Que le temps passe vite ! Cette semaine marque l’an dix-neuf de la disparition de Fodé Conté, le chansonnier de la Basse Côte. Né en 1939 au village de Wondetty à Boffa, le défunt était un artiste accompli, qui pendant de longues années, avec son incroyable talent a parcouru les quatre coins du monde pour mettre en valeur la culture de son terroir.
Le 14 août 2008, le compositeur du célèbre titre « Rio Pongo » tirait sa révérence au CHU Ignace Deen de Conakry. Fodé Conté s’en alla ainsi, tristement, sans aucune véritable reconnaissance nationale. Ce, après tant d’années de loyaux services culturels rendus à la nation guinéenne à travers ses œuvres musicales et artistiques qui constituent encore une exploration inouïe du riche patrimoine culturel de la Guinée.
Le cas de Fodé Conté, qui n’est guère isolé pose encore une fois de plus le problème de la place qu’occupe la culture chez nous. Un secteur négligé, alors qu’il représente un formidable potentiel susceptible de créer des emplois directs et indirects, et aussi de générer d’importantes ressources financières. Faute de vision et d’approche pragmatique, nous assistons impuissants au délitement de notre culture. Alors que dans les années soixante-dix, notre pays était la figure de proue de la sous-région au plan culturel et sportif. En cette année de l’an soixante et un de notre accession à l’indépendance, il y a bien lieu de réfléchir sur le devenir du pays. Un avenir qui ne saurait se construire sans s’appuyer sur notre héritage commun.
Artiste du terroir, danseur, compositeur et chanteur, Fodé Conté sur des thèmes simples tirés de notre quotidien a animé la vie culturelle du pays jusqu’à son dernier souffle. Avec sa troupe Fatala, des titres comme « Le monde n’est jamais parfait » ou « Makhadi » ont démontré l’étendue de son inspiration, et son sens de la composition musicale. Il aura surtout contribué à la promotion du folklore de la Basse Côte. Un mérite qu’on oublie souvent de souligner, en évoquant son souvenir.
Dix-neuf ans après sa disparition, à part son répertoire qu’il a légué à la postérité, Fodé Conté est purement et simplement oublié. Pourtant, le musée national aurait dû avoir en plus d’éléments sonores, des souvenirs de l’artiste qui a contribué à sa façon au rayonnement de la culture nationale. En cette semaine anniversaire, c’est l’amer constat que nous sommes amenés à faire.
Thierno Saïdou DIAKITE pour GCO
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