CORRESPONDANCE PARTICULIERE : l’achat de conscience en période électorale

Cette pratique illicite de par la loi électorale est devenue la grande trouvaille de certains politiciens, qui se livrent sans état d’âme à cette violation flagrante de la loi électorale, à travers plusieurs méthodes comme : la distribution gratuite de pagnes, de riz, de billets de banque, des poses de première pierre, l’organisation de tournois de football, l’annonce de recrutements dans différents départements, etc.

Bien que condamné par le code électoral, les courtisans des dirigeants sont disposés à passer par tous les moyens pour se faire une base électorale, afin de continuer à bénéficier de la confiance et des boniments de leur patron au détriment du peuple, au vu et au su de la Commission électorale qui, prétexte souvent de ne pas avoir les moyens pour contrôler et veiller au respect des pratiques électorales recommandées par le code électoral, pour fuir ses responsabilités le plus souvent par complicité.

Pour signer avec la conscience des bonnes femmes un pacte, des milliers de mètres de pagnes leur sont gratuitement distribués, et vont s’habiller dans ces pagnes estampillés de l’effigie du candidat en question sans développer un certain amour, même si parfois, elles sont forcées par la stratégie. L’essentiel pour les vendeurs d’illusions se résume à la visibilité de leur candidat car, cela n’est pas la première étape de la fraude.

Ce recrutement est fait pour gonfler l’effectif des militants aux yeux du candidat et pour tromper l’opinion publique. Pour recruter un taxi- maître, on lui propose de l’argent, une casquette et un tee-shirt, ce qui va le fidéliser au parti, ne serait-ce que pour justifier le port de ces gadgets mais aussi les quelques litres de carburant puisés des caisses de l’État.

Dans d’autres pays africains et comme en Guinée, des éventails, des montres, des parapluies, des porte-clés, des soutiens-gorge, des caleçons même sont distribués pour acheter la conscience des électeurs. En plus, on propose aujourd’hui le transport, la collation et même une prime de participation aux jeunes cueillis dans l’oisiveté.

Les partis politiques font recours aux artistes de renom pour mobiliser. Ces derniers ont mission de composer des chansons pour vendre l’image du candidat, peu importe le rythme ou le contenu, l’essentiel est d’attirer les jeunes qui ne se préoccupent du moment que leur avenir. Telle est la mauvaise contribution de nos artistes qui, en manque de moyens acceptent de monnayer facilement leurs talents aux plus offrants, quitte à trahir la conscience populaire.

Les sages et les religieux sont souvent manipulés par les politiciens dans leur quête du pouvoir. Chaque fois qu’ils arrivent dans une circonscription, des enveloppes sont distribuées aux sages et religieux avec un message clair. Ils appellent cette pratique 《les noix de colas de salutation 》dont le partage est souvent à l’origine de querelles entre les bénéficiaires. On entend souvent dire après leur passage, des promesses telles que : « Nous allons reconstruire votre mosquée, on donne à votre mosquée des carreaux, des tapis, des bidons de peinture… » C’est de l’achat de conscience.

À l’orée des élections, on enclenche dans tous les départements des tests de recrutement en vue d’inviter les jeunes à s’organiser en mouvement pour soutenir un candidat en contrepartie d’un emploi qui, n’arrive souvent jamais. Les jeunes  appauvris par la mauvaise gouvernance avec un faible niveau d’études ou de formation pensent ainsi trouver une aubaine pour intégrer la fonction publique. Les conséquences de cette pratique est visible dans tous les départements de l’administration publique qui affiche une médiocrité avérée.

Ils ne manquent pas de stratégie, le riz et le poisson sont mis à contribution dans l’achat massif des consciences. À la veille du scrutin, les quartiers populeux et misérables sont des cibles des arnaqueurs de voix électorales. On y distribue gracieusement des sacs ou des kilos de riz et de poissons, avec un message que ceci était un déjeuner avant d’aller voter. Mais pour qui ? Pour un nécessiteux, le meilleur candidat est celui qui lui a donné du poisson, même pourri, quelques fois.

L’argent est toujours le nerf de la guerre électorale au détriment du projet de société. Des milliards sont débloqués par les politiciens et distribués par leurs comparses nuitamment. Ils établissent des listes, sur lesquelles les noms et les contacts de ceux qui s’y prêtent sont mentionnés pour recevoir le montant et, l’opération se termine par la signature d’un pacte par une  prestation de serment. Dans certains pays africains comme le Bénin, des religieux ont même été mis à contribution pour assurer cette prestation de serment.

Il faut rappeler que la garantie d’une élection est avant tout le sens de responsabilité et dignité de chaque citoyen car, des études ont prouvé que le pouvoir obtenu avec l’achat des consciences, est un pouvoir qui ne sera pas au service des citoyens; par ce que, acheté pour assouvir les intérêts particuliers d’un individu ou d’un groupe d’individus.