2octobre 1958 – 2 Octobre 2020. Anniversaire de l’indépendance de notre pays. Voici 62 ans que notre pays est indépendant. Une indépendance obtenue avec faste, et saluée par un monde épris de liberté et de justice.
Nous devons notre indépendance à la convergence d’idées de l’ensemble des forces politiques et à l’Union des forces vives de la fin des années 50.
Cette indépendance serait hypothéquée si les mouvements politiques des années 40, basées sur les appartenances régionalistes et racistes  n’avaient pas disparu en faveur des partis politiques.
Il faudra retenir que notre indépendance est le fruit de notre unité dans notre diversité.
Le bilan des 62 est contrasté :
DU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE
Les progrès sont très faibles par rapport au potentiel. L’inconscience des cadres est la raison majeure de notre échec :
* le bradage de nos acquis des années 60 et 70, au nom d’une certaine privatisation imposée de l’extérieur et naïvement soutenue par des économies formés à l’école de la doctrine de l’économie planifiée ;
* le bradage des ressources minières, par les cercles d’opportunistes verreux;
* le démantèlement du chemin de fer par des prédateurs inconscients dont les positions et relations équivalaient à des « TOUT-PERMIS » ou des « PASSE-DROITS »;
* le bradage de nos flottes aérienne et maritime par des accointances avec des bana-bana aux bras longs, pompeusement appelés « Opérateurs économiques »;
* le peu d’investissements dans la formation de base de la jeunesse et le perfectionnement professionnel et technique par manque de vision.
Pour la plupart des cas et presque de tous temps, les médiocres et les opportunistes ont pris la place qui revenait aux compétents et aux intègres.
Les cadres Guinéens sont les premiers coupables de notre retard.
DU POINT DE VUE CULTUREL
Notre culture a globalement reculé.
– la politique de formation est de plus en plus inarticulée  par rapport aux besoins du marché de l’emploi.
En plus, elle ne tient pas compte de la croissance démographique.
La qualité de l’enseignement baisse d’une année à l’autre ; avec des enseignants qualitativement et quantitativement limités et peu motivés.
– le monde des arts a cessé de faire valoir notre terroir et de faire rayonner la Guinée dans le monde. Il se limite hélas à la musique ou presque.
-la littérature renait avec une grande satisfaction par la témérité d’un individu qui a fait don de sa personne pour faire valoir sa passion et en faire profiter à son pays.
– les sports se résument au football qui n’a produit des résultats que dans les années 70.
L’État n’investit que dans un Syli National devenu budgétivore, sans résultats.
Des disciplines sont méconnues du public. Le cyclisme, la boxe, la lutte, l’athlétisme, ne sont que rarement initiés par des nostalgiques. Les autres disciplines fonctionnent par la grâce des Présidents de fédérations.
DU POINT DE VUE DIPLOMATIQUE
Notre diplomatie a été la plus dynamique de toute l’Afrique à des épisodes précis. Elle a été très productive en 3 phases :
– entre 1959 et 1965 (Admission à l’ONU, création et animation de l’Union Ghana-Guinée, Ghana-Guinée-Mali, du Groupe de Casablanca, de l’OUA, la présence marquée à l’OSPAA, l’OSPAAAL, au Mouvement des Non-alignés, dans la résolution des conflits en Afrique…)
– entre 1978 et 1984 (Retour dynamique aux sommets de la CEDEAO, de l’ABN, de l’OUA, la Vice-présidence de l’OCI, la gestion des crises dans le monde arabe,…)
– À partir de 2012 (Présence effective à travers le monde, dimensions plus économiques conférées à la diplomatie, Présidence de l’UA, influence dans la région,…)
C’est surtout dans la décolonisation de l’Afrique que notre pays a le plus marqué des points. Notre soutien inconditionnel aux Mouvements de libération sous toutes les formes, n’a pas d’égal dans le monde.
Cependant, notre diplomatie est restée trop longtemps politique et hésitante.
