L’institut nationale de la statistique (INS) vient de rendre public les résultats de son enquête sur la pauvreté en Guinée. Cette étude réalisée grâce à la participation technique et financière de la Banque Mondiale porte sur la réduction de la pauvreté dans les ménages. Selon les chiffres, le taux de pauvreté a chuté de 55,2 % à 43,7 entre 2012 et 2019.
Cette réduction s’explique selon les responsables de cette étude à L’INS, par les performances macroéconomiques enregistrées par la Guinée entre 2012 et 2019. Dans une interview accordée à nos confrères de la Radio nationale, Kayoko Doré, économiste et consultant nous livre sa lecture sur cette performance. INTERVIEW INTÉGRALE !
Radio Nationale : L’institut national de la statistique vient de présenter les résultats de son enquête sur la pauvreté ou les conditions de vie des ménages réalisée entre 2018 et 2019. Qu’est-ce que vous avez retenu comme information essentiel de ce rapport ?
Kayoko Doré : C’est vrai que l’INS vient de réaliser une enquête intitulée ‘’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages’’, mais je voudrais d’abord préciser que l’enquête a été organisée dans le cadre d’un travail qui a été fait en commun avec d’autres pays. Ça été fait bien sûr, sur l’autorité du ministère du plan et du développement économique avec la participation technique et financière de la banque mondiale. Tout cela pour dire que les résultats, à mon avis doivent être considérés comme des résultats à prendre au sérieux, dont la sincérité ne peut être mise en doute.
Il s’agit donc de voir, depuis entre 2012 et 2019 comment a évolué l’incidence de pauvreté en Guinée. Donc ces derniers temps, elle est passée de 55,2% à 43,7%. On peut donc dire qu’il y a eu une chute de la pauvreté.
Radio Nationale : Dites-nous, par quoi l’institut explique-t-il cette chute ?
Kayoko Doré : Dans le document l’institut explique que ces recherches étaient fondées sur la collecte, le traitement et l’analyse des données. Vous savez, il y a d’abord l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, cette initiative a permis à la Guinée de bénéficier d’une réduction assez importante de sa dette. Et surtout pour ce qui était des fonds dans les secteurs sociaux prioritaires, c’est-à-dire l’enseignement, la santé, l’assainissement et des éléments qui concourent pour avoir un logement décent.
Quand on parle de la pauvreté, les gens ne voient que le revenu, or il faut comprendre la pauvreté comme un phénomène multidimensionnel, dont le revenu est une dimension, et puis des indicateurs sociaux, étant par ailleurs d’autres dimensions, par exemple l’éducation de la population, sa santé, et puis son cadre de vie.
Radio Nationale : Quand vous parlez de la pauvreté, on pense souvent au panier de la ménagère et l’argent qu’on met dans la poche, … ?
Kayoko Doré : Oui, mais ce n’est pas que ça, ce n’est pas que le revenu, ni le panier de la ménagère. Au-delà du panier de la ménagère, il y a des choses qui génèrent le developpement de la population; il y a donc son niveau d’éducation, son état de santé et son cadre de vie, c’est tout cela qui fait que, quand c’est bien ou ce n’est pas bien, qu’on parle de bien être ou de pauvreté.
Radio Nationale : Des perspectives sont elles annoncées ?
Kayoko Doré : Normalement on doit pouvoir faire cela, lorsqu’on a des perspectives qui se dessinent par rapport à ce qu’on a maintenant comme indicateurs. On a expliqué que s’il y a eu baisse ou réduction de la pauvreté, c’est grâce à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, donc ça été fait. On pense que le gouvernement va mieux cadrer la croissance de la dette. Et puis il y a aussi le secteur minier qui a connu un fort rendement. Cela a permis à l’Etat de dégager de l’argent et investir cet argent dans les secteurs sociaux prioritaires, qui sont l’éducation et la santé. Je pense que cela va continuer. Mais vous savez aussi que les choses ne dépendent pas que du contexte intérieur, je crois qu’il y a des phénomènes endogènes, vu la crise sanitaire par exemple, les perspectives même si on les souhaite bonnes, mais il faut le prendre avec beaucoup de prudence.
Radio Nationale : Vous qui êtes économiste, vous pensez que si les tendances actuelles sont maintenues, parce que déjà le gouvernement parle d’un taux de croissance de 7% actuellement, l’inflation autour de 12%, si ces tendances sont maintenues d’ici à la prochaine enquête, le taux de pauvreté pourrait baisser davantage ?
Kayoko Doré : Mais oui, moi j’en suis convaincu que si les choses sont maintenues sur le plan intérieur par exemple, comme vous venez de dire, le taux de croissance continue et les efforts du gouvernement se poursuivent dans l’amélioration des indicateurs sociaux en terme d’éducation, de santé, il n’y a pas un choc économique important qui impacte pour le moment l’économie, je pense que cette tendance baissière de la pauvreté va se construire. Et nous pouvons nous réjouir d’une telle situation.
Retranscrite par Mamadou Aliou Diallo pour GCO