Contre vents et marées, les élections du 22 mars 2020 sont passées de force avec un nombre de morts, de blessés et d’incendies qui font penser à une victoire à la Pyrrhus: « Encore une victoire pareille et je suis perdu ».

Durant toute la nuit du 21 et la journée du 22, comme un pays pas totalement conquis qui se rebelle, des coups de feu ont été entendus dans presque tous les fiefs de l’opposition de la Moyenne-Guinée, de la capitale et de quelques bureaux de vote de la Guinée-Forestière. Il est important de faire remarquer que les insurrections ont touché les préfectures limitrophes (Koundara, Boké, Yomou…)

Les opérations de dépouillement et de centralisation des bulletins sont faites dans une opacité qui rappelle le système Lansana Conté. Avec ou sans la présence des journalistes, la magouille est inévitable. Ceux qui se rappellent l’élection de Bruno Bangoura à la présidence de la FEGUIFOOT, ont tout compris.

Des cris sont attendus dans ce panier de crabes, inconnus sur l’échiquier et des opportunistes. S’ils ont crié au refus catégorique d’un autre report, les revoilà qui regrettent d’être allés au casse-pipe! Le ridicule ne tue pas.

Une chose est cependant claire, pour la première fois, le RPG-Arc-en-ciel, grand parmi les « nains politiques », va gagner à une majorité écrasante. Mais que vaut une victoire dans une élection sans enjeu, organisée « par soi pour soi » ?

Même dans un tel cas, tous ses propres électeurs n’ont pas pu voter. Dans cette atmosphère de terreur, le nombre de bureaux prévus pour réduire l’éloignement a été condensé, comprimé, ce qui n’a fait qu’éloigner la majorité des électeurs de leurs lieux de vote ; ensuite l’USSEL (unité spéciale de sécurisation de l’élection) ne pouvait pas sécuriser tous les lieux de vote. Si cela était fait à dessein pour faire faire accroire à l’engouement, on est tout ouïe en direction des observateurs électoraux sur la régularité et la validité du scrutin. On aimerait les entendre aussi sur le taux de participation.

Et Maintenant ?  

L’opposition et le FNDC n’ont pas pu empêcher la tenue de l’élection, mais leurs adeptes ont fait ce qu’ils pouvaient, en dépit du nombre de morts. S’ils ont remis le scrutin en question et en cause, pourront-ils l’annuler, ou vont-ils se mordre le doigt ? Cette question se pose.

Le grabat posé était long et machiavélique. La Cour de justice de la CEDEAO, soit qu’elle a été saisie trop tardivement, soit qu’elle a laissé la requête se scratcher pour statuer le 12 mars, puis elle a fait vite le 19 mars pour doucher tous les espoirs en déclarant que le report provisoire du processus électoral n’est plus possible, puisque l’élection n’a pas eu lieu le 1er mars. Quant aux griefs portés contre les Etats de la CEDEAO, la Cour s’est déclarée incompétente.

Ce qui, terre à terre, veut dire que: « Vous aviez eu 3 semaines pour réintégrer le processus électoral, d’autant que le fichier mis en cause a été délesté de 4 millions 438 mille et quelques de fictifs ». Mais la Cour de justice semble ignorer qu’Alpha avait décidé d’aller aux élections sans ceux qui les ont boycottées, malgré les observations des missionnaires envoyés en Guinée.

Si les exhortations internationales appelant à l’organisation d’un scrutin consensuel et sans  exclusive n’étaient pas pour la forme, la Guinée verra des sanctions lui tomber dessus, mais si l’affaire reste sans suite, c’est que la Communauté internationale pense que les méthodes de l’opposition et du FNDC ne méritent pas d’être soutenues, parce que le référendum est légalement dans les prérogatives des gouvernants, pas de l’opposition. Les grands de ce monde l’ont dit sur tous les toits.

Etait-ce le leurre de Alpha Condé de les faire douter jusqu’à la dernière limite pour les induire en erreur et les pousser à la faute?

Maintenant que le RPG-arc-en-ciel est assuré d’avoir les 90% de voix à la prochaine Assemblée Nationale mono-colore, les ectoplasmes qui sont allés à ces élections n’ont aucune autre vocation que de suivre la Mouvance, si Alpha dit qu’il n’est pas candidat pour un troisième mandat devenu inutile, inodore, incolore et sans saveur, puisqu’il sera sans véritable pouvoir, qui pourrait dire ce qu’il en sera avec toutes ces tueries et ces dégâts matériels depuis le début du commencement de cette saga, de cette plainte de crime contre l’humanité à la CPI ?

Avec des Machiavels capables de toutes les combines, il ne faut pas manquer d’inspirations.

Mais comment faire pour que la Guinée retrouve la paix compromise ?

Autre chose, maintenant que les élections se sont tenues en faisant fi de la domination mondiale de Coronavirus, que se passerait si la maladie prenait son envol maintenant ? La question se pose, puisque beaucoup ont vu Alpha, qui ne voulait toucher à rien, était bien agacé que son bulletin de vote ne voulait pas descendre dans l’urne.

Toute la question est là !

 

Moïse SIDIBE pour GCO

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