On n’a pas su tirer les avantages économiques avec certains pays qui étaient pourtant disposés à nous accompagner au début des années 60, notamment les États-Unis sous Kennedy, Israël sous Mme Golda Meir, et l’Allemagne de l’ouest.
DU POINT DE VUE POLITIQUE
nous devons être fiers d’être la première des colonies françaises de l’Afrique noire à accéder à l’indépendance. Les autres colonies ne seraient jamais indépendantes en 1960 si elles n’avaient pas été inspirées par celle de la Guinée. L’aura du Président Ahmed Sékou Touré, reçu comme le nouveau Prince du continent à la Maison Blanche et partout dans le monde a dû fouetter la conscience des leaders des autres colonies.
Les idéologies et la géostratégie de l’époque ont emmené la Guinée à faire ses choix ; ceux du Parti unique et de la Voie de Développement Non capitalisme qu’elle a assumés un quart de siècle durant.
Par la suite, et avant la conférence de la Baule, la Guinée s’est inscrite dans une dynamique libérale et multipartite, avec des fractures sociales évidentes.
Sa démocratie, mal maîtrisée parce que importée, imposée et incompatible à sa sociologie, a créé plus de problèmes sociaux que de solutions.
Dans son évolution, des facteurs endogènes et exogènes ont rendu tumultueuse la gestion de cette indépendance :
1) les velléités réelles de sabotage du jeune Etat et de renversement du régime par l’ancienne puissance coloniale qui n’a jamais pardonné le NON de Sékou Touré, prononcé avec fracas. C’est ce même ton emprunté par Patrice Lumumba qui a été fatal à ce dernier, 3 ans plus tard.
2) la violation des procédures de droit à l’endroit des compatriotes et notamment de nombreux compagnons de l’indépendance, des hauts cadres, des acteurs économiques et des officiers des forces de défense et de sécurité, présumés auteurs de complots visant à renverser le régime : 1960, 1965, 1969, 1970, 1976, 1981 et 1985.
Les exécutions sommaires et les traitements dégradants qui ont suivi, ont décrédibilisé le pays à l’étranger et créer un climat quasi-permanent de  suspicion, de peur, d’exode massif et de replis.
3) le culte de la personnalité
Le climat socio-politique qui a prévalu (la peur, la suspicion, les règlements de comptes) a constitué un terreau qui a fait germer des tares comme la démagogie, le favoritisme, l’ethnocentrisme voilé, le colportage et la médiocrité qui sont hélas devenus les nouvelles vertus de notre société.
Ceux-ci ont fortement influencé le cours de l’histoire de notre indépendance.
Ils ont institué le culte de la personnalité en initiant les tentations déviationnistes de tous ordres : Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara, Sékouba Konaté et Alpha Condé, se sont tous laisser déroutés de leurs nobles objectifs initiaux par des opportunistes. Nous avons fait croire à chacun qu’il est indispensable, qu’il est un Don de DIEU.
Le culte de la personnalité a fait de notre démocratie, une démocratie quelconque.
Ce culte de la personnalité est pire à l’intérieur des Partis politiques.
Autour des chefs d’État successifs, se sont constitués des « Batoulas », des médiocres, des extrémistes et des démagogues souvent plus nombreux, plus actifs et, hélas, plus écoutés dans le cercle du pouvoir.
4) les préjudices matériels et immatériels causés à notre pays par le mauvais usage que nous avons fait de la démocratie semblent plus grands que ceux causés par la Révolution et le parti unique.
En Guinée, la démocratie multipartite a certainement plus tué et plus détruit que la Révolution et le parti unique.
En plus de détruire, notre démocratie divise un peuple qui s’est illustré par son unité à la face du monde, 62 ans plus tôt.
EN RÉSUMÉ DE CE DÉCOR MI-FIGUE MI-RAISIN ET DE LA RÉALITÉ ACTUELLE, JE PENSE QUE NOUS AVONS UN PREMIER ET INDISPENSABLE DÉFI À RELEVER : CELUI DU RENFORCEMENT DE L’UNITÉ NATIONALE. C’EST LA PRIORITÉ DE NOS PRIORITÉS !
