Son déplacement a été négocié car les mouvements armés de la CMA avaient avancé des exigences. Un « règlement intérieur » de ses hôtes aura provoqué un léger retard pour ce qui est censé être sa 3ème visite à l’intérieur du Mali, après Mopti et Ségou.
Une visite négociée
Dans les salons feutrés et grins de Bamako, on se demandait si le cinquième chef du gouvernement d’IBK, pouvait réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Voilà, la chose n’était pas aisée bien que l’espoir était permis. Car, c’est sur demande du pouvoir malien que les Nations unies ont été mises à contribution. Il est connu que les casques bleus sont libres de leurs mouvements à Kidal ! Une situation qui contraste avec celle de l’armée malienne quasi-cantonnée et vue par moment comme une force d’occupation.
C’est pourquoi, la CMA a été approchée par les UN. Pression a été mise sur les mouvements armés, afin d’assurer la sécurité du PM. Pour avoir été du périple de 2014, qui a fini de façon sanglante, avec un revers que l’opinion est loin d’avoir oublié, Boubeye Maiga avait rendez vous avec l’histoire. La CMA s’est dit favorable à la requête mais, a posé des conditions. Tout d’abord, elle a demandé d’assurer la sécurité de la délégation gouvernementale sans les militaires maliens, y compris leurs hélicoptères. Même les anciens partenaires des maîtres de Kidal ont été déclarés non-gratta. Il s’agit du GATIA, qui avait pourtant créé un front avec la CMA, un temps pour fusionner les forces.
De l’argent…
La garde rapprochée du PM pourra être avec lui, mais avec une maximum de 10 personnes a-t-on appris. Elle devra être en possession d’armes légères uniquement. Afin de « mobiliser ses troupes » , la CMA aurait exigé un budget de 60 millions CFA environ 800 millions de francs guinéens, pour ce faire. Une situation qui rappelle celle de l’ancien premier ministre Moussa Mara, qui avait versé, en début mai 2014, la somme de 17 millions CFA au député Mohamed Ag Intalla, l’actuel Amenokal des Touareg Ifoghas, pour faciliter sa visite à Kidal, le 17 mai 2014. Il avait voulu organiser un forum des leaders traditionnels à Kidal, afin de les mobiliser pour la paix. Le budget de l’opération était fixé à 100 millions F CFA, la primature n’a donné que 17 millions; ainsi que le ministère de la Réconciliation et d’autres partenaires qui ont aussi contribué à des niveaux divers.
L’initiative reviendra encore pour les dates du 27 au 30 mars 2016, afin que le premier ministre Modibo Kéita soit à l’époque à Kidal. S’il ne s’y était pas rendu pour raisons sécuritaires, l’honorable Oumar Mariko du SADI, qui a pris part aux assises, avait fait une révélation fracassante. L’élu national qui finalement faisait office d’unique officiel d’envergure présent, a lâché le chiffre à la surprise générale. Il déclara que 400 millions de francs CFA sont sortis des caisses publiques. Comme pour dire qu’un déplacement à Kidal a une facture âprement salée.
La fin d’un mythe
En plus de tendre la main pour les 60 millions qu’elle avait demandés, la CMA a mis en garde Soumeylou MBoubeye Maiga. L’ancien ministre de la défense ne doit pas tenir de discours guerrier ou avoir langage allant dans le sens de la provocation. Si sa langue glisse, alors il sera tenu responsable des conséquences!
Comme pour dire que la CMA a imposé ses conditions. Autant d’exigences et de montants en jeu pour une durée de …4 heures. Une durée aussi prévue par le « protocole d’accord virtuel » de la visite de Kidal, à laquelle tient tant l’ancien Secrétaire général de Koulouba.
Voilà les dessous de la visite qui se tiendra effectivement sans incidents, ni même bruit d’arme à feu. C’est en hélicoptère que Boubeye et la délégation composée de 8 ministres et des députés sont arrivés.
Fin d’un mythe qu’avait laissé en suspens son prédécesseur Moussa Mara en 2014!
Idrissa KEITA pour GCO
Correspondant particulier de GCO au Mali
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