Pour ce faire, l’alors médecin-colonel Madické Ndao, directeur de la Santé des Armées sénégalaises, a immédiatement déployé une équipe médicale d’urgence sur Conakry, afin de sauver le capitaine Dadis Camara qui était dans le coma.
L’équipe était composée du médecin-commandant Khalifa Ababacar Wade, anesthésiste-réanimateur, du médecin-capitaine Sidy Ka, chirurgien, et du sergent-chef Diallo, surveillant d’unité de réanimation. Ils étaient tous à l’époque (2009) en service à l’hôpital Principal de Dakar. Lorsqu’ils arrivaient à la base militaire de Ouakam, ces personnels soignants militaires ne savaient même qu’ils devaient se rendre à Conakry, puisque la mission était tenue très secrète.
Non seulement il s’agissait d’une mission d’évacuation médicale mais aussi d’exfiltration, dès lors certains soldats voulaient achever sur place le blessé, Dadis Camara. Par contre, le chef de l’équipe médicale, le médecin-commandant Wade, avait été « briefié » qu’il s’agissait d’un malade (dont l’identité ne lui a pas été révélée) atteint d’une balle à la tête. Quant aux membres de l’équipage de l’avion militaire (Fokker F27), ils savaient qu’ils devaient se rendre nuitamment à Conakry, et évacuer un malade sur Dakar sans savoir de qui il s’agissait.
En un temps record, la direction du service de santé des Armées, la direction de l’hôpital Principal de Dakar et le commandement de l’Armée de l’air avaient équipé et médicalisé l’avion pour l’occasion. Et l’avion avait décollé de Dakar à 21 heures 05 pour Conakry. Après deux heures de vol, tout un dispositif médical et chirurgical s’était déployé à l’aéroport de Conakry.
A l’accueil, le Premier ministre Kabiné Komara. Il faisait nuit sur Conakry, où les gyrophares illuminaient le trajet des secouristes sénégalais menant vers la résidence « dérobée », située au camp Alpha Yaya Diallo où s’était réfugié le blessé, le président Dadis Camara.
Dadis Camara touché a été évacué vers cette autre caserne. Un lieu bunkérisé par des véhicules militaires blindés. Arrivés au chevet du blessé, les urgentistes sénégalais ont demandé très rapidement un scanner cérébral du fait qu’ils ne connaissaient pas le degré et la nature de la blessure.
Une clinique privée était ainsi réquisitionnée nuitamment par les autorités de la junte pour y transporter, sous escorte blindée, le président Dadis Camara.
Au vu des examens radiologiques, il fut décidé que le capitaine Dadis Camara devait être ramené d’urgence à Dakar pour y être opéré. Après les premiers soins, il a été décidé d’évacuer Camara à Rabat au Maroc, pour son opération.
Dadis Camara sera assisté et accompagné entre Conakry et Rabat par les médecins militaires sénégalais. Il a été sous réanimation durant tout le voyage. Le médecin-commandant et son équipe avaient réussi à maintenir la stabilité de ses organes vitaux.