses des recettes fiscales et des emplois, étaient presque toute au bord de l’apoplexie. Comme dans un cercle vicieux, pour essayer de les réanimer, le PM vient de décider de faire une quasi pause fiscale de 03 mois. Bouffée d’air qui va néanmoins favoriser la baisse des recettes de L’Etat, qui aura du mal à faire face à des dépenses courantes d’investissement et de fonctionnement (construction de routes, hôpitaux, écoles, salaires des fonctionnaires, etc..).
Pour ne rien arranger, la dette publique, évaluée à 8 424 milliards, soit 37,3% du PIB reste un poids asphyxiant pour l’économie camerounaise. Le service de la dette (budget alloué annuellement pour rembourser la dette du pays) représente 720 milliards en 2020. Une somme qui aurait pu servir à répondre aux besoins sanitaires, sociaux et économiques de cette crise.
En rappel, un pays efface sa dette par quatre moyens : la croissance, le remboursement par les emprunteurs, la spoliation des préteurs, et la guerre ou une pandémie.
1. La croissance, même accompagnée d’une inflation modérée, est la meilleure solution. Quand cette croissance est robuste et qu’elle créé assez de richesses, la dette est facilement remboursée. Le plan Marshall européen au secours de la seconde guerre mondiale en est une illustration.
2. Le remboursement, volontaire ou forcé, par les emprunteurs (c’est à dire les contribuables), suppose plus d’impôts et moins de dépenses publiques, qu’on nomme « austérité ». Cela s’est déjà vu lors des plans d’ajustements structurels (PAS) imposés par les institutions de Bretton Woods aux pays africains dont le Cameroun au début des années 90. C’est une méthode économiquement absurde, puisque cela entrave paradoxalement toute perspective de croissance et détruit le tissu social des pays.
3. La guerre ou la pandémie.
Si vous gagnez une guerre le pays vaincu lors des traités de paix va s’engager à payer toutes les réparations du pays vainqueur. En cas de difficulté, le pays vaincu est parfois contraint de céder une partie du territoire au pays vainqueur pour effacer sa dette. Le payement financier de dette de guerre peut parfois s’étaler sur plusieurs décennies du fait des intérêts de la dette qu’elle génère. Jusqu’aujourd’hui l’Allemagne paye toujours les dettes issues de ses défaites des 1ere et seconde guerre mondiale face aux « pays alliés ».
Quant aux pandémies, le pays mis en cause peut être emmené à payer la note salée. Sur le COVID19 par exemple, certains pays occidentaux à l’instar de l’Allemagne ont déjà apprêté la facture qu’elles enverront à la Chine si l’origine artificielle de la pandémie y était prouvée. Dans grandes batailles sanitaro-diplomatico-juridiques sont à prévoir dans les semaines à venir.
4. La spoliation des préteurs.
Elle suppose l’annulation des dettes publiques. Elle est régulièrement pratiquée dans les pays émergents et des pays d’Afrique. Le Cameroun avait par exemple bénéficié lors du point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2006, d’un allègement de sa dette à hauteur de près de 1400 milliards de FCFA.
A l’époque les autorités en charge de ce dossier, dont l’ancien ministre des finances et du Budget, Henri Engoulou, s’étaient montrées exemplaires. Le dossier du Cameroun était passé presque comme une lettre à la poste.
Source : Actu Cameroun