Le 24 octobre 1997, à la veille de son retour en Guinée pour occuper les fonctions de Directeur du bureau de presse de la présidence, après un long exil en Côte d’Ivoire,  Boubacar Kanté était assassiné. Pour évoquer son souvenir, nous publions des extraits de son passage dans l’émission ‘’ Tribune des célébrités ‘’ de feu El Hadj Abdoulaye Dalein Diallo. Ces extraits nous permettent de camper la personnalité de Kanté, un journaliste hors pair, qui a fait la fierté du pays. Morceaux choisis !

A la question de narrer son enfance, Boubacar Kanté répond : ‘’… J’ai eu une enfance dure, qui m’a marqué. C’est ce qui a d’un sceau indélébile  forgé mon caractère dans un métal de fer. C’est pourquoi, je suis rigoureux envers moi-même ; je le dois à ma mère et particulièrement à ma grand-mère. Je suis rigoureux par exemple, dans le cadre du professionnalisme. Quand j’ai un match, je viens deux heures de temps avant au stade. Ceci pour mettre  le technicien dans les meilleures conditions de travail. Il arrive même, que je lui donne de l’argent ; le technicien est plus important que moi. C’est lui qui donne le son, et met en relief le journaliste ».

Interrogé sur les raisons de son humilité, Kanté répond : ‘’… En Côte d’Ivoire, on ne me voit pas dans la rue ; je ne vais pas dans une banque ; je ne vais pas à l’hôpital. Je me dois d’être humble. Je ne veux pas me mettre en vedette avec le public. Pour la simple raison, que ceux vous acclament un jour, seront les mêmes à vous conspuer un autre jour… »Miniature de pièce jointe

Au sujet de son exil de 22 ans au bord de la lagune Ebrié, Kanté raconte « … Il n’y a pas d’exil doré : j’ai souffert de voir que ma mère a été conspuée au marché de Dabola, lorsque j’ai pris la tangente ; j’ai souffert de ne pas voir le Hafia jouer ; j’ai souffert de voir que seul Pathé commentait les matches ; j’ai souffert de ne  plus voir les carrefours de Conakry. Les citoyens du pays me manquaient terriblement… »

Et pour conclure son interview, en guise de conseils, Boubacar Kanté s ‘est adressé à la nouvelle génération de journalistes sportifs en ces termes : ‘’ les journalistes doivent essayer d’être à l’abri de la nécessité. Sinon, ils seront à la merci des gens. Si l’on n’est pas indépendant, on, n’affiche pas une personnalité. En ce moment, on attend des miettes. Si l’on fait un reportage pour attendre 10 litres d’essence, par exemple,  on  cesse d’être journaliste. L’indépendance dont il est question est beaucoup plus d’ordre économique…’’

 

 

Thierno Saïdou DIAKITE pour GCO

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