Les dirigeants d’entreprises de services numériques, les directeurs de systèmes d’information, les organisations patronales africaines, les personnalités politiques et représentants de la société civile ont dressé, lors des assises sur la transformation digitale en Afrique, les enjeux et défis portés par l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique. Selon ces professionnels du numérique, l’Intelligence Artificielle essaime déjà en Afrique mais devrait être réellement implantée d’ici trois à quatre ans, constituant à la fois une énorme opportunité de développement pour le continent mais aussi un défi auquel il convient de se préparer.
Au cours de son intervention, le ministre congolais des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique a rappelé que le président Denis Sassou-N’Guesso a placé le numérique comme cinquième axe de son projet de société, afin d’arrimer le Congo au développement de l’économie numérique. « Nous avons la base de l’économie numérique à travers les infrastructures. Nous sommes membres du consortium WACS avec notre opérateur historique Congo-Télécom. » A soutenu Léon Juste Ibombo, avant d’ajouter : « Nous sommes aussi en train de finaliser deux autres projets pour interconnecter le Congo avec des pays voisins. Nous avons finalisé les travaux d’interconnexion avec le Gabon et avons lancé des études qui sont achevées et, sous peu, nous allons signer des contrats pour interconnecter le Congo et le Cameroun à travers un câble souterrain, et le Congo avec la RCA, à travers un câble sous fluvial. »
Il a fait savoir que l’économie numérique au Congo constitue l’ambition du chef de l’État. Parce que c’est la nouvelle révolution, « la seule révolution que l’Afrique n’a pas le droit de rater ». C’est pourquoi, a-t-il signifié, « le Congo travaille à s’arrimer à cette nouvelle dynamique. » Pour ce faire, Léon Juste Ibombo a indiqué que le gouvernement de la République du Congo a approuvé une stratégie de développement de l’économie numérique fondée sur trois piliers : le e-citoyen, le e-Gouv et le e-business.
Le pilier e-citoyen, a-t-il expliqué, est relatif à tous les services et contenus numériques pour le grand public. Le e-gouv est, quant à lui, lié aux services et contenus numériques pour le gouvernement et les administrations publiques et, enfin, le e-business est relatif aux services et contenus numériques pour les entreprises. Il servira de référentiel et permettra de positionner le digital comme un secteur majeur dans la diversification de l’économie du Congo. « Le gouvernement, sous la férule du Premier ministre, Clément Mouamba, a déjà analysé les lois sur la protection des données à caractère personnel, sur les transactions électroniques, sur la cybersécurité et cybercriminalité et nous allons mettre en place une agence nationale de sécurité des systèmes d’information. » A fait-il savoir à l’auditoire, tout soulignant que « L’ambition du gouvernement congolais est de faire du numérique un levier important pour la compétitivité de nos entreprises. Et pour cela, des bases sont déjà posées : les infrastructures, l’arsenal juridique et faire en sorte qu’à travers la révolution du digital, les jeunes puissent avoir de l’emploi. »
Léon Juste Ibombo a ajouté que le mobile banking, qui connaît un développement extraordinaire, constitue actuellement, pour l’économie congolaise, une opportunité pour assurer l’inclusion financière, y compris dans les zones les plus reculées, notamment grâce au réseau postal.
L’implémentation de l’intelligence artificielle au Congo
Le ministre Ibombo a cité un certain nombre de projets actuellement en cours d’implémentation, à savoir le projet d’alphabétisation numérique qui consiste à introduire le numérique dans le cursus de formation du primaire jusqu’au supérieur ; le projet de caravane numérique pour sensibiliser l’ensemble des acteurs ; l’implantation des centres communautaires pour permettre une inclusion numérique, ainsi que le projet e-education.
Fort des avancées que réalise le Congo dans ce domaine, Léon Juste Ibombo a donné l’information sur la finalisation d’un accord avec la Banque africaine de développement, pour mettre en place un data center, afin que les données soient hébergées dans le pays. Le Congo, a poursuivi Léon Juste Ibombo, va également mettre en place un incubateur avec un fonds, pour aider les jeunes à pouvoir exercer dans ce secteur. « Un autre projet qui nous tient à cœur est celui de l’interopérabilité entre les plates-formes de gestion de monnaie électronique. L’autre projet qui est en train d’être finalisé est celui du timbre électronique qui permettra d’avoir la meilleure traçabilité pour tous les actes administratifs », a rassuré le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique.
Faire du Congo un Hub
Léon Juste Ibombo a présenté la vision du président de la République, Denis Sassou-N’Guesso, qu’est celle de faire du Congo un hub. A ce sujet, a-t-il expliqué, le pays travaille essentiellement sur deux grands projets : la couverture nationale en télécommunications, qui a permis le déploiement de la fibre optique de Pointe-Noire à Ouesso, ainsi que le projet Central Africa Backbone, qui permet l’interconnexion avec les pays voisins. « Nous avons une fibre entre Brazzaville et Kinshasa, entre Brazzaville et Libreville et nous serons demain interconnectés avec Bangui et Yaoundé », a-t-il noté.
Le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique a laissé entendre que la stratégie du pays dans le secteur du numérique est fondée sur le partenariat public-privé. « Nous analysons avec les partenaires pour voir de quelle manière le numérique sera réellement un levier pour le développement de nos économies. Nous souhaitons également renforcer nos capacités sur la question de l’intelligence artificielle et du big data. » A martelé le ministre Ibombo, avant de conclure que : « Dans le cadre de la loi des finances de cette année, nous avons présenté et fait adopter un fonds d’accès pour les communications électroniques qui permettra au gouvernement, qui a l’obligation d’assurer le service universel, d’aller dans certaines localités où les opérateurs ne peuvent pas se rendre par rapport à leurs cahiers des charges, pour interconnecter toutes zones non encore connectées. »
MIATOLOKA Boryce Agapyth
Correspondant particulier de GCO au Congo