L’Afrique vient de perdre un de ses valeureux fils. La Guinée vient de perdre un vieil ami. KENNETH DAVID KAUNDA, l’ancien Président de la Zambie, a rendu l’âme ce 17 juin, dans sa 97ème année. Il a été le Premier Chef d’Etat de l’Afrique australe à visiter notre pays en juin 1969.
Il faisait ainsi preuve de reconnaissance à la Guinée qui a été un des premiers à reconnaître l’indépendance de la Rhodésie du Nord, devenue Zambie, dès les heures suivant la proclamation le 24 octobre 1964.
Kenneth KAUNDA est un panafricaniste au sens noble du terme. Malawite d’origine, son père était venu porter la parole de Dieu en Rodhésie du Nord où il s’est finalement installé avec sa famille.
Kenneth David, le fils du Pasteur, y est né. Il est spirituellement et pédagogiquement suivi par ses parents, ce qui lui a permis d’avoir un bon cursus scolaire pour un Africain des années 40 et 50. Intégrant tous les milieux, sans s’afficher dans des clans communautaires, le disciple de Gandhi se fera un renom dans l’éveil des consciences et l’émancipation des populations d’une Rodhésie dont les ressources sont spoliées par la Grande Bretagne.
Il émergera et s’imposera sur l’échiquier politique local à partir de 1960, avec la création du Parti de l’unité pour l’indépendance (UNIP). Large vainqueur des législatives de 1964, il devient Premier ministre de la Zambie. La même année, en bon adepte de Gandhi, il négocie l’indépendance de son pays le 24 octobre.
À partir de cette date, comme la Guinée de Sékou Touré et la Tanzanie de Julius N’yéréré, la Zambie de KAUNDA s’est mise au service des autres pays sous domination coloniale. La Zambie devient ainsi un soutien inconditionnel aux mouvements de libération du Mozambique, de l’Angola et aux mouvements de lutte anti-apartheid.
Durant les 27 ans de son pouvoir, il a assuré la stabilité économique et sociale de la Zambie.
La fin des années 80 et le début des années 90 ont été particulièrement difficiles pour son régime, en raison de la détérioration continue des termes de l’échange à l’international et d’une double demande politique et sociale aussi pressente que véhémente en interne. En 1991, il perd les élections (les plus mouvementées du pays) face au bouillant syndicaliste Frederick Chiluba.
Les années qui suivront, seront une décente aux enfers pour lui, à l’initiative de son successeur. Celui-ci fera valoir sa haine, jusqu’à decheoir de la nationalité zambienne le père de l’indépendance du pays, à cause de ses origines Malawites.
Une décision de justice qui ne prospèrera que le temps de la procédure d’appel.
Kenneth KAUNDA sera remis dans ses droits, tous ses droits de citoyen Zambien et d’ancien Président de la République.
Fan du football et Premier supporteur de l’équipe nationale de Zambie, il a fait le voyage de Malabo (à 89 ans) pour soutenir l’équipe nationale ( les Chupolopolo), vainqueur de la CAN 2013.
Le premier Président Zambien Kenneth KAUNDA avait 3 choses en partage avec son aîné Sékou Touré :
1- Le mouchoir blanc.
2- La contribution à la libération de tout le continent,
3- Le panafricanisme.
C’est le dernier des pères fondateurs qui vient ainsi de s’en aller. Comme Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Kwamé N’Krumah, Félix Moumié, Gamal Abdel Nasser, Marien N’Gouaby, Amical Cabral,.. le nom de Kenneth KAUNDA est gravé au fronton d’une école publique Guinéenne, au moins.
Je suggère à l’Union Africaine d’organiser en l’honneur de Kenneth KAUNDA, une cérémonie en hommage à tous les pères fondateurs de nos Etats.
Puisse Dieu l’accueillir dans son Paradis.
Ibrahima Jair KEITA