Dans les années 2005-2006 des élections ont été organisées un peu partout sur le continent. Au Togo, par exemple, sous l’égide de la CEDEAO, un observateur béninois, Martin Assogba, avait relevé des anomalies dans un bureau de vote : sur 583 inscrits, on a décompté 607 bulletins.

En RDC, 24 heures après le vote, un votant déclare avoir voté pour un candidat qui n’avait même pas une voix au décompte final ; en Ethiopie, la Portugaise Anna Gomez, avait relevé des irrégularités flagrantes, mais les autres observateurs européens n’ont rien dit ; au Kenya en 2009, avait près de 900 morts, les observateurs électoraux n’avaient rien trouvé d’anormal, ils ont dégainé toujours la même antienne : « des petites irrégularités qui ne sont pas de nature à mettre la crédibilité et la régularité du scrutin en cause ». 

Dans tous ces cas, c’est toujours le sortant qui gagne. On se posait la question sur ce que veut la Communauté internationale, elle déploie ses observateurs pour ne rien voir, à moins que ce ne soient les organisateurs mêmes des élections qui choisissent les arbitres, les«arbitres Kabamba».

Cette fois, les choses sont claires. La CENI, qui vient d’en découdre avec les experts de l’OIF sur le fichier électoral contesté et délesté de plus de 4 millions 400 et plus de fictifs, vient d’accréditer  90 observateurs, qui sont dans nos murs pour les élections du 22 mars. Ils doivent être déployés sur le terrain pour quadriller les circonscriptions électorales. Si la Moyenne-Guinée, le fief de Cellou Dalein Diallo, n’est pas intéressée par ces élections, il y aura suffisamment d’observateurs pour superviser ces élections.

Seulement, l’un de ces observateurs a fait remarquer que l’opposition guinéenne n’a pas reçu les observateurs. Beaucoup pensent que l’opposition a ses raisons. Le doute sur la neutralité de cet observateur électoral est en question.

De quoi s’agit-il ?

On est tombé à tout hasard sur des journalistes guinéens à l’exercice sur Espace TV, qui cuisinaient un observateur électoral du Bloc international pour la démocratie et la paix en Afrique, qui dit avoir 28 ans de carrière. Il était si passionné et emporté qu’il était sorti de sa réserve pour exhorter les électeurs à retirer leurs cartes et à aller massivement aux urnes le jour du vote. Il s’est même arrogé le droit de mettre en garde ceux qui veulent empêcher la tenue du scrutin.

A quelqu’un qui croyait entendre un responsable du RPG-arc-en-ciel, l’observateur a soutenu pile et plomb, droit dans ses bottes, que ces prérogatives sont dans les rôles d’un observateur électoral. Si ce n’était pas évident qu’il avait pris les journalistes présents pour des canards sauvages, c’est un « observateur alimentaire » plus royaliste que le roi qui s’est trahi, et en ces moments où la tension est à son comble et les oppositions tranchées sur la question, il devrait rester à l’hôtel ou se faire accompagner par des gardes du corps…

Mais le faisant, il a fait tomber le masque à tous les « observateurs alimentaires » et il a jeté l’opprobre sur les observateurs orthodoxes.

Après le fichier expurgé facilement et rapidement, n’y aurait-il pas d’autres grabats et pièges dissimulés dans le processus ?

En tout cas, la neutralité et l’impartialité des observateurs pose désormais problème.

 

Moïse SIDIBE pour GCO

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