Voici le témoignage de Mamadou Dia (le 1er Premier Ministre du Sénégal indépendant) sur la réalité de la préparation d’un complot contre Sékou Touré sur le sol sénégalais en 1959.
C’est l’une des vraies raisons des 14 ans de prison que Senghor lui a fait subir, avec son ministre de l’intérieur Waldiodio N’diaye… Et dire que des Guinéens continuent de nier l’existence des complots contre Sékou Touré et son régime…
”Pour revenir sur le cas de la Guinée, disons que le fait d’avoir voté « Non » au référendum lui a valu d’essuyer maints complots ourdis par l’extérieur. En 1959, hélas, les comploteurs étaient bel et bien basés et entraînés au Sénégal. Après le communiqué de Sékou Touré diffusé à l’époque par Radio Conakry, communiqué dans lequel le président guinéen accusait le Sénégal, j’ai du me rendre personnellement à la frontière de Kédougou pour vérifier et, procéder à des fouilles, je découvris à mon grand désappointement, des armes et du matériel que je fis saisir et ramener à Dakar. À Dakar où – ce sera une découverte – était dressé un camp d’entraînement pour des mercenaires.
Le Conseil de défense, ou siégeaient notamment le Haut Commissariat de la France, le Général Commandant Supérieur des Forces françaises du Point d’Appui de Dakar, le Général Commandant la zone Nord, fut immédiatement convoqué par mes soins. Ils se montreront offusqués par ma déclaration liminaire :   « Messieurs, je suis au regret de vous dire que tout ce que Sékou Touré a affirmé est la stricte vérité. J’ai la preuve qu’un complot contre la Guinée s’est ourdi à Dakar ». Je les invitai, ensuite, à venir voir dans le bureau attenant à la salle de conseil, les armes, munitions, grenades et affiches que j’y avais fait entreposer. Après quoi, j’adressai à de Gaulle une vigoureuse lettre de protestation et fis arrêter deux français impliqués dans l’affaire. Ils réussiront à s’enfuir. Je les ferai prendre et emprisonner à Saint-Louis; on les aidera à s’évader. Des Guinéens, également, avaient été arrêtés; mais ce qu’ils déclareront à l’enquête était si grave que je dus, pour des raisons d’État, les relâcher. Aujourd’hui, bien que délié de mes obligations d’autrefois, je garde encore le silence là-dessus par souci de déontologie politique »
Source : (Mamadou Dia in” Mémoires d’un militant du tiers-monde”)
Correspondance de Ibrahima Jair KEITA pour GCO
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