En l’espace de deux semaines, l’Algérie a vécu deux situations bien curieuses. A l’annonce de l’intention du président Bouteflika voulant briguer un cinquième mandat, une vague de protestations sans précédent a été enregistrée dans tout le pays. La rue a été prise d’assaut par les jeunes, les avocats, la presse pour demander au chef de l’Etat de renoncer à son projet. Et ceci dans une discipline exemplaire !

En traitement à Genève, Bouteflika rejoint le pays le dimanche 10 mars, et à la surprise générale, il renonce à briguer un cinquième mandat. Un coup de tonnerre, qui entraine des scènes de joie indescriptible dans tout le pays. La déferlante qui envahit les rues d’Alger et des provinces chante et exalte une victoire insoupçonnée.

Dans un message à la nation publié par l’agence officielle APS, Abdel Aziz Bouteflika précise que la présidentielle aura lieu «dans le prolongement» d’une conférence nationale» chargée de réformer le système politique et d’élaborer un projet de Constitution d’ici fin 2019. En s’engageant dans ce texte «à remettre les charges et les prérogatives de président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu», Abdelaziz Bouteflika indique implicitement qu’il restera chef de l’État à l’expiration de son mandat le 28 avril 2019. «Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République», déclare Abdelaziz Bouteflika dans ce texte. Ainsi donc se profile une nouvelle Algérie résolument tournée vers un enracinement démocratique.

Parcours gagnant de Bouteflika

L’homme qui au crépuscule de sa vie en raison de son état de santé précaire a entendu raison en se pliant à la pression populaire mérite un arrêt sur image. Militant de la première heure, il s’est entièrement investi pour la cause nationale. En effet dès 1956, il rejoint l’armée nationale de libération. Et progressivement il gravit les échelons de cette institution. On retiendra de l’homme, qu’il aura été un éminent ministre des affaires étrangères dans les années soixante-dix. Il anime jusqu’en 1979, une action diplomatique qui vaudra à son pays un prestige, un rayonnement et une influence qui établiront l’Algérie comme un des leaders du tiers monde et à ce titre comme interlocuteur recherché des grandes puissances.

Abdelaziz Bouteflika est élu Président de la République le 15 Avril 1999. Dès sa prise de fonctions, le président Abdelaziz Bouteflika réaffirme sa détermination à rétablir la sécurité, la paix et la stabilité. A cette fin, il engage un processus législatif de concorde civile, consacré, le 16 septembre 1999, par un référendum qui recueille plus de 98% de suffrages favorables. Le rétablissement progressif de la sécurité permet au Président Bouteflika d’entamer, sur le plan intérieur, un vaste programme de refondation de l’Etat algérien, à travers la réforme des structures et des missions de l’Etat, du système judiciaire, du système éducatif ainsi qu’un train de mesures économiques audacieuses, comportant notamment une réforme du système bancaire destinée à rendre l’économie algérienne plus performante, ce qui permettra à l’Algérie d’entrer dans l’économie de marché, de renouer avec la croissance et de réaliser des taux de croissance particulièrement élevés. Dès l’été 1999, Abdelaziz Bouteflika entreprend une campagne à travers les 48 wilayas du pays pour persuader les Algériens de se réconcilier les uns avec les autres.

Quel avenir pour l’Algérie ?

Dans les semaines et mois à venir,  les observateurs porteront une attention soutenue à ce pays, qui va vivre probablement des moments difficiles. En dépit d’une première victoire obtenue par ceux qui ont manifesté contre un cinquième mandat, il y a lieu de s’interroger sur les mécanismes de réforme d’un système de gouvernement en place depuis un peu plus d’une décennie. Les apparences ne doivent nullement nous détourner des réalités du pouvoir d’Alger. Le clan Bouteflika est-il en odeur de sainteté avec l’oligarchie militaire, qui semble jouer les arbitres ?

Thierno Saïdou DIAKITE pour GCO

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