C’est incroyable mais vrai ! À l’intérieur du pays, l’état d’urgence n’est pas à l’ordre du jour. À voir le spectacle qu’offrent les marchés hebdomadaires et les cérémonies célébrées, on n’a l’impression d’être dans les années 90. Mis à part l’eau chlorée et quelques prises de température faites en vrac par endroits, rien ne montre qu’on n’est dans un état d’urgence.
Le plus surprenant est le fait que les habitants de ces endroits considèrent la pandémie comme une malédiction destinée aux nantis et, exclusivement aux nantis vivants dans la capitale! Cette conception montre que les autorités déconcentrées et locales ne se bougent pas pour sensibiliser plus activement les citoyens en majorité analphabètes :  » Chez nous ici y’a pas cette maladie ! »Ce sont les Conakrykae qui sont concernés pas nous! Êtes-vous venus de Conakry ? Parce que on veut pas vous voir ici avec votre maladie », déclare une vieille dame avec son enfant au dos dans la foule. Voilà leur état d’esprit et, ils y croient fermement.!
La pandémie ne risque-t-elle pas surprendre de l’intérieur l’État guinéen dans sa riposte ? Tout porte à le croire car, des contacts se sont volatilisés ou échappés aux mailles des filets de l’ANSS. Où sont-ils allés ? Sans nul doute à l’intérieur du pays où un laisser aller sans équivoque est persistant. La contagion communautaire, on ne le souhaite pas, est la situation redoutable qu’il faut éviter à tout prix car, en milieu communautaire l’état d’esprit, les traditions et les us sont des facteurs incontrôlables dans les zones rurales.
Dans ce marché hebdomadaire de Kolya Lambanyi, une sous-préfecture de Boffa par exemple, les marchands et leurs clients sont sans bavettes et, la distanciation sociale est foulée au sol au vu et au su des administrateurs territoriaux : « Serrez les mains des gens, chez nous, on se serre les mains et on croit en Dieu, parce que c’est lui seul qui peut nous protéger », a renchéri frustré un quinquagénaire à qui notre équipe a refusé de serrer la main par précaution en cette période de pandémie.
L’inefficacité des structures qui gèrent cette crise est palpable, du moins pour ce qui est de certaines localités de l’intérieur du pays. Le pays ne se limite pas aux cinq communes de la capitale.
Bokhidi KENDE pour GCO
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