Le 18 octobre, au compte du magistère de Professeur Alpha Condé, ‘’ opposant historique ‘’, les Guinéens ont voté pour élire le président qui va conduire les destinées du pays pour un premier mandat de la quatrième république. El Hadj Mamadou Cellou Dalein Diallo, challenger du président sortant, pour la troisième fois (2010, 2015 et 2020), a pris le risque de s’autoproclamer vainqueur de cette consultation, avant la proclamation des résultats provisoires de la CENI… Une initiative lourde de conséquences immédiates et lointaines, au regard du contexte dans lequel cette élection s’est déroulée aux quatre coins du pays.

Probablement conseillé par ses sherpas faucons, qui veulent en découdre avec le pouvoir, le président de l’UFDG a pris de court maints observateurs de la scène politique. A première vue, on est tenté de penser que le perdant des deux dernières élections présidentielles, ne voulant plus passer pour le candidat résigné, qui accepte stoïquement les résultats proclamés, engage sans tarder les hostilités.

Le problème est de savoir si ce coup d’éclat a bien été pensé. A moins de quarante-huit heures de la fermeture des bureaux de vote, sur la base de quelles chiffres, le candidat Dalein s’est-il autoproclamé vainqueur de cette consultation ? Cette décision ne va-t-elle pas être assimilée par le camp d’en face comme un acte de rébellion ? Et provoquer une réaction appropriée ?

Face à des militants surexcités, Dalein a fait cette déclaration «Mes chers compatriotes, malgré les anomalies qui ont entaché le scrutin du 18 octobre et au vu des résultats sortis des urnes, je sors victorieux de cette élection dès le premier tour. J’invite tous mes compatriotes épris de paix et de justice à rester vigilants et mobilisés pour défendre cette victoire de la démocratie » A chacun d’en juger sur l’opportunité de cette sortie !

Le parcours politique et historique

Successivement malheureux candidat aux élections de 2010 et 2015, Cellou Dalein semble jouer son va-tout pour cette consultation, qui au regard de son parcours politique, pourrait être la dernière. Mis à l’écart de l’administration après avoir occupé plusieurs postes ministériels, avec cerise sur le gâteau une fonction de premier ministre en 2004, suite à la démission avec fracas de François Louncény Fall, Cellou Dalein embrasse une carrière politique par le biais de l’UFDG.

En effet, au début de l’année 2007, l’UFDG propose à l’UPR et d’autres partis de l’opposition un projet d’alliance électorale. Des négociations sont entamées avec l’UPR mais, cette dernière ne propose ni plus ni moins, qu’une fusion absorption de l’UFDG. Pour cette raison entre autres, ces négociations n’aboutiront pas. C’est dans ce contexte que Cellou Dalein Diallo fait sa rentrée politique. L’UFDG fidèle à son engagement de rassembler le plus large possible d’acteurs politiques du pays, entre en négociation avec lui. Ces négociations aboutissent à l’adhésion de El Hadj Cellou à l’UFDG dès le mois de novembre 2007. Cette adhésion aboutit à l’investiture de Cellou Dalein Diallo (CDD) au poste de président de l’UFDG le 15 novembre 2007, et El H Bâ Mamadou devient Président d’honneur du Parti.

L’investiture de Cellou Dalein Diallo au poste de président du Parti donne un nouvel élan au rayonnement de l’UFDG. En quelques mois, le Parti est devenu la première force politique du pays avec des comités de base dans 440 secteurs sur les 520 que compte la ville de Conakry et dans la majorité des districts ruraux du pays ; des sections dans la majorité des quartiers de Conakry et des sous-préfectures du pays ; des fédérations dans les cinq communes de Conakry, dans les 33 préfectures et dans une vingtaine de pays en Afrique, en Europe et en Amérique.

Les adhésions massives viennent notamment des autres partis comme l’UPR, le PUP, l’UFR et le RPG. Certains adhérents sont des membres des directions nationales de ces partis. Dans plus de 10 préfectures, se sont des fédérations entières qui démissionnent des autres partis pour adhérer à l’UFDG.

De la carrure à la carrière politique

A la tête de cette formation politique, progressivement, il se taille une carrure politique. En 2013, après son échec à la présidentielle de 2010, il est élu député à l’Assemblée nationale. Taxé peu ou prou de parti « communautariste » l’UFDG s’impose comme le principal parti d’opposition sur la scène politique.

Technocrate averti et homme de dossier, Cellou Dalein est souvent présenté comme un « néophyte politique ». Raison pour laquelle, il n’a jamais pu tirer son épingle du jeu face au chef de l’Etat. Ce dernier étant un animal politique, qui agit sans état d’âme.

Conscient des enjeux que représente sa candidature, qui n’a pas fait l’unanimité au sein de l’opposition, Cellou Dalein s’est –il décidé cette fois-ci à ‘’forcer son destin ‘’, quel que soit le prix à payer ?

CDD face à son destin

En tout état de cause, quelques heures après sa sortie, les premiers incidents ont été signalés dans maints quartiers de la banlieue. Et la tension est montée d’un cran… Les condamnations ont commencé à fuser de partout: Gouvernement, Ceni, RPG, CEDEAO, UA, ONU… ont chacun en ce qui le concerne regretté ou condamné la sortie prémâturée de Cellou Dalein Diallo, qui est désormais, plus que jamais face à son destin… L’a-t-il vraiment en main ?

 

Maria de BABIA pour GCO

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