Un vent nouveau d’espoir souffle sur la Guinée ce lundi 6 septembre 2021 ( septembre des révolutions). Personne n’aurait parié, il ya 72 heures, sur une telle issue même si tous les ingrédients étaient réunis, et que le pays était au bord de l’implosion politique, économique et sur le plan du leadership, à cause d’une gouvernance implacable …
Le discours fondateur du Comité national de rassemblement et du développement (CNRD) lu par son leader charismatique, le major Mamady Doumbouya, commandant de l’unité d’élite des forces spéciales, qui a mis fin ce dimanche au petit matin après 11 ans d’Alpha Condé est plein de sens, de rhétorique révolutionnaire, mais surtout de patriotisme désintéressé.
Seulement la Guinée est le carrefour des grands rendez-vous manqués avec l’histoire, ces quatre dernières décennies contrairement aux heures glorieuses de la lutte anticolonialiste et impérialiste. Les mots de l’ancien légionnaire de l’armée française sont suffisamment forts pour nous amener à croire à ses bonnes intentions: » le geste que nous posons aujourd’hui n’est pas un coup d’État mais une action inaugurale permettant de créer les conditions d’un État. Plus précisément un État droit. Car l’histoire politique de notre pays, marquée par des violences, des injustices et inégalités, prouve qu’en Guinée la volonté du plus fort a toujours supplanté le droit, et donc que depuis l’accession à l’indépendance l’esprit autoritaire a triomphé sur l’esprit du juste et du raisonnable. Et c’est d’ailleurs parce que nous jugeons cette situation profondément anormale et injustifiable que nous avons décidé d’agir, de poser un geste autour duquel nous voulons mobiliser toutes les bonnes consciences afin de sortir notre pays de la malédiction politique » assure-t-il.
Puisse ces déclarations se joindre aux actes qui seront posés par le CNRD car l’histoire semble se répéter indéniablement. Il y a 13 ans un groupe, le CNDD, dirigé par un certain capitaine, Moussa Dadis Camara s’était érigé en sauveur contre le système clanique de la dictature de Lansana Conté, mort après 26 de pouvoir sans partage, suscitant l’enthousiasme du peuple révolutionnaire de Guinée, la suite appartient à l’histoire.
S’accommodant du système, son élan révolutionnaire s’est vite mué en ambitions politiques, encouragées par les mêmes pions du système qu’il avait congédiés et succombant aux sirènes ethnico-politiques qui l’induiront en erreur et le pousseront à dévier de son combat fondateur.
L’homme fort du 5 septembre doit savoir que le système oligarchique et ses intérêts sont très puissants et suffisamment persuasifs pour rester très prudents afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Les irréductibles du système, spécialistes des retournements de veste, pour certains depuis la première république tapissent l’administration publique guinéenne, jusqu’au plus haut sommet de L’État Guinéen. Les gouvernants successifs qui ont dirigé la Guinée, étant plus soucieux de conserver leur pouvoir, se sont appuyés sur eux pour perpétuer le système autoritaire et l’appauvrissement des Guinéens.
En l’état, peu de Guinéens peuvent prétendre faire partie de cette transition. D’une manière ou d’une autre, les élites guinéennes se sont presque totalement compromises à travers les régimes successifs au gré des jeux d’intérêts. Comme on dit, on ne peut pas refaire du neuf avec du vieux. Même au-delà des politiques tous les secteurs de la vie de la nation sont infiltrés par ces collaborateurs d’un autre genre qui déroulent le tapis rouge aux dictateurs, broient les révolutionnaires et les assaillent.
Déjà il faudrait comprendre qu’ils ont déjà retourné leurs vestes, comme à leurs habitudes en pareilles circonstances, à l’heure où nous écrivons ces lignes et sont déjà en ordre de bataille pour annihiler la révolution naissante et la phagocyter, afin de perpétuer le système. Le leur.
Peu d’hommes sortent du lot sur la base de leur intégrité et leur probité morale pour faire partie de cette transition. Le colonel Mamady Doumbouya doit s’attaquer au système, qu’il doit démanteler et ranger définitivement au garage de l’histoire. Les détenus politiques doivent recouvrer leurs libertés mais la promesse du colonel :« Nous n’allons plus confier la politique à un homme, nous allons la confier au peuple », ne doit pas être d’une résonance creuse, lorsqu’on sait tout le mal que les politiques ont fait à ce pays.
La tache est donc IMMENSE. Il faudra savoir donc conjuguer exigence et tolérance probe.
Mamadou Aliou DIALLO pour GCO
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