Un conflit oppose la RDC et la Zambie au sujet du village Kibanwa. Situé non loin du lac Tanganyika à l’Est de la République démocratique du Congo, à la frontière avec la Zambie, le village est à l’origine des affrontements entre les armées des deux pays. La situation a interpellé le président en exercice de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL), le congolais, Denis Sassou-N’Guesso. Sa médiation entre ces deux pays frères a-t-elle les chances d’aboutir à un règlement pacifique de ce conflit naissant ?

Les médias annonçaient au moins deux morts « lors des combats entre des militaires congolais et zambiens dans la nuit du 15 au 16 mars ». Cette poussée de fièvre à la frontière entre ces deux pays a éveillé en Denis Sassou-N’Guesso, sa fibre de médiateur. C’est ainsi que le chef de l’Etat congolais, par ailleurs, président en exercice de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL) a dépêché son ministre des affaires étrangères à Kinshasa, Harare et Lusaka. Dans ces trois capitales, l’initiative du président congolais a reçu un écho favorable.

L’expérience, un atout majeur

En Afrique, écrivait en janvier dernier lapresse.tn, un site tunisien, « Denis Sassou-Nguesso est l’équivalent du feu Sultan Qabous au Moyen-Orient : un fin médiateur et porte-drapeau d’une politique étrangère privilégiant la neutralité ». Cette neutralité dans la médiation est le fruit d’une expérience dans un domaine aussi glissant que celui de la diplomatie. En effet, le chef de l’Etat congolais est surtout un homme méticuleux et patient dans la conduite des négociations diplomatiques, visant à ramener la paix entre pays frères ou entre compatriotes.

On l’a vu à l’œuvre en RCA, pour ne citer que ce cas. Dès qu’il a bénéficié de la confiance de ses pairs africains et de la communauté internationale qui ont fait de lui, le médiateur international dans la crise qui a secoué ce pays de 2013 à 2017. Il y a réussi à faire asseoir les frères ennemis sur la même table, d’abord à Brazzaville à l’occasion du forum pour la paix en Centrafrique, en juillet 2014. La seconde phase de ce forum s’est tenu sous son égide en mai 2015 à Bangui. Ces deux rendez-vous, fruits de longues et difficiles tractations, ont ouvert la voie à la tenue des élections de 2016 qui ont porté le président Faustin Archanges Touadera à la tête du pays. Certes, il serait exagéré d’affirmer que la RCA est totalement en paix, aujourd’hui. Mais, la dimension ethnique et religieuse que prenait cette crise n’est plus la même, à ce jour. Pour un pays qui a presque touché le fond de l’abîme, pendant environ quatre ans, il va de soi que l’on n’aurait pas arrêté cette crise multidimensionnelle comme on aurait arrêté un match de football.

La connaissance des hommes

Dans la quête pour un retour à la paix, la connaissance qu’il a des acteurs permet à Denis Sassou-NGuesso de contacter tous ceux qui sont impliqués dans le conflit. Il a démontré cette expérience, pendant son rôle en Libye. Président du comité de haut niveau de l’Union africaine sur ce pays, le président de la République du Congo a multiplié des contacts avec les membres du Haut conseil des villes et tribus libyennes, avec l’Algérie, l’Egypte et les pays voisins à la Libye. Il a rencontré les deux frères ennemis libyens : le général Khalifa Haftar et Fayez el-Sarraj. Cela est le signe de l’écoute, une qualité majeure d’un médiateur.

La nouvelle démarche qu’il vient de prendre dans l’optique d’arrêter l’escalade de la violence entre la RDC et la Zambie devrait aussi s’appuyer sur la connaissance des acteurs en présence aussi bien au sein de la SADC qu’au niveau de la CIRGL.

En effet, entre Brazzaville et Lusaka, les relations ne souffrent d’aucune ombre. La présence à Brazzaville, en décembre 2018, du président Edgard Lungu en est une preuve. Il en est, de-même, des relations entre Kinshasa et Brazzaville, deux capitales voisines qui ont toujours œuvré pour le renforcement de la coopération entre les deux Congo. Le processus électoral en RDC, avec l’élection du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a abouti en douceur avec l’implication de Denis Sassou-N’Guesso, à la demande des autorités de la RDC. Tels sont les éléments de confiance qui militent en faveur du succès de l’engagement de Denis Sassou-N’Guesso à résoudre pacifiquement, le conflit frontalier entre la RDC et la Zambie.

Le contexte du coronavirus

Tous les pays du monde sont confrontés actuellement à une crise sanitaire sans précédent : la pandémie de Covid-19 qui a mis à genou les économies du monde. L’Afrique n’a pas échappé aux désastres causés par cette maladie dont les effets touchent tous les secteurs dans les pays, dont ceux de l’Afrique. La lutte acharnée contre la propagation effrénée de ce virus très mortel est actuellement, une priorité pour tous les dirigeants.

Dans ce contexte, la crise frontalière dans la sous-région en est simplement une de trop. En effet, les dirigeants de la RDC et de la Zambie comprendront – s’ils ne l’ont pas déjà compris – que dans un contexte où les économies africaines, déjà fragiles, ont subi un choc brutal, il est inadmissible d’ajouter au drame sanitaire, un drame humanitaire qui sera la conséquence d’un éventuel conflit armé.Miniature de pièce jointe

En somme, la démarche engagée par le président en exercice de la CIRGL entre les deux pays membres est une contribution pour un règlement pacifique de leur différend frontalier. Le développement économique des pays africains au bénéfice des populations devrait être un motif suffisamment pertinent, pour qu’aucun pays n’oppose un conflit fratricide à un autre. C’est pourquoi, en dépit des barrières imposées aux Etats par la pandémie de Covid-19, le président Denis Sassou-N’Guesso a fait un effort de dépassement pour voler au secours des pays frères. L’écho favorable qu’a reçu la démarche de Denis Sassou-N’Guesso dans les trois capitales visitées par le ministre congolais des affaires étrangères, l’expérience du chef de l’Etat congolais doublée de sa connaissance des acteurs en présence et la sensibilité des dirigeants face aux effets néfastes de la pandémie de Covid-19, constituent autant d’éléments pouvant permettre d’espérer que le chef de l’Etat congolais réussira à faire fumer le calumet de la paix à la RDC et à la Zambie.

MIATOLOKA Boryce Agapyth pour GCO
Correspondant particulier de GCO au Congo B
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