Chers lecteurs nous vous présentons une reproduction d’un article d’Émeline Ferard
sur notre capacité à mémoriser. Bonne Lecture.

Selon une étude menée par des scientifiques néerlandais, n’importe qui pourrait
améliorer sa mémoire en l’espace de 40 jours en réalisant un entrainement de 30
minutes par jour seulement.
Vous avez souvent du mal à vous rappeler votre liste de courses ? Ou le prénom
d’une personne ? Gardez espoir, tout n’est pas perdu. Un simple entrainement pourrait
vous permettre d’acquérir une super-mémoire, le tout en moins de deux mois. C’est
du moins ce qu’affirme une nouvelle étude publiée dans la revue Neuron par une équipe
néerlandaise.
Ces scientifiques du Centre médical de l’Université Radboud de Nimègue expliquent
en effet avoir permis à des sujets de doubler la capacité de leur mémoire en 40 jours
grâce à une technique innovante. Des performances qui auraient perduré sur le long
terme même sans entrainement.
Un cerveau pas si différent Pour en arriver là, les chercheurs se sont intéressés à 23 participants des World Memory Championships, un championnat international au cours duquel les compétiteurs doivent mémoriser le plus d’informations possible en un laps de temps donné. Certains sont ainsi capables de retenir quelque 500 chiffres et des centaines de mots en cinq minutes seulement.

L’étude a consisté à examiner le cerveau de ces 23 athlètes et de 23 autres personnes
présentant des caractéristiques similaires (âge, état de santé, intelligence) mais des capacités mémorielles moyennes. En pratique, les chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) afin de comparer en détails l’anatomie cérébrale des différents sujets.

Ils s’attendaient en effet à ce que les champions de la mémoire présentent des
différences notables au niveau de l’anatomie de leur cerveau, de la même façon que des
bodybuildeurs peuvent avoir de plus gros muscles. Sauf que l’IRMf n’a permis de mettre
en évidence aucune particularité chez ces sujets. Du moins au niveau de l’anatomie.
En s’intéressant à la connectivité cérébrale, en revanche, les scientifiques ont révélé des différences notables. Ils ont découvert que les athlètes de la mémoire présentaient des
schémas particuliers sur quelque 2.500 connexions différentes au sein de leur cerveau.

Parmi elles, ils ont identifié un ensemble de 25 connexions qui paraissaient les plus différenciées.
Le «palais de la mémoire» Cette découverte suggère que chez ces athlètes, les régions du cerveau fonctionneraient ensemble de façon différente que chez les autres. Surtout, elle
suggère que cette particularité ne serait pas forcément innée. «Tous ces athlètes, sans exception, se sont entrainés pendant des mois et des années en utilisant des stratégies mnémotechniques pour aboutir à des niveaux élevés de performances», explique Martin
Dresler, principal auteur de l’étude.

La connectivité cérébrale étant reconnue comme hautement flexible, les scientifiques ont tenté une expérience en recrutant 51 individus similaires aux athlètes testés mais avec des capacités mémorielles classiques et n’ayant jamais entrainé leur mémoire. Ces sujets ont été divisés en trois groupes : deux avec entrainement et un sans pour servir de témoin. Le cerveau de chacun d’entre eux a été scanné avant et après l’expérience.

Deux méthodes différentes ont été utilisées : la première entrainait la mémoire à court terme en demandant aux individus de retenir des séquences, un peu comme le jeu consistant à apparier des cartes portant des images identiques.

La seconde consistait elle, à entrainer la mémoire de façon stratégique en d o n n a n t
un moyen aux participants de mémoriser des listes.

Pour cette étude, Dresler a choisi d’utiliser la méthode des loci, également appelé «palais de la mémoire». Celle-ci consiste à associer chaque item présent sur la liste avec un lieu connu. Les individus testés naviguent alors à travers ces lieux tout en se remémorant la liste.
Des résultats prometteurs 40 jours après le début de l’expérience à raison de 30 minutes d’entrainement quotidien, les résultats se sont avérés prometteurs.
Les sujets entrainés avec la méthode des loci ont montré une amélioration substantielle
de leur capacité à se souvenir de mots. Ils sont passés d’une moyenne de 26 mots avant l’expérience à un moyenne de 62 mots après sur une liste de 72.
Les participants qui avaient entrainé leur mémoire à court terme ont eux, réussi à retenir
11 mots de plus, tandis que les sujets non entraînés n’ont mémorisé que sept mots supplémentaires.
Mieux, ces performances ont perduré dans le temps. Quatre mois après, les premiers sujets (de la méthode de loci) ont continué à montrer une mémoire améliorée, parvenant encore à retenir 22 mots de plus.
«Après entrainement, nous avons constaté une performance nettement augmentée avec les tests de mémoire», résume dans un communiqué, Martin Dresler. «Une fois que vous êtes familier avec ces stratégies et savez comment les appliquer, vous pouvez maintenir
votre performance sans entrainement supplémentaire». Mais cette amélioration ne s’est pas uniquement traduite par un changement comportemental.

Après entrainement, les scanners cérébraux de ce même groupe ont montré des motifs de connexions ressemblant davantage à ceux des champions qu’à ceux observés avant l’expérience. Des résultats qui suggèrent qu’il serait bel et bien possible d’améliorer sa mémoire grâce à certaines méthodes.

Des études à poursuivre Cependant, il est important de noter que l’étude n’en est qu’à un stade préliminaire et a été menée sur un échantillon limité de personnes. D’ailleurs, les scientifiques commencent tout juste à comprendre comme la mémoire fonctionne au sein même de notre cerveau. D’autres études sont donc nécessaires pour confirmer et découvrir comment une méthode mnémotechnique peut modifier la connectivité du cerveau.

Dans cet objectif, Martin Dresler et ses collègues ont commencé à étudier plus en détails et notamment localiser les 25 connexions les plus différenciées entre les athlètes de lamémoire et les autres individus. Ils espèrent ainsi en apprendre davantage sur leurs caractéristiques et la façon dont elles affectent la mémoire.

Par Émeline Ferard /Maxiscience
Source : https://www.maxisciences.com/memoire/
ameliorer-sa-memoire-en-moins-de-deux-mois-ce-serait-possible-d-apres-une-etude