Le contrat de concession du terminal à quai du port autonome de Conakry à la société turque Albayrak continue à faire courir de l’encre et de la salive mais surtout à nourrir l’angoisse des travailleurs sur des éventualités de licenciements. La contestation toujours aussi vivace ne faiblit pas. Mardi dernier, pour la première fois depuis le début de la crise, la directrice du port et son adjointe, étaient face aux syndicalistes grévistes et les travailleurs.

Dans une tentative de justification de la signature dudit contrat, la directrice générale et son adjointe se sont donnés en spectacle, un spectacle qui frise le ridicule. Poussées à bout et sous la pression menaçante des grévistes, les deux dames responsables du port se sont rejetées la responsabilité de la signature du contrat de bail avec les Turques.

« En allant signer le contrat quand le ministre m’a donné l’heure (de signature) même pas une heure après, il me dit venez, vous allez signer le contrat. Il me dit viens avec ton adjointe. Je l’ai appelée, nous sommes venues, on est allé à deux…..y’a pas eu de discussions entre nous, nous sommes allées, nous avons signé….moi comme je suis la directrice j’ai signé…. elle, elle a cacheté! Donc c’est nous deux qui avons signé le contrat….. s’ils disent qu’il y a autres choses, moi je dirais que ce n’est pas vrai parce que c’est nous deux qui avons signé le contrat…..et à aucun moment elle ne m’a dit faut pas signer… » s’est justifiée Hawa Keita, directrice générale du port sous la pression des grévistes.

Un argumentaire qui laisse transparaître la pression invivable que la dame subit de part et d’autre depuis la signature, et qui semble visiblement prête désormais à sacrifier son poste.

Devant les médias et les caméras des journalistes, les deux dames se renvoient la responsabilité de la signature du contrat. Si la directrice générale reconnait avoir signé sans cacheter, avec l’accord de son adjointe, Mama Aissata Aribot, directrice générale adjointe qui, elle s’est contentée de cacheter a réfuté la version de sa directrice en rétorquant le principe de subordination qui l’oblige, selon elle, à obéir aux ordres de sa cheffe hiérarchique.

« Le ministre nous a convoquées pour la signature du contrat à 15h, j’ai regardé l’heure, il était midi en ce moment. J’ai suggéré à la directrice qu’on appelle les directeurs, elle s’y est opposée. A 15h, la directrice nous a alertées avec sa secrétaire pour qu’on aille à la signature au ministère, mais les autres directeurs n’étaient pas au courant, nous sommes sorties à deux pour aller au département, arrivées là-bas…….donc sachez avant tout d’abord que madame est l’ordonnatrice principale ici au port. Vous tous vous le savez, tous les contrats qui engagent le port c’est elle qui signe, lorsque nous sommes arrivées au département le ministre nous a invitées à nous asseoir, elle avait son cachet et son bic. Elle a signé ensuite je lui ai dit de me remettre pour que je cachette et j’ai cacheté! Mais normalement c’est elle qui en principe doit cacheter mais comme moi c’est ma sœur, tout ce qu’elle me dit de faire je suis obligée de le faire comme tel….. » rétorque Dame Aribot.

À peine celle-ci a fini ses justificatifs que la directrice principale s’est inscrite en faux. C’est sur cette ambiance de « vérités »,  de « contre-vérités » et de cacophonie générale que s’est déroulé le tête à tête entre les travailleurs grévistes du port et la direction générale du port.

Mamadou Aliou DIALLO pour GCO

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