Ils étaient tous de l’opposition républicaine, qu’ils  ont à un moment donné qualifié de radicale. Ils étaient aussi membres du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) qui sera trop violent, pour pouvoir à quelques mois des législatives du 22 mars, couplées du référendum redouté; alors ils ont tous trouvé à l’époque un alibi politique, pour participer aux élections législatives donc, cautionner le référendum, même s’il diront plus tard, ne pas être favorables au référendum avec une certaine lâcheté politique.
Ces partis politiques constitués en opposition parlementaire siégeant à l’Assemblée nationale et, jusque-là appréciés comme des partis politiques disposés à travailler avec le locataire de Sèkhoutouréya, viennent de lui dire la vérité en face, en faisant une déclaration dans ce sens.
Mettre la pression sur Sèkhoutouréya 
Mais, il ne faudrait pas être dupe, car ces partis politiques s’ils sont aujourd’hui au parlement, c’est bien parce qu’ils avaient trahi leurs pairs de l’opposition républicaine et du Front national pour la défense de la constitution.
Tout d’abord, l’opposition dite parlementaire dans sa déclaration laisse entrevoir une organisation encore en quête de légitimité : « Insistent sur le respect de la loi portant chef de file de l’opposition parlementaire, avec toutes les prérogatives liées au statut de l’Honorable Elhadj Mamadou SYLLA, de l’Alliance Patriotique. » Cette partie de la déclaration, à analyser de près, semble être l’essentiel du discours.
Cette déclaration n’est-elle pas une manière de mettre la pression sur Sèkhoutouréya afin d’obtenir la reconnaissance du statut de chef de file de l’opposition au président de l’alliance dite patriotique ? Tout laisse à le croire ! Les partis politiques regroupés dans l’alliance politique se disent solidaires des revendications sociales et demandent la libération des membres du FNDC, arrêtés arbitrairement, alors qu’il y a quelques mois ces mêmes partis qualifiaient ces derniers d’organisation criminelle!
Pourquoi le revirement spontané de ces partis politiques ?
Est-ce pas encore un stratagème pour se jouer de l’opposition républicaine de nouveau ? Les députés opposants disent ne pas être favorables à un troisième mandat parce que le peuple n’en veut pas : « Les Partis Politiques de l’opposition parlementaire guinéenne, expriment à travers ce mémorandum, leur désapprobation totale, face à une éventuelle candidature du Président Alpha CONDE. »
Alors pourquoi ont-ils participé aux élections législatives qui ont été couplées à la dernière minute au référendum ? Se retirer à l’époque du processus n’était-il pas la meilleure façon de désapprouver le troisième mandat ?
Ces questions hantent bon nombre de citoyens qui ont du mal à comprendre la démarche de l’alliance patriotique dirigée par Honorable Mamadou Sylla, président du l’UDG qui, peine à jouir pleinement du statut de chef de file de l’opposition.
La démarche perfide à certains égards se confirme entre les lignes de la déclaration. L’alliance patriotique reconnaît que juridiquement le troisième mandat serait acceptable ou du moins défendable. Alors pourquoi désapprouve t – elle la volonté d’Alpha Condé à briguer un troisième mandat ? Elle se devait honnêtement reconnaître la conséquence de sa participation aux élections législatives. Car, c’est le résultat du référendum qu’ils ont cautionné qui rendrait juridiquement défendable le troisième mandat.
Mais de qui se moque t – ils ?
Ces politiciens font sans doute une lecture erronée de la situation sociopolitique du pays : « Apportent leur entière solidarité aux revendications sociales et citoyennes portées ces derniers jours par les populations guinéennes dans leur légitime combat pour un mieux-être social. » Mais, n’est-ce pas tardif de reconnaître la revendication citoyenne qu’ils ont désapprouvés et qualifié de rébellion pour participer aux élections ? Ne pensaient-ils pas à être à la mangeoire pour participer aux élections ?
Bon nombre de citoyens sont unanimes là-dessus, parce que rien ne peut mieux expliquer le revirement de ces partis à la veille des élections législatives du 22 mars. Ils disent  regretter les arrestations arbitraires mais, pourquoi c’est maintenant et après avoir revendiqué la reconnaissance du statut de chef de file de l’opposition ?
C’est inconcevable de la part de ces députés et, pire, ils n’ont pas dénoncé les tueries de manifestants, les bastonnades et arrestations arbitraires à l’Assemblée mais à travers une déclaration : « Regrettent les arrestations arbitraires des membres du FNDC, ainsi que les personnes arrêtées en marge des manifestations, et exigent leur libération inconditionnelle et immédiate. »
Une opération de drague politique
Cette déclaration dans le contexte actuel est une duperie intellectuelle de haute ingéniosité. Ses auteurs désapprouvent le troisième mandat mais réclament des élections sécurisées, sans définir leur position au cas où, Alpha Condé se portait candidat. C’est une déclaration, de ce point de vue, ne cherche qu’à rapprocher l’alliance patriotique du peuple bref, une véritable opération de « drague politique » ou  de séduction populaire.
Et comme le ridicule ne tue pas, l’alliance patriotique dénonce des irrégularités lors des législatives, alors qu’elle est le fruit de ces élections. Espérait-elle mieux ? Cette déclaration ne donnerait-elle pas raison à ceux disent que les sièges ont été distribués et n’ont obtenus ? En tout cas ça donne à réfléchir !
Il faut signaler que cette déclaration, même si ses auteurs veulent lui donner un sens de choix politique, on y voit l’autre volonté qui n’est pas de s’aligner sur la logique du FNDC. L’alliance patriotique cherche à obtenir le statut de chef de file de l’opposition et la restauration d’une légitimité, déjà tronquée par son choix de prendre part aux élections du 22 mars.
Bokhidi KENDE pour GCO
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