En ce jour anniversaire d’une indépendance fièrement et pleinement soixantenaire, si j’étais un proche du Président de la République, Mr Alpha Condé, voici ce que je l’aurais vivement conseillé de faire, dans l’immédiat :
A- La première suggestion consiste à baptiser les Avenues et Boulevards de Kaloum, les grandes artères de la banlieue et des villes de province, les centres culturels et sportifs :
a) aux noms de certaines célébrités de notre indépendance comme Yacine Diallo, Mamba Sano, Sékou Touré, Saifoulaye Diallo, Mafory Bangoura, Lansana Béavogui, Dianwadou Barry, Ibrahima Kaba, Barry Ibrahima dit Barry 3, Bangaly Camara, Ismaël Touré, Camara Loffo, Magassouba Moriba, N’Famara Keita, Abdourahmane Diallo, Jean-Faraguet, Toumany Sangaré, Naby Youla, Balla Camara, Keita Fodéba, Kassory Bangoura, Dramé Oumar, Mara Yomba, El Hadj Mamadou Fofana,…
b)- aux noms des grands commis de l’État comme Fodé Mamoudou Touré, Gnan Félix Marhos, Bana Sidibé, Karim Bangoura, Abdoulaye Ghana Diallo, Koumandian Keita, Sikhé Camara, Baldé Oumar (OERS), Karim Fofana, Baldé Ousmane, Bama Marcel Mato, Barry Samba Safé, Tibou Tounkara, Fatou Aribot, El Hadj Boubacar Biro Barry, Dr Sultan, Dr Bah (Gynécologue), Dr Diawara (Psychiatre), Abdoulaye Porthos Diallo,…
c) – aux noms des officiers comme les Généraux Noumandian Keita, Soma Kourouma, les Colonels Kaman Diaby, Mamadou Diallo, Idrissa Condé, Les Commandants Barry Siradiou, Keita Cheick, Ouo Ouo Gaspard, les Capitaines Bavogui, Kékoura Zoumanigui, Abou Soumah, Alfred Curtis, les Commissaire Aly Coumbassa, Keita Kara,…
d) –  aux noms des pionniers du monde industriel, agricole et des affaires comme Sékou Sadibou Touré, Diané Ner-à-sec, Cissé & frères, Kaba Laye, les planteurs Fodé Mangaba, El Hadj Morigbé Fofana, Aribot Soda,…
e) – aux noms des célébrités du monde des arts et des sports comme Camara Laye, William Sassine, Souleymane Chérif, Fodé Conté, Roger Goto Zomou, Sergent de Ouré-kaba, Sara de Kankan, Kémo Kouyaté, Mory Kanté, Kadé Diawara, Jeanne Macauley,..
f) – aux noms des intellectuels étrangers qui sont venus aider notre jeune Etat à se mettre debout comme Joseph Ki-zerbo, Jean-Suret Canal, Sénaïnon Behanzin, Imre Marton, Kapet Debana, Mme Yolande, Mme Maryse Condé,..
Que les autres me pardonnent. Ils sont si nombreux !
g) aux noms des résistants à la colonisation.
B- La deuxième suggestion consiste à bâtir des monuments ou des stèles dans les grandes places de nos villes, portant les photos de tout ce beau monde, individuellement ou collectivement autour du père fondateur de notre indépendance.
En mettant en œuvre ces deux propositions, le Président Alpha Condé  aura aider la Guinée à solder un compte ; celui de la reconnaissance.
Nous sommes peu respectueux et peu  reconnaissants de nos héros, de nos bienfaiteurs et de nos célébrités.
Si ces actes sont posés, ils seraient les véritables signes d’un nouveau départ pour la réconciliation et l’unité nationales.
Ce bel et historique acte sera à l’honneur du PRAC.
Si vous êtes autour ou avec le Président de la République, transmettez-lui ces suggestions que je fais pour la seconde fois.
Bonne fête à tous.
Puisse DIEU éclairer les Guinéens dans le sens de la formation, du travail et de la Concorde.
Ibrahima Jair KEITA pour GCO
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