Je pense qu’il ne faut pas entrer dans ce schéma binaire : traitre / patriote . C’est celui de ceux qui ne veulent pas offrir de perspectives fructueuses à la naissance d’un débat posé , respectueux et sérieux sur l’histoire de la Guinée.
Diallo Telly fait partie des serviteurs dévoués de la Révolution Guinéenne. Il a contribué à la maintenir voire à huiler le système . Quand l’OUA a voté la résolution condamnant le Portugal fasciste et exigeant une sanction extrême pour les complices , qui était à la tête de l’organisation continentale ?
De 1963 à 1975 , il y a eu sans doute violations des droits humains en Guinée. Existe – il une trace d’indignation de Diallo Telly en tant que secrétaire général de l’OUA? Avait- il invité les États à prendre des mesures ou à voter une résolution invitant l’État guinéen à faire respecter les droits humains et à garantir un procès juste et équitable aux détenus  ? Quand il est rentré volontairement en Guinée , ne savait- il pas comment le système fonctionnait ? Achkar Marof , Fodeba Keita , Baïdy Gueye , etc…avaient ils bénéficié d’un procès juste et équitable selon lui ? Homme de droit , bien cultivé , maitrisant parfaitement la situation guinéenne,  il est rentré quand même en étant MINISTRE  DE  LA JUSTICE durant 4 ans.1959 Guinea President Sekou Toure, Ambassador Telli Diallo Press ...
On ne peut pas dissocier l’homme du bilan de la Révolution. Il est coresponsable , comme beaucoup , des victoires et des dérives du PDG . Il faut qu’on accepte cette vérité. La Révolution , partout dans le monde , mange ses propres fils qui la fabriquent. Ainsi , avant de finir dans les geôles , certains ont été aussi des acteurs de la perte de leurs camarades. Ce n’est pas spécifique à la Guinée ( Révolutions française , bolchevique , maoïste etc…).
Quant à Sékou Touré , comment avait- il pu accorder son pardon aux pires ennemis de l’indépendance guinéenne (Jacques Foccart en premier) , sans avoir eu la même clémence avec ses frères de lutte qu’il accusait d’avoir fauté  ? Remarque qui avait été faite par le professeur Kobélé aussi .  Après les réconciliations survenues entre 1976 et 1978 , on peut se dire clairement , non sans regret , que certains  cadres de l’État et  compagnons de l’indépendance sont morts pour ne rien dans le fourgon des complots vrais et supposés . La tragédie, c’est qu’ils sont morts  sans procès justes et équitables , sans respect de leur présomption d’innocence .
J’éviterai tout de même de faire un raisonnement téléologique ou de sombrer dans certains écueils épistémologiques car  la politique africaine non plus  n’était pas un monde de bisounours à cette époque de guerre froide , de luttes de décolonisation et de coups d’État violents.
Par Dramane DIAWARA