Celui qui, jusqu’à un passé récent n’était que le vice-président du syndicat libre des enseignants de Guinée (SLECG) est en passe de devenir, en seulement l’espace de quelques mois, une figure emblématique de la lutte syndicale en Guinée.

Ironie du sort, ceux qui ont écrit l’histoire du syndicalisme ou qui ont succédé aux fondateurs du mouvement syndical guinéen, semblent par les mêmes circonstances, sortir par la petite porte de l’histoire, à cause de l’intransigeance, de la détermination et de la résolution de vaincre d’une nouvelle génération, incarnée par l’intrépide Aboubacar Soumah.

Au même titre que nos politiques versatiles, la vieille garde syndicale s’est laissée embourber dans le jeu du pouvoir, manipulée, manipulable à souhait et amenée à défendre des intérêts égoïstes au détriment du prolétariat.

Pour la défense des intérêts des travailleurs

Après avoir été à l’avant-garde de la révolution populaire de janvier et février 2007, l’ancienne génération de syndicalistes,  semble désormais plutôt encline aux compromis et aux compromissions qu’à la confrontation, pour la défense des intérêts des travailleurs. De ce fait, ils sont accusés à tort ou à raison, dans l’opinion ou par la presse, d’être proches du pouvoir, précipités de leurs piédestaux, ils sont relégués au banc de la trahison.

La nouvelle figure du combat syndical en Guinée se nomme Aboubacar Soumah. Taxé par le président Alpha Condé de « rebelle » au départ, à cause de l’intransigeance de ses positions et ses prises de paroles tranchées sur la question des conditions de vie des travailleurs, Il n’a point cédé. Face au pouvoir qui a misé sur l’usure et l’essoufflement, avec parfois des tactiques consistant à maintenir un climat de crise de leadership pour affaiblir le Syndicat enseignant, rien n’y fait. Contre vents et marées, Soumah et compagnies ont tenu et sont en train de gagner leurs lettres de noblesse dans le combat syndical.

Il aura inscrit son nom

Sa victoire est désormais celle de la légitimité de la base, de la légitimité des institutions internationales, de la légitimité officielle, car, reçu à la présidence de la république avec tous les honneurs. Au-delà, si les revendications nobles qu’l porte, au nom du prolétariat, venaient à aboutir à une satisfaction, il aura inscrit son nom dans les annales de l’histoire du syndicalisme de ce pays, car l’enjeu qui est la revalorisation du point d’indice salarial et le rehaussement du salaire minimum de base, est capital pour l’avenir de l’enseignement en Guinée.

Dans un pays où le législatif, le judiciaire et l’exécutif se confondent parfois, dans un pays où les acteurs de la société civile et une majorité du mouvement syndical, à l’agonie, courent derrière des cadres corrompus pour arrondir la fin du mois, l’espoir est permis parce qu’il y a encore des hommes de conviction dans ce pays.

Ceci est une belle leçon pour les politiciens guinéens dont les convictions et les idéaux changent au gré et à l’humeur du mieux offrant. Hélas!

Mamadou Aliou DIALLO pour GCO

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