Comment un acte de bonté a renversé la situation. Pour Catherine Conteh, même 30 ans plus tard, il y a un moment de la naissance de sa fille qu’elle ne pourra jamais oublier. Cela faisait quatre jours qu’elle était allongée sur son lit d’hôpital en Sierra Leone, en plein travail, se tordant de douleur sans traitement. Les médecins lui avaient dit qu’en raison de complications pendant le travail, elle allait devoir subir une césarienne – une opération que Catherine, 18 ans, et son mari, Augustin, ne pouvaient pas se permettre de financer. Sans paiement préalable, elle ne pourrait pas être opérée.
Des décennies plus tard, elle se souvient de la pensée qui tournait en boucle au milieu de la douleur et de la peur.

« Je vais perdre la vie. Si rien ne se passe, je vais mourir. Cette pensée m’obsédait, dans mon cœur, dans mon esprit ».

Catherine et Augustin avaient été si heureux à l’idée d’avoir leur premier enfant, malgré leurs finances serrées et l’état instable de leur pays, alors en pleine guerre civile. Cette naissance symbolisait la nouveauté et l’optimisme. Mais au fil des heures et des jours, la gravité de l’état de Catherine s’est imposée. Le bébé qu’ils avaient tant désiré ne survivrait probablement pas – et elle non plus.

« Au cours de ces quatre jours, l’excitation d’avoir mon bébé, de le rencontrer, s’est progressivement évanouie. Tout mon être se concentrait sur la douleur. Quand cette douleur allait-elle cesser ? »

Au quatrième jour, Catherine sentit son corps la lâcher. Par une fente dans le rideau de l’hôpital, elle vit un corps, couvert de la tête aux pieds, sortir sur une civière. Elle se demandait : « Vais-je être la prochaine personne ? »

Catherine s’est endormie. Lorsqu’elle s’est réveillée, elle a vu une étrangère à son chevet, qui lui caressait les cheveux et lui demandait son nom.

Il s’agissait d’Aly Hall, une infirmière néo-zélandaise, bénévole à bord du premier navire de Mercy Ship, l’Anastasis, alors à quai à Freetown. Aly et quelques autres bénévoles de Mercy Ships, dont le Dr Keith Thomson, anesthésiste, visitaient la maternité de l’hôpital local lorsqu’ils ont entendu les cris d’agonie de Catherine au bout du couloir. Aly a immédiatement senti sa vocation se manifester : il fallait qu’elle intervienne pour aider cette étrangère.

« Alors que Catherine était en travail depuis quatre jours, l’infirmière m’a dit qu’elle mourrait et que le bébé mourrait aussi. Elle m’a dit cela d’une manière très factuelle, ce qui m’a choquée – que c’était ce qui allait se passer, fatalement. Je n’avais jamais rien vécu de tel », raconte Aly. « C’était bouleversant de penser qu’une centaine de dollars pouvait sauver la vie de cette femme et de son bébé. C’est tout ce qu’il fallait. Je ne savais pas quoi faire, alors je me suis dit que j’allais prier pour cette femme et m’en remettre à Dieu. »

À la fin de la prière d’Aly, le docteur Thomson entre dans la pièce. Après avoir entendu l’histoire de Catherine, il a proposé de payer la totalité de l’opération.

« Il y a des millions de personnes en Afrique qui ont besoin d’aide, d’une manière ou d’une autre », a déclaré le Dr Thomson à propos de ce qui l’a poussé à payer pour les soins d’une étrangère. « Mais parfois, j’ai le sentiment qu’on se dit : « Aidez celui-là », quelqu’un d’autre aidera une autre personne, puis une autre, et encore une autre. ».

Catherine se souvient ensuite d’une infirmière de l’hôpital qui lui a dit : « Ecoutez, ces personnes qui sont venues vous voir vont payer votre césarienne. Nous attendons donc que le médecin arrive, et nous pourrons alors commencer l’intervention. »

Catherine et sa fille, Regina, étaient saines et sauves après l’opération. Pendant sa convalescence à l’hôpital, la nouvelle maman a vécu le moment qu’elle craignait de ne pas voir arriver : la rencontre avec sa petite fille.

« J’étais heureuse, c’était un moment essentiel pour moi car j’avais vraiment hâte de voir mon propre bébé, vous savez. Et mon mari était aux anges ».

Aly et une autre bénévole de Mercy Ships, Gina Willig, ont souvent rendu visite à Catherine dans les jours qui ont suivi. Rapidement, elles sont devenues comme des sœurs.

« J’appelle Aly ‘ma sœur’ et elle m’appelle aussi ‘ma sœur' », dit Catherine en riant, « parce qu’il faut un cœur pur et un amour pur pour rencontrer quelqu’un et l’aimer immédiatement et inconditionnellement ».

Finalement, Catherine s’est rétablie et est rentrée chez elle pour entamer un nouveau chapitre de sa vie familiale. Aly est retournée chez elle en Nouvelle-Zélande. Les années ont passé. La communication avec le Dr Thomson est restée forte au fil des ans. Il a même aidé la famille de Catherine à obtenir l’asile en Australie à la suite du conflit grandissant en Sierra Leone.

Une fois sur place, Catherine a décidé d’intégrer le monde médical et de devenir infirmière, tout comme Aly. Sa fille, Regina – nommée d’après l’infirmière bénévole américaine Gina – a suivi la même voie. Et pour boucler la boucle, à l’âge de 18 ans, Regina est retournée dans son pays natal pour travailler comme infirmière bénévole à bord d’un navire humanitaire.

Un jour, Catherine reçoit un appel inattendu du Dr Thomson. Il avait obtenu les coordonnées d’Aly et demandait à Catherine si elle souhaitait reprendre contact avec elle.

Catherine n’a pas hésité – et en peu de temps, elle était au téléphone, accueillie par une vieille voix familière à l’autre bout du fil.

« Entendre à nouveau sa voix, après presque trois décennies, était émouvant pour moi… Notre espoir était de nous voir physiquement et de nous étreindre fraternellement. Et de louer Dieu ensemble. »

Lorsqu’elle repense à ce jour, il y a des dizaines d’années, Catherine dit que tout se résume à un simple choix. Le choix de sauver une vie. Le choix de donner la vie. Et ce choix s’est manifesté de manière incroyable au fil des ans.

« J’ai appris qu’à partir de ce choix d’aider une étrangère, une famille entière a été sauvée. Toute une famille a connu le succès. Toute une famille a vécu ce qu’elle n’aurait jamais imaginé. Parce que [le Dr Thomson] a dit oui au Seigneur, en payant ces 70 livres sterling, il a sauvé ma vie. Il a sauvé la vie de ma fille. À partir de là, j’ai grandi et je suis devenue une jeune femme qui croyait en la nécessité de faire ce qui était juste », raconte Catherine en repensant aux années passées. « C’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. C’est ce qu’il m’a appris. Aidez là où vous pouvez aider, parce que vous ne savez jamais ce qu’un petit geste gentil va générer ».

C’est un acte de bonté simple et spontané qui a sauvé non pas une vie, mais deux, et qui a changé pour de bon l’avenir d’une famille. Des décennies plus tard, les effets de ce moment continuent de se faire sentir dans la vie de Catherine et au-delà.

Chaque don, chaque prière, chaque minute compte – et vous ne savez jamais quel impact vous pouvez laisser.

 APO Group pour GCO