Dans le souci de rendre hommage aux militaires qui ont été victimes du régime Sékou Touré de l’indépendance jusqu’à sa mort, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB), a au cours d’un point de presse, tenu mercredi 3 novembre 2021 à Conakry, dénoncé les hostilités dudit régime, qui ont conduit les principaux créateurs de l’armée dans les fosses communes.
A cette occasion, le chef du Centre d’Analyse et d’Etudes Stratégiques de Guinée Aliou Barry, invité à ladite rencontre, a rappelé qu’au sortir de l’indépendance, la Guinée a été le seul pays qui a opté pour l’indépendance ensuite, il y a eu l’hostilité la France.
« Dès 1958, il y a eu des actions de déstabilisation du nouveau régime guinéen. Mais à partir de 1963, quand il y a eu le coup d’État au Togo, qui a renversé Sylvanus Solympio, le coup d’État du Ghana en 1966 et celui du Mali en 1968, le président feu Ahmed Sékou Touré a commencé à se méfier de l’armée. Pour éviter qu’il y est un coup d’État, il a orchestré une purge qui a décimé toute l’élite militaire guinéenne. A cette époque, sa technique était très simple. Il montait un coup d’État. C’est dans ce cadre qu’il y a le coup d’État de Kaman-Fodéba en 1969, Fodeba qui, fut l’un des créateurs de l’armée guinéenne et surtout il était connu avoir mise en place les ‘’Ballets Africains’’ ensuite, il a financé longtemps le PDG/RDA et, il a été aussi le premier ministre de la défense. Donc le président Sékou Touré a profité de cette tentative de coup d’État, pour arrêter une quarantaine d’officiers. Ils ont été fusillés au pied du mon Gangan et du mont Kakoulima. C’était une mécanique de complot pour décimer l’armée, afin d’éviter les militaires à commettre un coup d’État », explique-t-il.
De son côté, M. Barry Boubacar membre de ladite association, ce qu’on peut retenir de cette période, c’est cet échange du donner et de recevoir afin de permettre à la nouvelle génération de comprendre ce qui s’est passé de dramatiques et de cruels dans notre pays.
Parce que selon lui, les formes d’exactions peuvent différer. Mais sous le régime de feu Sékou Touré, les formes d’exactions les plus cruelles ont été observées dans un pays qui est quand même, à majorité croyant.
« On mettait les gens à la diète noire, c’était même une trouvaille. En Guinée, c’était une première. C’est-à-dire qu’on privait les gens de nourritures et d’eau jusqu’à leur mort. Ça, s’est passé dans ce pays. On a enseveli des gens vivants ensuite, on les a mis des fosses communes qui étaient installées presque sur l’ensemble du territoire. Et pratiquement partout où il y avait des camps militaires, là où on incarcérait des détenus, on les exécutaient et on les jetaient dans les fosses communes », déclare-t-il.
Pour M. Barry, le rappel de tous ces faits permettra à chacun d’entre nous de se remettre en question, de ne pas être fataliste. Parce que si on ne traite pas cette question douloureuse, elle va continuer à se répéter.
« Nous on l’a dit notre, slogan, c’est ‘’Plus jamais ça ». Mais malheureusement, nous n’avons pas encore été entendus. Ce qui fait qu’avec l’impunité, nous continuons à voir des exactions se perpétrer par l’État guinéen. Parce qu’encore une fois, c’est de la responsabilité de l’État de gérer des situations, dans les règles de l’art. Nous avons tous les textes qu’il faut. Voir les textes réglementaires, les textes juridiques. Si quelqu’un est accusé de quoi que se soit, il y a la présomption d’innocence. On doit d’abord l’interpeller dans les formes, instruire dans les formes, faire un procès équitable avec les droits de la défense. C’est ce que Sékou Touré a refusé, à l’ensemble de tous ces milliers de personnes qui ont été tuées. Personne n’a eu un droit à la défense. Les gens ont été arrêtés nuitamment, ils ont été torturés pour leur extorquer des aveux et ils ont été assassinés par la suite », conclut-il.
Oumar Kéïta pour GCO
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