Les premiers habitants de l’île de Tombo (l’actuelle commune de Kaloum) furent les Bagas ensuite les Téminès et les Mandenyis venus de Sierra-Leone d’où le quartier Téminètaye à Kaloum. Puis arrivèrent les Sousous en provenance de Dubreka et de Forécariah. La langue Sousou, le Sosokhui devint peu à peu la langue de communication de la région. Depuis 1885, date du transfert du chef lieu de la région de Dubreka à Conakry, il y eut des divisions géo-politiques au sein de Conakry et ce jusqu’à la loi cadre de 1957 (Loi Deferre abolissant la chefferie traditionnelle).
Les cantons d’Almamya dans l’actuelle commune de Kaloum, de Dixinn devenu commune de Dixinn, de Kaporo: localité située dans l’actuelle commune de Ratoma furent très célèbres. La zone la moins occupée par l’administration coloniale fut le canton de Kaporo, ce canton regroupait principalement les villages de Sonfonia (Sonfonia, Kobaya, Lambanyi et Soumabossya) et de Ratoma (Ratoma, Taouyah, Rogbanè et Kinkountoun). Kinkountoun recouvre les actuels quartiers de Belle-vue et Hafia.
Chaque village avait sa zone de culture et de recolte de paille. Ce fait était très marquant en raison de l’importance de l’agriculture notamment de la riziculture. Les bottes de pailles servaient de toitures aux cases. La pêche était souvent fructueuse. Les produits de la pêche étaient destinés à la consommation, l’excédant de poissons et de fruits de mer assèchés étaient commercialisés.
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Les contrées situées au-delà des rails Conakry-Niger étaient réservées à l’agriculture et à la recolte de pailles. C’est le cas de Koloma et Maninka-wondi, l’actuel quartier Hamdalaye. Maninka-wondi signifie en sousou: forêt où se trouve des maninkas. C’était le lieu de repos des commerçants malinkés venus à la recherche du sel, du poisson sec et d’autres produits de mer. Les autochtones les recevaient dans des paillottes au bord des champs ou sous des arbres.
C’est le 18 janvier 1890 que le lieutenant-gouverneur par intérim: Cerisier, promulgua un arrêté local portant réglementation des concessions provisoires (CP) de la presqu’île de Tombo. Le plan cadastral entra en vigueur le 7 juin 1890.
Les Faits marquants
Les droits des habitants autochtones (Bagas, Mandenyis, Téminès et Sousous) étaient preservés par la loi et par l’arrêté local du gouverneur Cerisier. C’est pourquoi, le bureau des affaires indigènes devait certifier la vacance des terrains demandés avant toute signature de CP.
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Une CP pouvait être transformée en concession gratuite et définitive (CGD). En ce moment, le bénéficiaire de la CGD pouvait débroussailler, clôturer et construire contre une redevance de siz (6) francs par hectaire.
La chefferie traditionnelle détenue alors à Kaporo par les Soumah au niveau du canton et les chefs coutumiers au niveau des Villages: Sylla ou Yattara à Ratoma, Camara à Sonfonia, avaient un monopole térrien étendu dans leurs domaines de compétences administratives. Les lotissements respectaient strictement les périmètres villageois et ce jusqu’à l’accession de notre pays à l’indépendance. Les tracées de rues firent l’objet de négociations préalables avec les autochtones des villages assortis de dédommagements et de recasements. Il est à souligner que l’administration coloniale fit bénéficier exceptionnellement aux ouvriers sénégalais travaillant pour elle des CGD. C’est ainsi que les premiers membres de cette communauté s’installèrent à Conakry.Peut être une image de océan et ciel
L’administration coloniale fut amenée à gérer un problème subsidiaire, celui du recasement des anciens prisonniers repentis ayant séjourné à la maison centrale de Conakry ainsi que celle de Fotoba dans les îles de Loos. Après de vives discussions avec les chefs coutumiers, il fut demandé au chef de village de Ratoma de venir en aide au commandant de cercle pour recaser des prisonniers qui, après avoir purgé leur peine, ne pouvaient pas retourner chez eux en raison du rejet dont ils pourraient y faire l’objet. Après une étude préalable de ce phénomène social et les consultations socio-confessionnelles et virtuelles, la bande allant de Maninka-wondi à Soumabossya fut identifiée pour servir de lieu de résidence aux prisonniers repentisPeut être une image de ciel et route
Cependant il était précisé qu’aucun d’entre eux ne pouvait bénéficier de CP ou CGD. Le chef coutumier se réserva le droit d’installer à titre précaire et provisoire les nouveaux venus en tenant compte des zones de cultures de riz et de recoltes de pailles.
La deuxième vague de non autochtones fut installée par la suite dans les mêmes conditions après le lancement de la société des bauxites du Midi à Kassa (Îles de Loos) et de la compagnie minière de Conakry à la fin de la 2ème guerre mondiale. Les aides ouvriers et domestiques étaient dans des campements. Le chef de village de Ratoma les installa dans la même zone que les prisonniers repentis. Cependant, il est à noter qu’à la même période, les sociétés minières avaient bénéficié d’une CGD dans le village de Kikountou pour des maisons d’habitations destinées aux ouvriers, agents de maitrises et encadreurs en bordure de mer (actuelle zone minière: commune de Dixinn). La zone de Kobaya n’avait pas connu d’entreprises industrielles et commerciales. Ce n’est qu’à Sonfoni que fut installée une savonnerie, appelée par les autochtones <<kamawani>> par un groupe franco-grec. Cette savonnerie continua à fonctionner après l’accession de notre pays à l’indépendance.
Par Abdoul Salamy Sylla